Le patron d'Ota a fait remarquer que le succès qu'il a rencontré en Algérie a suscité des réactions négatives qui n'ont rien d'exceptionnel dans le monde des affaires où tous les coups sont permis. «Djezzy n'est pas à vendre!» C'est par cette phrase aux allures de sentence que M.Sawiris a débuté sa conférence de presse accordée, mercredi dernier, aux représentants de la presse algérienne, invités pour l'occasion au siège du groupe dans la capitale égyptienne. Il entendait répondre par là à ce qu'il qualifie de «campagne d'intox» dirigée contre son groupe. Certaines informations, en effet, ont circulé, faisant état de son retrait du marché algérien. Des informations qui, prenant appui sur son entrée dans le capital du groupe Lafarge, ont tenté d'accréditer la thèse d'une vente d'Orascom Telecom Algérie-Djezzy. Le nom de France-Télécom a même été avancé comme étant le bénéficiaire de cette vente. On savait déjà qu'il n'en était rien puisque le groupe français avait, bien avant, démenti l'information, mais Sawiris a tenu, en plus, à mettre lui-même les choses au point. Pour mieux appuyer ses propos, il rappelle qu'au cours de l'appel d'offres qui s'est déroulé dans la plus totale transparence, «nous avons acquis la licence au double du prix proposé par l'offre de France Télécom, c'est-à-dire 700 millions de dollars». Le patron du groupe égyptien a également rappelé, à cette occasion, les conditions difficiles à l'époque où, malgré le climat sécuritaire défavorable, il n'avait pas hésité à venir s'installer en Algérie pour contribuer au prodigieux développement de la téléphonie mobile dans le pays. Beaucoup l'avaient traité d'aventurier et lui prédisaient un cuisant échec. Mais c'était mal connaître cet homme de défi. C'était en 2002. Aujourd'hui, six années après, Djezzy représente un investissement global de plus de 4 milliards de dollars, c'est aussi une grande contribution à la création d'emplois avec un effectif totalisant 3900 personnes et c'est également un réseau qui couvre 96% de la population, sans compter ses 333 partenaires roaming répartis dans 137 pays. Ces quelques données, parmi d'autres, permettent de se faire une meilleure idée de l'engagement du groupe Orascom en Algérie. Un tel engagement qui «ne peut être fait que pour durer» selon l'orateur. D'ailleurs, le groupe égyptien a d'autres projets en cours dans notre pays notamment, «la création d'un institut, à but non lucratif et en collaboration avec les autorités de tutelle, totalement dédié aux télécommunications et aux nouvelles technologies. Il accueillera les étudiants algériens qui se formeront et perfectionneront leurs connaissances au contact d'éminents professeurs exerçant au sein de grandes sociétés associées d'Orascom». Il est d'ailleurs prévu à ce sujet une conférence de presse à Alger que tiendra M.Tamer El Mahdi, directeur général de Djezzy-Algérie dans les jours qui viennent. Mais pour revenir à l'investissement dans la téléphonie mobile dans notre pays, M.Sawiris a fait remarquer que le succès qu'il a rencontré en Algérie et que nul ne peut contester, a suscité des réactions négatives qui n'ont rien d'exceptionnel dans le monde des affaires où tous les coups sont permis. Surtout quand on est un homme d'affaires arabe, comme lui, et qui, plus est, réussit dans les technologies de pointe. Son groupe subit actuellement les mêmes attaques depuis qu'il a obtenu une licence au Canada. En Occident, les géants du secteur ne peuvent pas rester les bras croisés devant un Arabe qui vient les concurrencer et surtout réussit ses opérations. M.Sawiris a, cependant, tenu à préciser que les affaires n'ont rien à voir avec l'origine des investisseurs et le choix du pays où ils décident d'investir. Les affaires doivent immanquablement déboucher sur des profits. Ce qui est le cas en Algérie. Pour lui, «la réussite de Djezzy est la meilleure preuve de la réussite des IDE en Algérie. Une telle situation incite les autres investisseurs à venir dans ce pays». En contrepartie, M.Sawiris reconnaît «haut et fort que la réussite de ce groupe a été boostée par la réussite de Djezzy en Algérie. Cela nous a permis d'entrer dans le cercle des grands. La réussite de Djezzy n'a jamais été égalée ailleurs par Orascom». Il souligne aussi que «tous les engagements signés ont été respectés par les autorités algériennes. C'est l'un des rares pays où les choses se sont déroulées sans entraves». Abordant l'opération d'identification des puces anonymes qui s'est déroulée en Algérie, le patron du groupe égyptien révèle qu'à cette occasion, «Djezzy a perdu des abonnés mais, a-t-il dit, je préfère en perdre un que d'accepter que mon réseau soit utilisé par des gens qui veulent nuire à l'Algérie». De son point de vue, le marché algérien de la téléphonie a encore de beaux jours devant lui. Il n'est actuellement pourvu qu'à 60%, estime-t-il. Et d'annoncer: «Je vais augmenter mes investissements en Algérie et Orascom sera encore là dans dix ans, dans vingt ans...»