MTN et OTA comptaient sur la visite de Jacob Zuma en Algérie pour plaider leur cause auprès du Président Bouteflika. Orascom Telecom Holding entre officiellement en négociations avec le gouvernement algérien pour la vente de sa filiale Djezzy. Après plusieurs mois de suspense, Naguib Sawiris, le patron de le firme égyptienne, a fini par dévoiler ses intentions. Il annonce «avoir pris attache officiellement jeudi avec le gouvernement algérien pour lui dévoiler son intention de vendre Djezzy, et cela dans le cas où l'Etat algérien serait toujours intéressé par sa reprise». Sawiris affirme au quotidien égyptien El Youm e-Sabaâ, que cette démarche intervient suite aux déclarations du ministre algérien des Finances mercredi au Sénat. Karim Djoudi affirmait qu'«Orascom n'avait pas encore affiché publiquement son intention de vendre son capital en Algérie». Mais force est de constater que la sortie de M.Sawiris intervient au lendemain de la visite du président de l'Afrique du Sud en Algérie, M.Jacob Zuma. Le périple du dernier espoir pour l'opérateur égyptien et MTN, la firme sud-africaine intéressée par la reprise de Djezzy. Les entretiens tenus entre les officiels égyptiens et leurs homologues sud-africains ont permis aux deux parties de clore un épisode qui aura duré plusieurs mois, et qui a suscité des polémiques. La déclaration la plus tranchante est venue du ministre des Affaires étrangères M.Mourad Medelci, qui a affirmé qu´«il est à présent admis que s'agissant d'Orascom, la page est tournée avec l'Afrique du Sud». C'est par ces termes que Mourad Médelci a assouvi la curiosité des journalistes sur le sort de Djezzy et l'intérêt que lui porte le groupe sud-africain MTN. Et d'ajouter: «Je voudrais vous rassurer que ma collègue et moi, Mme Maite Nkoana Mashabane, avons abordé ce sujet dans un climat très positif et de grande sérénité.» Cette fermeté des autorités algérienne a amené le premier patron d'Orascom à revoir ses cartes et à contacter le gouvernement pour amorcer les négociations sur la vente de Djezzy. Des informations parues dans la presse ont fait état d'une première évaluation financière faite par la partie égyptienne. 7 milliards de dollars, c'est ce que propose le patron d'Orascom pour céder sa boîte. Mais, selon des sources au fait du dossier, le gouvernement n'est pas prêt à payer cette somme. Il fera dans ce sens appel à des experts pour faire une contre-évaluation. Les négociations s'annoncent très rudes entre les deux parties. Rappelons que les péripéties de «ce conflit» remontent au mois de novembre dernier. Précisément, le 18 du mois. Etonnante coïncidence, le groupe égyptien Orascom Telecom a annoncé, ce jour-là qui coïncidait avec le match barrage pour le compte des éliminatoires de qualification en Coupe du Monde entre l'Algérie et l'Egypte, avoir été informé officiellement, mardi 17 novembre, par la Direction générale des impôts (DGI) d'un redressement fiscal de 596,6 millions de dollars pour sa filiale algérienne, Djezzy. Le groupe Orascom Telecom conteste cette décision, en estimant que le redressement est fondé sur une «allégation sans fondement et inacceptable», selon le communiqué de la société. La DGI reproche à Orascom Telecom des irrégularités comptables sur les exercices de 2005, 2006 et 2007, selon la même source. Cette décision des autorités algériennes va réduire considérablement le montant des dividendes distribués par Djezzy à partir de 2010. Elle devrait aussi peser fortement sur les liquidités du groupe égyptien. Le démenti est venu du Premier ministre M.Ahmed Ouyahia, qui annonce au sujet de ce redressement fiscal, que «l'affaire remonte à 12 mois et ne date pas d'aujourd'hui». «Seulement, l'opérateur lui-même a formulé le voeu que cette mesure de redressement ne soit pas rendue publique.» Les choses se sont accélérées depuis. OTH annonce officiellement avoir pris contact avec l'opérateur sud-africain de téléphonie mobile, MTN. Des discussions allaient conduire à une transaction relative à l'acquisition d'Orascom et/ou de ses entreprises par cette firme. Alger riposte et rappelle son droit de préemption garanti par la loi, et annonce sa détermination de racheter la totalité du capital du groupe. Le 15 avril, la Banque d'Algérie décide de geler tout transfert en devises vers l'étranger pour OTA et menace de geler ses actifs en Algérie. OTA sollicite trois banques étrangères en Algérie, qui lui débloquent plus de 20 milliards de DA en un temps record (deux jours). Le patron de Djezzy comptait beaucoup sur la visite du président Zuma en Algérie pour plaider sa cause qui est aussi celle de MTN. Mission non accomplie. Face à cette situation, Sawiris se retourne donc vers les autorités algériennes pour clore ce chapitre qui a fait couler beaucoup d'encre.