L´ex-stratège des Verts avait introduit le système du regroupement permanent. La fondation Braham-Derriche, du nom de l´un des fondateurs du Mouloudia d´Alger, a fêté les champions qui ont contribué à la grandeur du sport algérien. Le clou de la cérémonie a été, sans conteste, l´hommage rendu à l´équipe de football du vieux club algérois de 1976, celle qui avait conquis le premier titre continental du football algérien. A l´époque, les clubs étaient dirigés par des bénévoles et le Mouloudia, en plus de posséder une formation à l´effectif riche en joueurs de talent, était dirigé par des gens qui lui avaient donné un cachet particulier sur le plan de la gestion de tous les jours. Ce n´était certainement pas le professionnalisme mais on s´échinait à mettre les joueurs dans les meilleures conditions possibles pour se préparer, notamment sur le plan psychologique. Sur ce qu´il montrait sur le terrain, le Mouloudia était en avance sur tous les autres clubs même si le NAHD, alors placé sous la coupe d´Air Algérie (avant la réforme de 1977), pouvait se targuer d´être à l´abri du besoin., Le «football qui gagne» commençait à se matérialiser sur le terrain. Un an avant le sacre du MCA en Coupe d´Afrique, l´équipe nationale de football avait séduit le public en s´emparant de l´or à l´issue du tournoi des Jeux méditerranéens que notre pays avait organisés. En cette équipe, personne ne croyait avant le début de la compétition. Elle avait pris forme peu de temps auparavant sous la conduite de Rachid Mekhloufi. Au mois de juin de 1975, cette sélection venait de sortir d´une double élimination de la CAN de 1976 et des Jeux olympiques de Montréal de la même année face à la Tunisie. Ce n´est pas qu´elle avait été nulle. Au contraire, elle avait fourni, pour le match de la CAN, l´une de ses plus grandes prestations à Oran, mais la malchance et un grand gardien de but du nom de Attouga avaient décidé de lui nuire. C´était la période où elle était dirigée par le Roumain Makri pour lequel il est logique de souligner l´immense travail qu´il avait accompli. Mekhloufi avait pris la relève en juillet et, en septembre, débutait le tournoi des Jeux méditerranéens. L´ex-meneur de jeu de l´EN n´avait, à la surprise générale, sélectionné que des joueurs qu´il avait sous la main en équipe nationale militaire qu´il dirigeait alors. Un seul élément de la sélection entraînée par Makri avait trouvé grâce à ses yeux, à savoir le Mouloudéen Omar Betrouni à qui il avait confié le capitanat de son équipe. Mekhloufi tentait une sorte de banco qui avait fini par réussir avec une première place aux Jeux, amplement méritée. Ce résultat avait été obtenu avec des joueurs qualifiés de moyens comme Benkada, le centre-avant qui évoluait au Hillal de Sig, une équipe de division inférieure ou Ighili, un milieu de terrain qui avait du mal à avoir une place au sein de son club, le CRB. Le secret de cette réussite tenait au fait qu´il s´agissait d´une équipe composée de joueurs qui se connaissaient parfaitement pour avoir été en regroupement permanent au sein de l´équipe nationale militaire sous la conduite d´un seul entraîneur, Rachid Mekhloufi. «Avant de jouer en sélection militaire, je ne savais pas que les entraînements bi-quotidiens existaient», disait un jour Djamel Keddou, arrière central de l'USM Alger, qui avait participé à l´épopée des JM de 1975. «C´est avec Rachid Mekhloufi comme entraîneur que j´ai appris cette forme de préparation. Je peux le dire, à l´armée nous nous entraînions comme des professionnels». Trois ans plus tard, suivant la même méthode, Mekhloufi conduisait son équipe à la conquête de la médaille d´or des Jeux africains, également organisés par l´Algérie. De cette sélection, était sorti le noyau de l´équipe qui allait enflammer le public algérien au début des années 80 avec une qualification historique au Mondial espagnol de 1982. Auparavant, sous la conduite de Mahieddine Khalef, l´EN s´était illustrée aux JM de Split en 1979 avec l´obtention de la médaille de bronze. Une sélection également bâtie sur ce que le département du sport de l´armée préparait, un département qui avait en réserve des joueurs nommés Madjer, Assad et Belloumi. Et lorsque le Russe, Evgueni Rogov a pris en mains l´équipe nationale en vue de la qualification pour le Mondial espagnol, il avait continué sur la lancée de ce qui se faisait sous les drapeaux, à savoir un regroupement permanent des sélectionnés et des entraînements répétés. Tout cela parce que ce qui se faisait au niveau des clubs ne répondait pas aux critères de la haute performance même s´il arrivait que des clubs comme le MCA sortaient du lot, Aujourd´hui, il n´est plus possible de travailler de la sorte car les présidents de clubs n´accepteraient jamais qu´on les prive de leurs joueurs pendant une semaine et qu´on les libère juste pour le match de championnat. Pourtant, ces clubs ne disposent que de faibles moyens en infrastructures. Aujourd´hui, on en est, également, avec un ministère des sports qui taquine la fédération coupable selon lui d´être un peu trop autonome. Pourtant, ce ministère sait mieux que quiconque que depuis 1963 il a toujours fait en sorte que ce soit un de ses désignés qui prennent la tête de cette fédération. A ce que l´on sache-même Mohamed Raouraoua et Hamid Haddadj sont entrés dans l´AG de la FAF sur la liste des experts désignés par le MJS. Au lieu, donc, de plaider pour un partenariat utile avec cette fédération, la puissance publique cherche, selon ce que nous observons, à la supplanter dans des opérations qui relèvent des prérogatives fédérales. La gestion du futur centre de formation de Sidi Moussa est de celles-là, un centre où on apprendrait, de nouveau, ce qu´est un regroupement permanent. On risque, cependant, d´être loin de la méthode Mekhloufi.