La soirée de vendredi est un des événements marquants de cette fin d'année 2006. «L'Algérie qui gagne». Le slogan peut paraître présomptueux en ces temps de vaches maigres pour un sport algérien qui éprouve d'énormes difficultés à redécoller. Il est, pourtant, là pour nous signifier que ce pays, le nôtre, a enfanté de grands champions et doit pouvoir continuer à le faire. A la condition qu'il puisse bénéficier des moyens nécessaires pour une telle opération. Mais cela est une autre histoire qui fait appel à un débat de fond. Celle qui nous intéresse aujourd'hui nous vient de la Fondation Braham-Derriche, du nom d'un des fondateurs du plus vieux de nos clubs et l'un des plus glorieux: le Mouloudia d'Alger. Cette Fondation a eu l'heureuse et opportune initiative de se servir de l'anniversaire d'une date historique de ce club pour rendre hommage et honorer nombre de ceux qui ont contribué à faire la grandeur du sport algérien durant toutes ces dernières années. L'anniversaire en question était celui de la 30e année du sacre de l'équipe de football du Mouloudia en tant que champion d'Afrique des clubs. C'était le 18 décembre 1976 et ce soir-là, un stade du 5-Juillet en folie assistait à l'un des plus incroyables renversements de situation de l'histoire du football continental. En finale aller, 15 jours plus tôt, le MCA avait été battu en Guinée par le Hafia de Conakry, champion d'Afrique en titre, sur le large score de 3 buts à 0. Au retour, les 90.000 spectateurs du stade olympique ont été les témoins de la révolte mouloudéenne ponctuée de trois buts (dont le dernier de Omar Betrouni à l'ultime minute) qui a permis au club algérien d'obtenir la série de tirs au but, à l'issue de laquelle il a été déclaré vainqueur et nouveau détenteur du trophée. Ce fut le premier sacre continental du football algérien. Le Mouloudia avait ouvert la voie que la JS Kabylie puis l'ES Sétif ont empruntée avec la même réussite. L'Algérie qui gagne c'est cela. Du reste, les organisateurs ont su associer les dirigeants des trois clubs dans les louanges. Ceux du Mouloudia étaient, bien sûr, là, Hakim Serrar, le président de l'ESS s'est déplacé et a placé ses mots de remerciements. Quant à Moh Cherif Hannachi, le président de la JSK, il était absent mais on lui fera parvenir son cadeau en hommage à ce que son club a fait pour le sport et le football algériens. Trente années plus tard, on a donc redécouvert ceux qui nous avaient tant fait vibrer à cette époque-là. Les Bachi, Betrouni, Zenir, Bencheikh, Bousri et tous les autres. Même le regretté Draoui était là si l'on peut dire puisque sa fille Ryma était de la fête. A leurs côtés, on a retrouvé les dirigeants parmi lesquels Abdelkader Drif, Mohamed Maloufi, Youcef Hassena, le staff technique avec Hamid Zouba et Smaïn Khabatou ainsi que le médecin, Mohamed Benmerabet. C'était là le Mouloudia qui gagnait. Ce Mouloudia qui ne semble pas avoir retrouvé Abdelkader Drif, lequel, dans un discours, a indiqué que «le Mouloudia comme l'Algérie est un et indivisible. On ne saurait accepter qu'il y ait une section par-ci et d'autres par-là. En 1977, nous avions remis aux dirigeants de Sonatrach les clés d'un club riche de 56 années d'histoire. Trente années plus tard, la première entreprise du pays a contribué à le renforcer dans toutes les autres sections avec la réussite que l'on connaît. Le football, quant à lui, vit de pénibles moments mais ensemble, avec les responsables de Sonatrach, il y a la possibilité de lui rendre sa grandeur». Le reste de la cérémonie qui s'est déroulée ce vendredi soir à l'hôtel Hilton, a consisté à honorer toutes celles et tous ceux, athlètes, dirigeants ou entraîneurs qui ont participé avec réussite aux plus grands événements qui ont fait la gloire du sport algérien. C'est ainsi qu'on a songé à Mustapha Larfaoui, Amar Addadi, Mohamed Allam, Mohamed Djouad, Abdehamid Kermali, Hacène Lalmas, Mokhtar Kalem, Djamel Zidane, Salima Souakri, Soraya Haddad, Abderrahmane Benamadi, Mohamed Benguesmia, Mohamed Allalou, Hocine Soltani, Rabah Madjer, Lakhdar Belloumi, Mohamed Allek, Boualem Rahoui, Raouf Bernanoui, Abderahmane Hamad, Djabir Saïd-Guerni, Noureddine Morceli, Hassiba Boulmerka, Lamine Ouahab, l'équipe de hand du MCA et tant d'autres acteurs. Il est utile de souligner que de tels événements sont nécessaires car ils sont la mémoire d'un secteur que l'on a trop tendance à négliger alors qu'il a été celui qui a fait le plus fait retentir Kassamen et hisser notre drapeau hors de nos frontières, dans d'innombrables complexes sportifs et stades du monde. En cela, la fondation Braham-Derriche a visé juste, notamment pour avoir uni dans les hommages tous les sportifs, même ceux qui n'ont jamais porté le maillot vert et rouge du MCA.