Il a été beaucoup question de démocratie. Et on a appris aussi qu'elle peut être spécifique à chaque société, à chaque pays. A moins d'un an de l'élection présidentielle, les Tunisiens sont en pleine mutation. Celle-ci a été déjà mise en branle depuis quelques mois. Elle doit toucher toutes les institutions. A la veille de la célébration du 21e anniversaire du Changement du 7 Novembre, et comme chaque année, le parti au pouvoir, le RCD, a consacré le thème de son symposium à «la participation politique dans un monde en mutation». Un sujet bien calé à débattre aussi bien pour de prestigieux invités dirigeants de partis politiques venus de l'étranger que pour les cadres du RCD. Parmi ces personnalités internationales qui ont fait le voyage à Tunis, on retiendra les noms de M.Ely Ould Mohamed Vall, ancien président de Mauritanie, José Maria Aznar, ancien président du Conseil espagnol, Tahar El Masri, ancien Premier ministre jordanien ou encore l'Italien Massimo D'Alema, ancien ministre des Affaires étrangères. Du côté algérien, les leaders des partis traditionnellement invités à cette manifestation ont été absents. Seul Abdesslam Bouchouareb a représenté le RND. On a beaucoup débattu de démocratie. Et on a appris aussi qu'elle peut être spécifique à chaque société, à chaque pays. Mais l'on a surtout relevé la volonté des Tunisiens de se hisser au diapason des nouvelles relations internationales induites par les effets de la mondialisation. Quelque chose bouge sérieusement aujourd'hui dans la Tunisie de Ben Ali. Les prémices de ce changement ont été perçues depuis la tenue, cet été, du congrès du RCD. On a assisté à une véritable révolution dans les annales d'un parti politique arabe. Le 5e congrès du RCD qui a eu lieu du 30 juillet au 2 août derniers, aura amplement mérité le qualificatif qu'on lui avait délibérément choisi. Celui du «congrès du défi». Pour la première fois depuis vingt ans, le président Ben Ali a recentré sa batterie stratégique. Il veut donner à son parti une nouvelle vigueur. La recette? Elle est simple. Tous les cavaliers émérites qui ont l'habitude d'enfourcher une belle monture arrivent un jour fatalement à la conclusion de la nécessité de la remplacer...pour un long périple. Le leitmotiv est d'encourager tous les élans manifestés par les citoyens tunisiens de participer à la vie politique. Et pour cela, la jeunesse se taille la part du lion. Le 5e congrès a marqué les esprits. C'est le carburant qui manquait jusque-là à la Tunisie. Ben Ali et ses proches collaborateurs comme Abdelwahab Abdallah et Ben Dhia, l'ont si bien compris qu'ils n'ont lésiné ni sur les moyens, ni sur les formes et encore moins sur le choix des hommes. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. 77,4% des membres du comité central du RCD ont été remplacés. Un vrai tsunami. Jamais congrès de parti dans un pays arabe n'a connu une si profonde mutation. Le peuple tunisien a pris acte de cette volonté de changement. Les partants ont fait place à des femmes et à des jeunes qui, à l'époque où Ben Ali a pris le pouvoir, n'étaient âgés que d'à peine une dizaine d'années. Mieux, la parité au sein de cette instance du parti a été carrément chambardée. Finie la sclérose du passé. Près de 40% des membres du nouveau comité central sont des femmes. Et 26% sont des jeunes. Quant à la direction du parti, elle a subi, elle aussi, une véritable métamorphose. Toute la classe politique tunisienne, l'opposition comprise, n'est pas près d'oublier cette phase de transition dans l'Histoire de la Tunisie moderne. Le nouveau secrétaire général du RCD, Mohamed Ghariani, est presque un nouveau venu dans le personnel politique que les Tunisiens connaissaient à travers leurs médias. Il était conseiller politique à la présidence, au palais de Carthage. Il a 46 ans. C'est dire si le RCD a subi une vraie cure de jouvence! La «Génération Ben Ali» est en branle. Ce sont tous ces jeunes de moins de trente ans qui sont déterminés à donner à la Tunisie ses meilleures chances de promotion en matière économique et de liberté au cours de la prochaine décennie. La candidature de Ben Ali pour un nouveau mandat à l'élection présidentielle, prévue en octobre 2009, galvanise déjà les esprits. Cette élection qui sera couplée avec les législatives constitue le point nodal de ce changement que le président et son équipe sont en train d'opérer. Le bilan de Ben Ali est fabuleux! La Tunisie ne figure-t-elle pas aujourd'hui au hit-parade de tous les classements régionaux et de tous les sondages des meilleures performances dans le monde arabe et en Afrique? Les Tunisiens apprécient à sa juste mesure ce que le régime de Ben Ali leur a apporté en 21 ans de gouvernance. Tout le secret de la popularité du président tient d'abord dans sa réussite. Il est exigeant envers lui-même et avec les ministres qu'il choisit. L'obligation de résultats demeure le seul critère pour être adoubé. Il n'y en a pas d'autres. Cela explique aisément en 2008, le pourquoi de cette montée en puissance de nouvelles figures dans le parti avec un esprit de conquête jamais égalé. La Tunisie, c'est aussi la terre des défis.