Elle a été sacrée meilleur espoir féminin aux Journées cinématographiques de Carthage qui se sont déroulées du 25 octobre au 2 novembre derniers, à Tunis. La tête bien sur les épaules, Rym Takoucht, qui se définit comme quelqu'un d'exigeant, ne choisit pas ses rôles au hasard. Professionnelle et consciencieuse, elle est la preuve qu'avec de la patience, on est récompensé de ses efforts. Ce fut le cas, à Carthage, où elle a été ovationnée comme une reine, drapée dans une belle robe de soirée, couleur pourpre. Rym Takoucht, ce sont des rôles qui ne s'oublient pas, d'abord à la Télévision algérienne dont Nas M'lah City, le feuilleton Hanan Imraâ de Messaoud El Ayeb en 2001 et puis son grand rôle au cinéma dans Vivantes! de Saïd Ould Khelifa. En plus du 7e art, Rym voue une passion inégalée pour les planches, car le théâtre l'a fait approcher de plus près son public. Fine mélomane puisqu'elle a fait le conservatoire et chante l'andalou, Rym est aussi une ancienne championne de natation au Mouloudia d'Alger. C'est dire son esprit sportif et fair-play. Le goût de vaincre est en elle. Elle nous parle ici de son amour pour le cinéma, du prix qu'elle a reçu, en Tunisie où nous étions. L'Expression: Toutes nos félicitations pour votre prix. Quel est votre sentiment? Rym Takoucht: Ça fait chaud au coeur. Et c'est un grand plaisir. Parce que travailler un rôle, ce n'est pas facile, d'autant que c'est la première fois que j'obtiens un prix. Surtout que ce prix ne m'a pas été décerné par n'importe qui. C'est Yasmina Khadra, c'est Izet El Alayli, beaucoup de comédiens très connus. Le fait qu'ils me décernent ce prix, cela m'a permis de bien réfléchir car, à un moment donné, je pensais mettre fin à ma carrière. En Algérie, les artistes ne sont pas aussi reconnus qu'en Egypte, en Tunisie ou en France. Avec ce prix, j'ai décidé de poursuivre mon art. J'espère pouvoir travailler avec d'autres réalisateurs, notamment étrangers. je suis sollicitée. Mais tant que je n'ai pas encore signé mon contrat je ne peux en parler. Vos appréciations sur ces JCC 2008? C'est la première fois que j'assiste aux Journées cinématographiques de Carthage dont j'en ai énormément entendu parler. Je trouve que c'est un festival formidable. Il y a beaucoup de monde intéressant. On fait beaucoup de connaissances. C'est ça le but. J'ai connu beaucoup d'acteurs et de réalisateurs, de producteurs. Vraiment avec cette réussite, je suis émue. Le fait de se frotter à ces gens, pénétrer ce monde du 7e art a-t-il eu le pouvoir de changer la personne? Ça ne m'a pas changé. Au contraire. Je dis que je suis une personne qui marche tout doucement mais sûrement. Je fais toujours la part des choses. Quand on me propose un scénario, je prends tout mon temps pour le lire. Je suis une personne, si on peut dire exigeante sur les scénarios, les types de réalisateurs avec lesquels je suis amenée à travailler. Et ça, les gens ne le comprennent pas en Algérie. Pour eux, je suis une personne prétentieuse, hautaine. C'est faux. J'aime beaucoup mon art. Mon credo est l'art pour l'art et pas autre chose. C'est vrai qu'à un moment donné, j'étais malheureuse parce que je voulais vraiment percer, surtout quand j'ai travaillé sur le feuilleton Hanan Imraâ. Ensuite, j'ai joué dans Nass M'lah city et dans quelques films et maintenant avec des longs métrages, mais j'avais souhaité ne pas m'arrêter. Mais hélas, je n'avais pas trouvé des textes qui valaient vraiment la peine de les travailler. Je tombe soit sur des réalisateurs qui ne sont pas à la hauteur, soit sur des textes insignifiants. Sans fond ni message précis. Car l'art pour moi, c'est le miroir d'une société. Et quand je ne vois pas cela dans un texte, celui-ci ne peut attirer mon attention. Aujourd'hui, je dis hamdoulillah car j'ai toujours su comment cultiver mon travail. Et comment s'est fait le choix du film Mascarades? Le réalisateur, je ne le connaissais pas, mais la façon de parler, la façon dont il a abordé le sujet avec moi, tout ça m'a permis de le connaître et d'apprécier le scénario. Mon choix était juste. Le film est sorti il y a deux mois en Algérie. Il a eu, par ailleurs, le Prix du meilleur film à Angoulême en France. En Allemagne, il a eu le Prix du public et celui du meilleur film. Et maintenant, il est primé ici à Carthage. Un mot sur le rôle que vous avez admirablement interprété? Quand je joue, je laisse toujours une signature dans les rôles. Il y a quelque chose de plus que je veux laisser et transmettre à travers mes jeux de composition. On me dit souvent que je change d'un rôle à un autre. Ceci est pour moi le propre d'un comédien qui parvient constamment à changer de peau, sans être catalogué dans un seul rôle.