Les apiculteurs rencontrent une multitude de problèmes liés à la production et à l'écoulement de leur produit. Après l'engouement des jeunes suscité par les aides de l'Etat, ceux-ci fuient à présent le domaine de l'apiculture. Tandis qu'ils étaient, au début, plus d'une centaine, ils ne sont plus aujourd'hui que dix-sept. Rencontrés pendant les journées portes ouvertes sur les métiers de l'artisanat, ils ont soulevé une longue liste de difficultés auxquelles ils sont confrontés qui entravent grandement le développement de leur activité. Pour ces derniers, tous ces problèmes pourraient être réglés par la conjugaison de leurs efforts et ceux des services concernés. Mais la plus grande menace qui risque d'anéantir leur métier demeure, sans conteste, le déboisement. Ils lancent un cri d'alarme contre la déforestation qui n'est pas suivie de politiques conséquentes de reboisement de même que l'urbanisation anarchique qui nuit au développement de l'apiculture. Les forêts se rétrécissent, disent-ils, à cause de ces deux phénomènes alors que l'apiculture moderne a, de plus en plus, besoin d'espace pour la transhumance des abeilles. Pour justifier cet appel au secours, les jeunes apiculteurs rencontrés expliquent l'importance de cette phase dans la vie des ruches et de la qualité du miel. En effet, après une période d'hibernation, les abeilles doivent être transportées dans des endroits adéquats à la production du miel. Ainsi, ces dernières années, ne trouvant plus d'espaces forestiers suffisants, des milliers de ruches ont été anéanties. A présent, il ne reste aux producteurs qu'un seul endroit pour l'hibernation, le littoral d'Azeffoun et de Tigzirt. Aussi, comme la vie des ruches, la qualité du miel dépend, elle aussi, de la préservation de ces espaces naturels. Les différentes variétés de ce produit se distinguent par les différents peuplements sylvestres. Sorties de la période de gel à partir du 10 mai, les abeilles ramassent 75% de pollen des vergers. Elles peuvent produire ainsi du miel d'orange, d'eucalyptus, de jujubier et de romarin. Les apiculteurs estiment que grâce à cette flore, la qualité du miel produit dans notre pays est la meilleure du monde. Mais hélas, cette richesse se voit concurrencée par une véritable mafia du miel. La cherté du vrai produit et l'absence de circuits de vente a causé l'émergence d'un grand trafic qui propose du miel à bas prix mais d'une qualité médiocre nuisant à l'image de marque du produit. Les producteurs ont demandé, vainement, une certification et un label pour une commercialisation moderne à l'échelle nationale, voire internationale. En plus de ces problèmes, ils soulèvent le manque de formation pour un meilleur exercice de cette activité, en étroite relation avec la nature. Le suivi sanitaire, quant à lui, devra être des plus rigoureux, mais les apiculteurs n'ont pas manqué de signaler l'insuffisance des services concernés. Enfin, ils font appel aux services des impôts pour qu'ils puissent entendre leurs doléances. Ils estiment que les taxes appliquées à cette activité ne prennent pas en compte les risques et les périodes creuses. Après une aide financière de l'Etat, pour laquelle ils sont reconnaissants, ils attendent une aide technique. Mais d'ici à là et l'avènement de jours meilleurs, le miel, en attendant, vit des jours amers.