La puissance de l'argent l'emporte, pour l'instant, sur l'investissement dans la formation. A l´été 2004, Arsenal fêtait le sacre de ses «Invincibles», le 13e de son histoire, pendant que l´ambitieux Chelsea, dont le seul titre de champion d´Angleterre avait près de 50 ans, accueillait comme le Messie son nouvel entraîneur Jose Mourinho. Durant les quatre saisons suivantes, le destin des deux grands clubs londoniens, qui s´affrontent dimanche en championnat d´Angleterre, s´est inversé, comme si la montée en puissance de Chelsea se nourrissait du déclin d´Arsenal. Mais les Gunners ont des atouts pour rebondir. L´Angleterre: Arsenal n´a gagné qu´un trophée, la Coupe d´Angleterre en 2005. Une nouvelle saison blanche serait la quatrième pour les Gunners, série inédite depuis les années 1980. Grâce aux millions de Roman Abramovitch et au savoir-faire de Mourinho, Chelsea a remporté deux championnats (finissant deux fois 2e), la Coupe d´Angleterre et deux Coupes de la Ligue. Depuis cet été 2004, Chelsea n´a perdu que 13 matches de championnat, accumulant 387 points. Arsenal a été défait 32 fois et a engrangé 63 points de moins. Chelsea a gagné 12 de ses duels contre les trois autres membres du «Big Four», pour cinq défaites. A Arsenal, la proportion est inverse (7 victoires,10 défaites). L´Europe: Les deux équipes ont été finalistes malheureux de la Ligue des Champions, Arsenal en 2006, Chelsea en 2008. Sauf que la finale de Paris semble un accident pour Arsenal, quand celle de Moscou était dans l´ordre des choses pour Chelsea. Lors des trois autres éditions, Chelsea est allé deux fois en demi-finales (2005 et 2007), pendant qu´Arsenal se contentait de deux 8es (2005 et 2007) et un quart (2008). Les politiques: Chelsea a bâti son succès sur le chéquier d´Abramovitch. Mais cet argent a été dépensé avec discernement, les stars recrutées donnant pour la plupart satisfaction. A Arsenal, la construction de l´Emirates et la réticence d´Arsène Wenger à s´engager dans un marché des transferts inflationniste, ont entraîné une politique de recrutement prudente et le développement de jeunes joueurs. Mais Wenger a poussé sa logique à l´extrême. Elle l´a conduit à renoncer à acheter des joueurs comme Javier Mascherano ou Fernando Torres. Et comme ses cadres sont partis (Patrick Vieira, Dennis Bergkamp, Robert Pires, Thierry Henry,...), Arsenal se retrouve dépourvu d´expérience. Le long terme: L´avenir semble appartenir aux Gunners. Enclavé dans un quartier résidentiel, Stamford Bridge est vétuste et n´offre guère de solution de développement à Chelsea. S´il a laissé Arsenal endetté, l´Emirates Stadium, splendide «bébé» de Wenger inauguré en 2006, en a fait l´un des clubs les plus rentables du monde. A Chelsea, la politique de détection de talents, menée par Frank Arnesen, peine à porter ses fruits. L´équipe est vieillissante, la plupart de ses cadres étant trentenaires. Arsenal dispose d´une génération dorée qui, sous la direction de Fabregas et avec les Wilshere, Ramsey, Vela et Walcott, rappelle celle de Manchester United dans les années 1990. Reste à savoir si Wenger les conservera.