L'appel au boycott répond au même objectif, celui du passage vers une seconde phase de transition. A mesure que se rapprochait la date butoir du 30 mai, les ténors de la mouvance dite démocrate républicaine multipliaient les sorties visant à faire avorter ce processus, mais aussi à créer une crise institutionnelle insurmontable afin de revenir vers une seconde phase de transition qui leur permettrait de prendre définitivement le pouvoir sans passer par les urnes. Des voix, comme celles de Chérif Belkacem et le CCDR, n'ont pas hésité à afficher leur jeu au grand jour en suppliant l'armée d'intervenir pour destituer Bouteflika et remettre le pouvoir entre leurs mains. Le MDS de Hachemi Chérif, moins direct, n'hésite pas, quant à lui, à prendre sur son compte le fameux document publié en exclusivité par le journal français Libération, qui parle de dissolution du FLN et des partis islamistes, de mise en place d'«une phase de transition sous la conduite de gens républicains et intègres comme ceux qui restent au MDS». L'ANR et le RCD, pour leur part, se sont montrés encore plus discrets en se contentant seulement d'appeler les citoyens à boycotter ce scrutin. Or, là encore, comme l'avait, du reste, souligné le groupe des quatre dans sa dernière conférence de presse, beaucoup d'observateurs ont conclu que l'«appel au boycott répond au même objectif, celui du passage vers une seconde phase de transition devant remettre les clés du pouvoir entre les mains de ce clan». Toujours est-il que ce sera la première fois, de toute la courte histoire de l'Algérie pluraliste, qu'aucun parti, dit démocrate républicain, ne sera présent à un scrutin. Cette mouvance a beau peser très peu sur l'échiquier politique, elle n'en porte pas moins atteinte à la crédibilité de ce vote puisque, qu'on le veuille ou non, les résultats en seront tronqués. Il ne faut pas oublier, en effet, que le RCD, fortement implanté en Kabylie et détenteur de pas moins de 19 sièges la précédente APN. Le boycott, plus que tout autre position relative à ce scrutin, trahit la crainte de cette minorité de se voir disqualifiée définitivement par une société qui ne risque pas de se tromper de candidats.