«Algérie poste est disposée, si la nécessité s'impose, à procéder à des ouvertures nocturnes de ses bureaux», rassure M.Boufenara, directeur de communication. Pleins à craquer. Tel est l'état des bureaux de poste en cette veille d'Aïd. Au centre-ville, l'édifice de la Grande-Poste qui dresse sa façade néo-mauresque, est pris d'assaut. L'horloge indique 8h30, lorsque les files d'attente des clients commencent à se former. «Ils étaient déjà là, attendant l'ouverture des bureaux», atteste M.Boualem, agent de sécurité. Mais pourquoi les gens attendent la dernière minute pour retirer leur dû? Parce que «les clients sont tous payés presque en même temps. Même si certaines institutions essayent d'organiser le calendrier du paiement afin d'éviter l'encombrement, il n'en demeure que ce phénomène persiste», indique l'agent de sécurité. Et d'enchaîner: «Prenons comme exemple les militaires, ils sont payés le 18 du mois, les policiers perçoivent leur salaire le 12, les retraités le 22, les agents de la poste le 26, les pompiers le 21, les fonctionnaires les 14 et 15 et ceux de la Fonction publique le 15, déjà là, il y a un encombrement.» Direction vers la poste de l'une des rues les plus fréquentées, en l'occurrence la rue Hassiba Benbouali. Il est 9h00, à l'intérieur, les agents de caisse semblent débordés. «C'est l'anarchie totale!», s'écrie un quinquagénaire qui suffoque. A bout de nerfs, il poursuit: «On aurait pu faire au moins une chaîne pour les hommes et une autre pour les femmes, ya khi bled ya khi!» A l'extérieur, les distributeurs magnétiques semblent insuffisants pour absorber cette ruée. Généralement, les utilisateurs de ces appareils ne dépassent pas une dizaine. Le constat est le même avec tous les appareils placés soigneusement à proximité des bureaux de poste. Visiblement, la méthode classique reste le moyen favori des citoyens. A ce sujet, Karim, jeune employé, estime que l'utilisateur encourt des risques en utilisant le débiteur automatique. «Bien que je sois jeune et capable de me défendre contre les voleurs je préfère néanmoins prendre mes précautions. Je pense qu'il n y'a pas mieux que de me faire payer à l'intérieur de la poste. Ainsi, je suis à l'aise. Je me sens à l'abri», explique-t-il. 9h30, arrivée au bureau de poste de la place 1er-Mai. Le lieu déjà exigu pour les circonstances pareilles est archicomble. «Mais pourquoi en Europe il n'y a pas cette anarchie?», se plaint un client. «Non seulement c'est l'anarchie mais il ne faut pas oublier les tricheurs qui refusent de faire la queue!», répond une vieille dame. «Retourne derrière et arrête de jouer au plus malin. Chacun doit attendre son tour!», lance-t-elle à un jeune tricheur. Passant par incontournable rue Mohamed-Belouizdad, les bousculades se répètent au bureau de poste sis aux Halles. Dans un coin, on remarque un débiteur automatique. Personne n'a essayé de l'utiliser, «parce que tout simplement, il est fait pour les demandes d'avoir», affirme un client et d'ajouter: «T'mahbil! Alors que les gens ont besoin de retirer leur paie, on nous a mis ce machin qui ne répond pas du tout à la circonstance», a-t-il renchéri. Contacté par nos soins, le directeur de service de la communication auprès d'Algérie Poste, M.Noureddine Boufennara, a souligné que ces événements se répètent «comme à l'accoutumée, à la veille des fêtes religieuses, les services des CCP sont énormément sollicités. A cet effet et pour l'Aïd El Adha de cette année, qui coïncide avec le début du mois de décembre, certains employeurs ont procédé au virement de la paie de leurs salariés durant la première semaine». Et de poursuivre: «Prenons par exemple le secteur de l'éducation nationale qui compte un demi-million de fonctionnaires ainsi que la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn), ces deux organismes ont procédé à ces virements aux premiers jours du mois en cours.». Selon M.Boufenara, Algérie Poste a pris les mesures nécessaires qui consistent en la prolongation d'horaires d'ouverture des bureaux de poste, et ce, jeudi 4 décembre jusqu'à 17h00 et le vendredi 5 décembre, de 8h00 à 12h00. «S'agissant de la journée d'hier et celle d'aujourd'hui, dimanche, nous avons mis en place un système de veille afin de nous informer de l'évolution de la demande exprimée par nos clients. Et nous avons la possibilité de réagir instantanément par rapport aux 3300 bureaux de poste répartis à travers le territoire national», a ajouté le même responsable. Et de conclure: «On réagit en fonction du virement des salaires émanant des différents organismes. Algérie Poste est disponible, si la nécessité s'impose, à opérer des ouvertures nocturnes de ses bureaux. Nous rassurons notre clientèle qu'on est à sa disposition quelle que soit la situation».