La probable persistance de la crise en Kabylie sera-t-elle le seul atout maître des démocrates? Sur quels thèmes l'opposition dite démocratique articulée autour du FFS, du RCD et dans une proportion moindre du MDS, qui se trouve actuellement de facto hors APN, va-t-elle s'appuyer pour prendre à la gorge le futur gouvernement, émanation directe des élections de la fin de la semaine dernière? Au-delà du cadre traditionnel de ses revendications, leitmotiv tournant autour des dossiers qui ont toujours alimenté la dynamique politique de la scène algérienne, entre autres : une authentique démocratisation du système politique en place (qui ne l'est pas à leurs yeux), de véritables et profondes réformes (justice, système éducatif, Code de la famille, institutions de l'Etat...), la levée de l'état d'urgence, le grand atout qui semble aux mains de ce courant politique, et qu'il ne va pas hésiter à utiliser à fond, est relatif à la situation qui prévaut en Kabylie depuis maintenant plus d'une année. En effet, il est quasiment sûr désormais que ce dossier continuera d'être de toutes les discussions tant au sein de l'opinion que dans les hautes sphères de l'Etat et au gouvernement particulièrement où la principale mission du futur ministre de l'Intérieur sera justement d'apporter une solution à ce dossier qui non seulement a empoisonné la vie politique du pays durant toute une année, mais également pesé de tout son poids sur l' organisation des récentes législatives. Les mots d'ordre de boycott, d'abstention, de désobéissance civile avec leurs lots de violence, de répression, de victimes et de dégâts matériels risquent de demeurer et même de prendre encore de l'ampleur si l'impasse, voire le pourrissement de la situation, entretenue par les uns ou par les autres, persiste à être la seule donnée du problème. Dans ces conditions, et au cas où les résultats du dernier scrutin seraient validés en Kabylie, où le FLN a récolté 16 sièges en dépit du très faible taux de participation, la grande interrogation que se posent les observateurs est de savoir comment procéder pour organiser les futures élections communales et de wilayas qui pointent à l'horizon? Plus particulièrement, devant la désaffection de l'exécutif local et les positions radicales des ârchs, se dirige-t-on, comme l'a laissé entendre le ministre de l'Intérieur lors de sa conférence de presse la veille du scrutin, vers la désignation de nouveaux DEC qui auront pour mission de préparer et d'organiser les futures élections locales? Dans le climat exécrable qui règne dans cette région, il est évident qu'il ne serait pas facile de trouver des hommes assez courageux et surtout assez influents pour pouvoir conduire cette mission sans risques majeurs pour leur sécurité physique. Cela d'autant que si les ârchs restent imperturbables dans leur jusqu'au-boutisme, le FFS et le RCD qui prétendent être leur vecteur politique ne semblent pas avoir, selon nombre d'analystes, beaucoup d'ascendant sur les animateurs de cette structure horizontale pour les amener à changer de position en cas d'ouverture politique de la part du pouvoir. Bref, même avec la persistance de la crise en Kabylie pendant encore longtemps et sa probable utilisation par le camp des démocrates comme carte maîtresse majeure pour gêner le futur gouvernement, il n'en demeure pas moins, que la situation actuelle de ce courant politique n'a pas que des aspects positifs. En demeurant,- à la faveur de ces élections législatives auxquelles il a volontairement décidé de ne pas participer -, hors du jeu parlementaire, le camp des démocrates risque de ne pas avoir d'écho pour faire entendre ses thèses au sein de l'APN et, partant, au gouvernement. Déjà, lors de la précédente législature, et la loi du nombre aidant, le FFS et le RCD, qui y étaient présents, n'avaient que très peu peser sur le cours des choses tant à l'Assemblée qu'au sein des gouvernements successifs.