Certains commerçants véreux les utilisent en trompe-l'oeil pour attirer les clients. C'est la saison des soldes un peu partout dans le monde. En Algérie, ils sont là aussi. A Béjaïa, on ne déroge pas non plus à la règle. La règle, c'est un peu trop dire lorsqu'on sait que ce genre d'événements n'obéit à aucune loi ou accords commerciaux. A Béjaïa, Il n'est pas un commerce qui n'affiche pas des soldes plusieurs fois par an. C'est, en fait, au bon vouloir du commerçant mais c'est surtout en fonction du besoin. Entendre par là, lorsqu'un produit ne marche pas. On le solde, histoire de s'en débarrasser. Certains commerçants véreux, les utilisent comme trompe-l'oeil pour attirer les clients. Une pratique qui s'ajoute à tant d'autres qui minent les opérations commerciales dans notre pays. Plus répandus dans les pays développés, les soldes sont, en fait, des opérations limitées dans le temps. Cette pratique commerciale répond à certains critères de périodicité bien précis mais aussi aux règles du jeu sans lesquelles elles n'auraient aucune valeur tant auprès de ceux qui l'utilisent que de ceux qui en profitent. Faute de respect, la réglementation est là pour réprimander et punir tout contrevenant. Du coup, commerçants et clients s'engagent dans une opération saine et profitable, ne dépassant généralement pas plus de quinze jours. C'est comme on dit là-bas: «La période des bonnes affaires.» A Béjaïa, comme partout en Algérie, les soldes se font et se défont au gré des humeurs. Pas besoin de loi pour décréter les soldes, chacun y va de sa manière et de son opportunité. En fait, on n'en fait qu'à sa tête. On est encore loin, très loin d'une opération collective coordonnée dans le temps et l'espace. Chez nous, les soldes, c'est à la fois tout le temps et rarement. Et puis, comment peut-on mesurer la portée d'une opération lorsque celle-ci n'obéit à aucune loi? Les soldes sont une réalité lorsqu'il s'agit des opérations de liquidation. Là, le commerçant cède sur les prix et les consommateurs en profitent vraiment. Dans un pays où les prix sont rarement affichés, comment peut-on quantifier l'ampleur du solde? Lorsque aucune facture d'achat n'est présentée et qu'aucun prix n'est affiché, comment peut-on vérifier les remises et leurs proportions sur tel ou tel produit? C'est carrément impossible, aussi bien pour les contrôles étatiques que pour les consommateurs. «J'ai acheté une robe en solde hier et ce matin, je la retrouve dans un autre magasin au prix normal et beaucoup moins chère», avoue cette dame rencontrée hier au quartier d'El Khemis, connu pour ses nombreux magasins fréquentés par la gent féminine. L'affirmation de cette ménagère explique à elle seule toute la malhonnêteté dont font preuve les commerçants. Cette dame n'est certainement pas la seule à tomber dans ce guet-apens. D'autres consommateurs devraient l'être aussi. Dans un pays où l'on suit beaucoup plus les événements qui se passent ailleurs, on a souvent tendance à croire que c'est pareil chez nous. Or c'est totalement faux. «Il n'existe pas de soldes à proprement dit chez nous», affirme ce commerçant qui précise que «l'opération en elle-même est pratiquée par certains mais sans pour autant obéir à une quelconque périodicité, encore moins à une quelconque règle.» Peut-on alors parler de soldes? Assurément pas dans ces conditions. A ce titre et pour bien d'autres raisons, l'Etat doit s'arranger pour réglementer le commerce et plus particulièrement les opérations de soldes. Le consommateur a le droit à la protection. La loi le protège lorsque ce n'est pas fait par des cadres organisationnels spécialisés. Mais au fait, qu'en est l'association des consommateurs? La question mérite d'être posée car c'est dans ces cas de figure qu'elle devrait faire son apparition. Autant les consommateurs devraient s'organiser, autant l'Etat se doit d'avoir un regard sur la question des soldes. Il s'agit d'une lisibilité en même temps que seraient fixées les conditions à même de garantir la réalité des soldes et surtout de les circonscrire dans le temps.