Les arrêts et stationnements réservés aux transporteurs privés pullulent de voyageurs qui se bousculent à toute heure de la journée. Cela fait maintenant deux bonnes décennies que le secteur du transport de voyageurs dans la wilaya de Tizi Ouzou a basculé vers la propriété privée. L'émergence des petits et moyens véhicules de douze et quinze places fera, comme par un coup de baguette magique, disparaître les cars appartenant généralement aux communes. L'incapacité de ce secteur public à assurer le service avait, tout au début, fait croire que le foisonnement des privés allait régler tous les problèmes. Mais, après une vingtaine d'années, les citoyens ne voient rien venir malgré le nombre incalculable de véhicules. L'on pense avec nostalgie et mélancolie à ces années où les cars étaient rares. En effet, sur le terrain, le paradoxe est grand. Les arrêts foisonnent de fourgons. Les propriétaires se plaignent du manque de rentabilité, les voyageurs du manque de transport. A quoi serait donc dû ce problème qui perdure et s'accentue? La grande désillusion Tout au début des années quatre-vingt-dix, les pouvoirs publics avaient jugé utile d'offrir une opportunité au secteur privé pour investir dans le transport en permettant l'utilisation des véhicules à huit, douze et quinze places. Les concepteurs de cette loi visaient deux objectifs. Tout d'abord, la résorption du chômage était une priorité du gouvernement de ce temps-là. Puis, pour accompagner cette dynamique de circulation des personnes en quête de gagne-pain, le transport public existant à cette époque-là, ne pouvait pas suivre la cadence. Une question se pose, toutefois, à savoir si l'instauration d'un secteur privé impliquait préalablement la disparition pure et simple du secteur public? Aujourd'hui et après deux décennies, la désillusion est grande. Les arrêts et stationnements réservés aux transporteurs privés pullulent de voyageurs qui se bousculent à toute heure de la journée. Les gens observent étonnés. Plus le nombre de véhicules augmente, plus la crise du transport se fait sentir. A bien observer et questionner les concernés, il apparaît évident que c'est d'un problème d'organisation dont souffre le secteur. La desserte la plus importante se concentre depuis les soixante-sept communes vers le centre névralgique de la wilaya, la ville de Tizi Ouzou. Les propriétaires travaillent sans horaire ni organisation. Aux trois plus importantes entrées de Tizi Ouzou, les bouchons se forment dès les premières heures de la journée. Pour les voies de sortie, le soir, le problème est plus grand. L'affluence démesurée des fourgons dans ce centre urbain aux artères exiguës empêche la circulation. Cette situation a contraint les services du transport à prévoir des gares intermédiaires aux entrées principales de la ville. Leur mise en service est prévue pour la fin de cette année. Cela permettra de désengorger la ville d'une circulation étouffante et d'utiliser le transport public. Mais cette démarche n'est qu'une partie de la solution car le problème ne réside pas seulement dans les bouchons mais également dans l'organisation de ce secteur dans toutes les localités et le plus important centre urbain. En effet, si, dans la ville, les autorités ont pensé à des solutions, ce sont les petites localités qui souffrent le martyre. Si les lignes desservant la ville sont plus oùu moins assurées avec leur liste de problèmes, celles entre les localités sont quasi inexistantes. Pour se déplacer d'une commune à l'autre ou d'un village à l'autre, les voyageurs ne trouvent aucune voie de liaison. Ce fait est tellement ignoré par les services concernés, qu'il existe encore des chefs-lieux de daïra et de commune qui demeurent inaccessibles à leurs administrés. Le cas de la daïra de Makouda, par exemple, est édifiant. Les citoyens de la commune de Boudjima qui est administrativement rattachée à cette daïra n'ont pas de transport vers ce chef-lieu. Chose plus grave, les transporteurs assurant la ligne vers la ville de Tizi Ouzou, seule voie de salut aux citoyens pour se rendre au chef-lieu, se voient refoulés et interdits de circuler sur le territoire de leur daïra. Le chat et la souris Ce problème perdure encore, sans qu'aucune solution n'émane ni des assemblées élues, ni des chefs de daïra successifs, ni même du service de transport de la wilaya. Jusqu'à aujourd'hui, c'est le jeu du chat et de la souris qui reste la règle entre les gendarmes du barrage de Zaouïa et les transporteurs. Cette situation a engendré la naissance d'un secteur de transport de petites lignes, sans autorisations. Les citoyens voient en eux des sauveurs. Dans beaucoup de localités, leurs arrêts commencent à s'organiser. Ces derniers temps, le transport entre les localités commence à voir le jour dans l'informel. Ainsi, la liste des problèmes vécus quotidiennement par les transporteurs et les voyageurs est très longue. Le secteur est malade de sa gestion. Les banques ont cessé de financer le créneau pour cause de pléthore. La direction du transport refuse d'octroyer des autorisations pour des projets de cars privés financés par ces banques. Les lignes secondaires sont assurées en majorité par l'informel. L'organisation des horaires dans les arrêts et l'inexistence des arrêts dans les localités et les communes bloquent les navettes, laissant les voyageurs s'éterniser dans les arrêts devant des chaînes de fourgons. Beaucoup de voyageurs, des véhicules nombreux, dans la wilaya de Tizi Ouzou, donnent comme résultat: manque de transport. Il est évident que c'est une restructuration pure et simple qui doit être opérée dans le secteur.