De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Les usagers du transport public de voyageurs de la wilaya de Tizi Ouzou en souffrent beaucoup sachant que les solutions à leurs doléances ne peuvent venir des transporteurs qui eux-mêmes font face à diverses contraintes matérielles et réglementaires. Les deux parties accusent ouvertement l'administration de maintien de la cadence du pourrissement qui gangrène les secteurs stratégiques dans toute la Kabylie depuis des années. Si les responsables locaux ne cessent de parler d'avancées quantitatives (qui sont, d'ailleurs, le fruit des seuls efforts du privé), la qualité de service et ses conditions sont tout simplement obsolètes et frisent l'insupportable. Il y a une douzaine de stations de fourgons qui desservent les 21 daïras alors que le nombre d'opérateurs avoisine 4 000 pour autant de fourgons aménagés, selon la direction du transport. «Les mesures dont vous parlez existaient déjà au début des années 2000, mais, croyez-vous que le pays souffre d'inexistence de lois ? L'Algérie dispose dans tous les domaines de textes de loi intéressants à tous points de vue, mais le problème réside dans l'application des lois, décrets, ordonnances… Même chose pour le secteur du transport : un texte existe depuis 2001 pour la protection des usagers de toutes sortes de nuisances dans l'intérêt du propriétaire et du conducteur du fourgon aménagé», déclare un cadre de la direction du transport à propos des mesures à observer dans le secteur, telles l'hygiène, la propreté, la remise d'un ticket aux voyageurs, les longues attentes dans les arrêts, l'interdiction des supports sonores, etc. Il cite le cas de retrait des autorisations pour les opérateurs dans les situations d'immobilisation : «La direction du transport devrait d'abord aviser et informer les opérateurs avant d'enclencher la procédure en question. Les opérateurs sont censés connaître la loi et puis il n'y a que par le pointage qu'on pourrait établir l'immobilisation d'un transporteur. Ce n'est pas en demandant indûment au concerné l'ancienne assurance qu'on arrivera au résultat recherché.» Notre interlocuteur souligne la non-application de telles mesures dans la wilaya où «transporteurs et usagers sont abandonnés». Cela dit, il est facile de constater que les stations de transport de voyageurs sont dépourvues des moindres commodités. «En plus des ordures qui inondent tous les espaces et les lieux de travail, il n'y a ni sanitaires ni Abribus, ni sièges pour se reposer ni rien d'autre. La signalisation fait défaut ; le voyageur est perdu au milieu des tas de fourgons tassés n'importe comment et n'importe où», affirme un habitué de la ligne Fréha-Tizi Ouzou. On signale aussi le problème de l'insécurité qui règne aux abords des stations à cause de la présence des bandes de voyous. Les scènes d'agression et de vol à la sauvette sont toujours là pour rappeler la nécessité impérieuse pour les représentants de l'Etat d'assurer la sécurité avec l'argent des impôts collectés des transporteurs. Ces derniers ne sont pas satisfaits de la qualité du réseau routier et pour cette raison, certains fuient la recette des contributions, préférant travailler au noir. «Travailler au noir est la mode des personnes qui traficotent, sachant que sans la fraude elles ne peuvent rentrer dans leurs frais», commente un taxieur clandestin de Tizi Ouzou. Le nouveau plan de circulation du chef-lieu de wilaya et l'entreprise de transport urbain, dotée d'une capacité de 100 places, doivent apporter des solutions. La délocalisation de la station de fourgons interdaïras, située en bas du stade du 1er Novembre, vers les cinq gares intermédiaires est censée contribuer à régler ce problème. «Ces actions permettront de décongestionner la ville et offriront à la population un transport et une prestation de qualité. Cela rendra Tizi Ouzou plus aérée avec une régularité et une professionnalisation des transports», promettait le directeur du transport lors du lancement de ces projets qui connaissent toujours une grande lenteur.