Le Malien passe pour être quelqu'un qui croit en ce qu'il fait. Politique et football n'ont jamais fait bon ménage. Le 7 janvier dernier, Frédéric Kanouté, l'attaquant malien du FC Séville, a fêté son but inscrit face au Deportivo La Corogne (2-1), en huitième de finale aller de la Coupe du Roi, en soulevant ostensiblement son maillot sévillan. Sous celui-ci, un tee-shirt portant une simple inscription: «Palestine», en plusieurs langues, pour soutenir la cause palestinienne alors que les combats font rage à Ghaza. La Fédération espagnole a décidé de sanctionner d'une amende de 3000 euros l'ancien Lyonnais, non pas pour la teneur du propos, mais pour le fait d'avoir enlevé son maillot et d'avoir exprimé un propos non lié au football. «Je me devais de faire quelque chose. Je suis à 100% responsable de mes actes et je suis prêt à accepter des sanctions (...) Tout le monde doit se sentir concerné par ce qui se passe en Palestine, nous devons tous nous sentir concernés par une injustice que ce soit en Palestine ou ailleurs». Sur l'antenne de Telecinco, Frédéric Kanouté n'a exprimé aucun regret. Musulman pratiquant depuis sa conversion à l'âge de 20 ans, le buteur français a assumé son soutien au peuple palestinien lors de la rencontre FC Séville-La Corogne. Même si le message n'était nullement hostile envers Israël, il enfreignait pourtant l'article 5 du code disciplinaire de l'UEFA. Celui-ci stipule en effet qu'il est interdit «d'utiliser un événement sportif pour une manifestation étrangère au sport». On se souvient de la polémique née de l'interdiction par le Comité international olympique de porter un signe distinctif lors des Jeux olympiques de Pékin, afin de marquer le coup après la répression du peuple tibétain par le gouvernement chinois. Sport numéro1 à travers le monde, le football a déjà été, par le passé, un lieu d'expression politique. Des rencontres historiques entre les deux Corée au récent match entre l'équipe de Palestine et la Jordanie, à Jérusalem, le 26 octobre dernier, le ballon rond a souvent servi d'instrument pour réconcilier les peuples par le symbole du sport. Le cas d'Israël est particulier. En raison du boycott des pays arabes, la sélection de l'état hébreu est contrainte d'évoluer au sein de la Confédération européenne depuis 1991. Raphael Schulz, ambassadeur d'Israël en Espagne, a d'ailleurs tenu un discours très mesuré, alors que la polémique a fait rage de l'autre côté des Pyrénées. «Son acte n'incite pas à la violence, mais c'est à la commission de discipline de trancher», a-t-il expliqué dans les colonnes du journal Marca. Le cas de Frédéric Kanouté n'est pas isolé. Le 28 janvier dernier, le milieu de terrain Mohammed Abou Trika avait déjà apporté son soutien à la cause de Ghaza, en arborant une inscription sur un tee-shirt après avoir marqué face au Soudan, lors de la Coupe d'Afrique des Nations. «Il a prouvé qu'il était courageux en soutenant notre peuple (...). Tous les enfants de Ghaza adorent le football espagnol et seront fiers de ce geste», a déclaré l'ambassadeur de Palestine en Espagne, Mahmoud Abdelmounaim. Très pieux, Frédéric Kanouté avait déjà provoqué la polémique en refusant de porter le maillot de sa formation floqué du nom d'un sponsor lié aux paris sportifs, car contraire à ses convictions religieuses, au début de la saison 2006-2007. Il avait fini par céder aux sirènes de 888.com, en obtenant qu'un plus grand pourcentage des gains soit reversé à l'association humanitaire «Save the Children». Selon la presse malienne, Frédéric Kanouté aurait également versé un chèque de 500.000 euros pour la réfection d'une mosquée de Séville. Très fier de porter les couleurs de son pays d'origine, il s'était emporté contre la décision de la FIFA de l'obliger à quitter sa sélection pour rejoindre le FC Séville, afin de disputer un match de championnat face au Real Madrid, lors des dates internationales de préparation pour la Coupe d'Afrique des Nations 2008. Elu meilleur joueur africain en 2007, par la Confédération africaine de football, il figure parmi la liste des 5 nominés pour le titre 2008. Tout comme Mohamed Abou Trika...