Adami semble plus peiné par la victoire d'El-Islah que par les résultats du scrutin. Le patron d'Ennahda est reconduit à la tête de son parti 24 heures après avoir déposé la démission de son bureau, jeudi dernier. Ahmed Adami et les membres du bureau national ont été sauvés par une décision du majless echoura du rejet de la démission de la direction, au motif de la nécessité de sauvegarder la cohésion du parti à la veille des élections locales qui devront se tenir dans moins de six mois. Depuis son échec devant son éternel rival Abdallah Djaballah, Adami semble ne pas savoir sur quel pied danser. D'une conférence à une autre, ce grand perdant des islamistes veut à tout prix voler la vedette à ses rivaux, en attendant des jours moins pénibles pour son parti. Ainsi, les résultats de la précédente consultation électorale ne sont, en fait, tombés que pour confirmer le chaos. Un siège difficilement obtenu, une base de plus en plus démoralisée et comme un drame n'arrive pas seul, le parti de Djaballah est en train de réduire Ennahdha à sa plus simple expression. Plusieurs militants et cadres quittent ce mouvement pour rejoindre El-Islah. Il fallait donc, un coup médiatique pour calmer les esprits inquiets sur les chances de ce parti aux élections communales prévues dans six mois. La démission en bloc du bureau national en attendant le renouvellement de la confiance du majless echoura était prévisible. D'ailleurs, le geste de Adami et de ses collègues a, tout de suite, été interprété, par la base même du mouvement, comme une manière de justifier un échec. Pour Adami, tout le monde a participé à l'échec d'Ennahda. De Zerhouni qui «a rayé 53 candidatures de ce mouvement, le FLN qui a fraudé pour son compte jusqu'à Djaballah et Louisa Hanoune qui ont participé à donner une légitimité à cette élection mascarade». Sans donner d'explication sur la contribution de ces deux derniers dans le «complot», il a estimé qu'il était impossible que son parti perde dans ses fiefs de l'est du pays. Tout comme Nahnah, Lahbib Adami semblait beaucoup plus peiné par la victoire du mouvement El-Islah que par les résultats du scrutin. La science, avec laquelle il avait organisé le putsch contre Djaballah en 98, n'a pu résister à la magie de ce dernier qui, depuis sa candidature à la présidentielle de 99, n'a pas cessé de piocher dans ses rangs. Les coups durs, Adami a commencé à en recevoir depuis cette date. Il n'en finit pas d'en recevoir. C'est sans doute, le prix à payer pour son accession aux antichambres du pouvoir. La maigre parcelle du pouvoir qu'il a pu obtenir s'est traduite par une place minime à la coalition et une déception difficile à surmonter. D'autant plus que la course aux communes s'annonce incertaine.