En Irak, au Proche-Orient et en Afghanistan, le statu quo n'est pas la solution envisageable tant il est à la fois coûteux et meurtrier. Barack Obama ou Barack Hussein Obama? IL sera investi officiellement demain 44e président des Etats-Unis d'Amérique. Si le monde entier attend avec impatience cette investiture qui suscite de grands espoirs de changement, la question lancinante est de savoir ce que le successeur de George W.Bush fera des Arabes. M.Bush a été le pire président qu'ont connu les Arabes et les musulmans. Deux guerres, l'Afghanistan et l'Irak, deux prisons célèbres avec des scandales, Abou Ghreib et Guantanamo, et des promesses jamais tenues, comme l'instauration d'un Etat palestinien avant la fin de son mandat. Autant de bavures qui ont souillé la bannière étoilée et causé une totale rupture diplomatique avec le monde arabe et musulman. Le cautionnement de l'Administration Bush à l'agression israélienne contre Ghaza, a totalement achevé ce qui reste de la crédibilité de l'Amérique dans le monde arabe. De ce fait, les dirigeants israéliens ont placé leur allié américain devant un fait accompli - une guerre très impopulaire dans le monde arabe - et ont obligé le nouveau président à se saisir en urgence d'un dossier miné. M.Obama a assuré, la semaine dernière, qu'il s'engagerait sur la situation à Ghaza «immédiatement» après son investiture le 20 janvier. La partialité dont il risque de faire preuve dans ce legs que lui laisse M.Bush, pourrait entamer assez vite sa popularité internationale. En Irak, au Proche-Orient et en Afghanistan, le statu quo paraît envisageable tant il est à la fois coûteux et meurtrier. Au demeurant, c'est en invoquant la nécessité d'un retrait d'Irak que M.Obama a commencé sa campagne en 2007 et c'est grâce à cette insistance qu'il a vaincu Mme Hillary Clinton - sa future secrétaire d'Etat - lors des primaires démocrates. Il y a donc une relation directe entre l'investiture du 44e président américain et la situation qui sera redessinée dans le monde arabe, notamment au Proche-Orient. A nouveau président, nouvelle situation. La priorité est aussi de reprendre le processus de paix au Proche-Orient, presque gelé durant les deux mandats de Bush qui a toujours pris fait et cause pour les faucons de Tel-Aviv. Avec l'agression sauvage de l'armée israélienne contre Ghaza, de nouveaux rapports de force se sont dégagés. Et c'est sur la base de ces nouvelles données que le président Obama ira exhumer la paix dans les décombres de la guerre. C'est dire que l'agression contre Ghaza n'a pas été une simple réplique contre les missiles du Hamas, comme le prétendent les Israéliens. Il s'agit en fait d'une action concoctée entre les services de renseignements américains et israéliens avec une approbation tacite de leurs homologues égyptien, saoudien et palestinien. Et dans une double lecture, les observateurs y voient une volonté de réanimer de plus belle l'axe Riyadh-Le Caire qui aspire réellement à régenter le monde arabe. Le fait est que c'est l'Egypte qui mène le bal dans le monde arabe. Les pharaons ne sont pas prêts à abandonner cette position de leadership, quitte à pactiser avec le diable, fût-il juif. Aujourd'hui, le président égyptien n'est pas seulement l'homme des Américains dans le monde arabe mais également de l'Europe. Au plan diplomatique, Moubarek est le grand vainqueur dans cette agression en ce sens qu'il a renforcé sa position et son influence au plan international. Le gouvernement sortant israélien et l'Autorité présidée par Mahmoud Abbas se demandent si M.Obama va décider que la guerre de Ghaza a signé l'arrêt de mort de la solution de deux Etats, préconisée sans succès par M.Bush. A moins que le président américain ne se pose en meneur actif et déterminé d'un nouveau dialogue entre Israël et l'Autorité palestinienne en vue d'un accord de paix. Dans tous les cas, «nous espérons que des ruines et des champs de bataille de Ghaza, le président Obama se consacrera, dès son premier jour, à résoudre une fois pour toutes ce conflit», confie Saëb Erakat, principal négociateur palestinien. Une attente qui risque de ne pas être partagée par le leader de la droite israélienne, Benjamin Netanyahu, favori de l'élection du 10 février. «Personne ne sait ce qu'Obama va faire. Mais il est certain que la guerre à Ghaza va l'attirer dans le chaudron proche-oriental plus vite qu'il ne l'escomptait», estime le politologue Mark Heller, de l'université de Tel-Aviv. «Cette guerre lui a montré que les blessures sont si profondes qu'il n'a pas d'autre choix que de s'en occuper rapidement», renchérit le professeur Menachem Klein, de l'université Bar Ilan. Avec cet insoluble défi arabe, Obama en aura encore d'autres dont le plus urgent pour lui: la situation interne de son pays. Incontestablement, la priorité du 44e président des Etats-Unis sera accordée d'abord à l'Amérique, au plan interne où la situation est des plus catastrophiques. Jamais l'empire US n'a été aussi menacé par une dépression économique. L'année 2008 s'achève avec une perte de 2.600.000 emplois aux Etats-Unis, dont 1.900.000 rien que sur les quatre derniers mois de l'année. Cela représente la pire performance depuis 1945.