Il a préféré l'amour des supporters du Milan AC à leurs millions d'euros. Le refus de Kaka de rejoindre Manchester City lundi soir est une leçon pour ses nouveaux propriétaires émiratis: une pluie de pétrodollars ne sera pas suffisante pour faire de ce club de second rang un grand d'Europe. Ce fut sans doute une nuit difficile pour les représentants de la famille régnante d'Abou Dhabi, celle où le Brésilien est venu leur rappeler les vers d'un voisin de Manchester, John Lennon: «Tell me that you want those kind of things that money just can't buy. For I don't care too much for money. For money can't buy me love». «Dis moi que tu veux ce genre de choses que l'argent ne peut acheter. Parce que l'argent m'importe peu. Parce que l'argent ne peut m'acheter l'amour». Joueur le mieux payé de l'AC Milan, Kaka a préféré «l'amour» des supporteurs «rossoneri» aux 550.000 euros hebdomadaires promis. Quand le Brésilien a rejeté une première offre, les dirigeants de City y ont vu une tactique de négociation à laquelle ils ont réagi en revoyant à la hausse leur offre. Mais le champion du monde 2002 n'est pas un client habituel. Il est plus difficile de négocier avec un homme qui entend rester dans «un endroit où tout le monde l'aime», prend ses décisions après «avoir longuement prié», ou affirme qu'il n'a «jamais demandé d'augmentation de salaire et ne le fera jamais». L'argent n'achète pas plus l'amour que les palmarès. Or, le dernier sacre en Championnat de City remonte à 1968, grosso modo l'époque du «Can't buy me love» des Beatles. Les millions du Russe Roman Abramovitch n'ont pas été les seuls ingrédients des titres de champion de Chelsea en 2005 et 2006, fruits d'une politique entamée bien en amont. «Manchester City n'est pas le bon club pour Kaka», a lâché l'Espagnol Fernando Torres. «Ils doivent d'abord jouer la Coupe de l'UEFA ou la Ligue des champions. Sinon, je n'imagine pas de grands joueurs les rejoindre.» Le fiasco Kaka est le plus retentissant, mais ce n'est pas le premier échec. Lassana Diarra et Dimitar Berbatov ont préféré le Real Madrid et Manchester United. Le milieu d'Arsenal Cesc Fabregas a jugé qu'un tel transfert serait «suicidaire» pour sa carrière. Pour l'heure, Robinho, soufflé à Chelsea, est la seule star à avoir rejoint le club. Et comme pour rendre la pilule Kaka plus amère, il a quitté lundi soir sans autorisation le camp d'entraînement du club en Espagne. Mais la leçon de Kaka n'a peut-être pas été apprise par les dirigeants de City. Furieux après l'AC Milan qui aurait «tout fait foirer», ils semblent désormais enclins à soigner leur déception en trouvant preneurs pour leurs millions. Les noms des cibles s'étalent dans la presse britannique: Franck Ribéry, Lucio, Iker Casillas, Diego, Zlatan Ibrahimovic, David Villa, Cristiano Ronaldo...