Il s'agit de faire de l'Islam une religion de paix et de tolérance sans le djihad armé. «La nation musulmane a besoin d'une génération de jeunes novateurs à même de lui permettre de renouer avec son rôle émancipateur dans le concert des nations», a estimé à Alger le prédicateur Amr Khaled. Lors d'une conférence sous le thème «les novateurs et la relance de la nation», M.Khaled a appelé les parents à «inculquer l'amour de la patrie à leurs enfants en vue de construire une jeunesse à même de servir la nation arabo-musulmane et l'aider à opérer sa propre relance». Pour Amr Khaled, les jeunes, qui constituent 70% des populations du monde arabe, «pourraient mettre leur potentiel innovateur au service de leur nation, appelant les gouvernements dans les pays arabes et musulmans à ouvrir la voie aux jeunes en les associant à l'oeuvre d'édification et de construction». Il a, par ailleurs, recommandé aux jeunes musulmans de «s'éloigner de toute forme d'extrémisme et de déviation et de demeurer attachés à la religion». Cet ancien Frère musulman, est né, à Alexandrie, dans une famille aisée en 1967. Il est diplômé en comptabilité de l'université du Caire. En 2001, il obtient un diplôme de l'Institut d'études islamiques. Il a commencé à prêcher en 1990 dans des mosquées et des clubs privés. Ses conférences et émissions sont très populaires et touchent toutes les couches de la population. Malgré cela, des cheikhs de la mosquée El-Azhar expriment une certaine méfiance quant à sa popularité. Les autorités égyptiennes, et bien qu'il se déclare apolitique, s'inquiètent de l'influence qu'il a sur les Egyptiens, et en particulier sur les riches familles influentes. Les pressions, que ces autorités ont exercé sur lui, l'ont poussé à s'exiler au Royaume-Uni. Ses activités sur les chaînes satellitaires et sur Internet n'ont pas cessé pour autant. Son projet aujourd'hui est simple, c'est relancer la Nahda autour des principes de cette nation et faire de l'Islam une religion de paix et de tolérance qui ne passe plus par le jihâd armé, mais par la mise sur pied, à l'échelle du monde arabe, d'un réseau de projets de développement. Toujours selon le même conférencier, il s'agit pour les musulmans de «s'atteler à former une génération de jeunes à même d'opérer le renouveau et de réaliser le progrès». Il a rappelé à ce titre que «le Khalife Omar Ibnou El Khattab fut le premier à avoir décrété le principe de crédits alloués aux jeunes pour mettre en oeuvre des projets rentables pour la société». Il a également cité le savant Sinan qui a le mérite d'avoir empreint les mosquées du cachet architectural, El Farabi qui a fondé la première clinique de psychothérapie de l'histoire musulmane et Ibn Khaldoun le père de la sociologie. A une question sur la dualité entre authenticité et modernité, M.Amr Khaled a répondu que l'une n'empêchait pas l'autre. Il s'agit, a-t-il dit, d'inculquer à nos enfants les valeurs et principes qui les rattachent à leurs idéaux et à leur religion et de les armer du savoir, pour le reste ils sauront trouver la voie. Aujourd'hui, cela paraît inaccessible, tant la crise et les divisions sont profondes. Ces divisions entre toutes les sensibilités se manifestent par des prises de position différentes voire opposées, ce qui affaiblit d'autant l'unification.