A 250 DA le kilogramme, elle s'est forgée une place de choix dans le débat qui entoure la baisse du pouvoir d'achat. Les ménagères ne traînent plus très longtemps du côté des étals de poissons. La sardine a atteint le prix record de 250DA le kg, quant au poisson blanc, en plus d'être rare, il est tout simplement hors de portée pour les petites bourses. Le kg de rouget affiche la rondelette somme de 1000DA le kg. Un petit coup d'oeil et puis s'en vont. A défaut, les éventuels clientes et clients posent la question inévitable: «C'est combien le kilo de sardine»? Comme si leurs yeux n'arrivaient pas à croire le prix affiché sur la petite pancarte couleur ardoise. La question agacera-t-elle le poissonnier? C'est à craindre. Etonnement. Il répond d'un air presque gêné: «250DA» Cela suffit apparemment à décourager même les bourses les plus téméraires. Encore un produit de large consommation qui tombe dans l'escarcelle de ces produits que l'on ne peut plus se permettre d'approcher au risque de faire subir à son porte-monnaie une nouvelle saignée. Alors, la sardine sera-t-elle au menu des candidats à la magistrature suprême? La question aurait pu prendre une tournure ludique si ce n'était qu'un concours de circonstance. Malheureusement, elle vient s'ajouter à une liste déjà longue qui mine le quotidien des Algériens. La flambée des prix des produits de large consommation a non seulement affaibli le pouvoir d'achat des citoyens mais elle a surtout contribué de manière dangereuse à troubler les habitudes culinaires de milliers de foyers. Ce qui a fini par poser un sérieux problème de santé publique. Les repas des Algériens sont loin d'être équilibrés. De nouveaux reflexes sont nés: sandwich «garantita» harissa, mayonnaise, consommation abusive de sucreries, de pâtes...entraînant des complications de santé: colopathie, hypertension, diabète...A travers le territoire national et dans toutes les chaumières d'Algérie, pour la ménagère, à chaque jour suffit sa peine. Chaque jour peut lui réserver une mauvaise nouvelle, une désagréable surprise qui cible son panier à provisions. Il risque de revenir à moitié vide ou à moitié plein, c'est selon l'appréciation. Un défi quotidien. Un parcours du combattant pour faire bouillir la marmite. Tour à tour, la banane, la tomate, la pomme de terre et même l'oignon lui ont fait défaut. Que penser du prix du café et de celui de l'huile qui avait atteint 950DA le bidon de 5 litres. La sardine n'est cependant pas à son premier coup d'éclat. Elle avait atteint déjà les 250DA en 2005 à Oran et pratiquement à la même époque alors qu'Aïn Turck s'apprêtait à acceuillir le Salon euro-mediterranéen de la pêche. Au mois de mai 2006, au cours d'une intervention sur les ondes de la Radio nationale, Smaïl Mimoun, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, avait déclaré: «Les professionnels sont en train de se doter d'une flotille de bateaux de pêche d'une longueur de 25 à 38m pour pouvoir pêcher au large.» A la fin de l'année 2005, la production avoisinait les 140.000 tonnes, ce qui était loin de répondre aux besoins d'une population dont la consommation était estimée à plus de 5kg par habitant. La question que pose l'explosion du prix de la sardine doit être prise au sérieux. Ce type de poisson est un produit de consommation incontournable. S'il n'a pas été érigé en plat national au même titre que le couscous il n'en demeure pas moins que l'Algérien lui voue un véritable culte. Grillée, frite ou cuisinée en boulettes, elle demeure un des plats préférés des populations des villes côtières et même de celles de l'intérieur. Elle est consommée dans la convivialité. Elle est devenue, par la force des choses, un sujet à polémique.