Outre Islamabad et Kaboul, sa visite doit également le conduire en Inde, l'éternel rival du Pakistan, L'émissaire américain pour l'Afghanistan et le Pakistan, Richard Holbrooke, entamait hier au Pakistan sa première tournée consacrée à la crise afghane, principal front selon Washington de la «guerre contre le terrorisme» dans la région. Outre Islamabad et Kaboul, sa visite doit également le conduire en Inde, l'éternel rival du Pakistan, les relations entre les deux puissances militaires nucléaires voisines s'étant dangereusement dégradées depuis fin décembre avec les attaques terroristes de Bombay, perpétrées par des fondamentalistes islamistes pakistanais. Dimanche à la Conférence sur la sécurité à Munich, dans le sud de l'Allemagne, le diplomate a donné le ton, avec la franchise qui a fait sa réputation: le conflit en Afghanistan «sera beaucoup plus dur qu'en Irak». «Je n'ai jamais rien vu qui ressemble au désordre dont nous avons hérité» en Afghanistan, avait ajouté ce diplomate rompu aux situations délicates, artisan de l'Accord de paix de Dayton qui avait mis fin, en 1995, à la guerre en Bosnie. Et les voisins de l'Afghanistan «font partie de la solution», a-t-il poursuivi à Munich, estimant que «la situation au Pakistan est désastreuse». Ce pays «a besoin de l'aide, de la sympathie et du soutien de la communauté internationale», avait-il conclu. Le président américain Barack Obama, qui considère l'Afghanistan, où les 36.000 soldats américains représentent plus de la moitié des forces internationales, comme le principal front de la «guerre contre le terrorisme», a confié à M.Holbrooke la mission de «coordonner» la totalité de la politique de la nouvelle administration en Afghanistan. Or M.Obama, qui compte y envoyer jusqu'à 30.000 soldats en renfort cette année, considère que la situation dans ce pays est intrinsèquement liée à celle du Pakistan, où Al Qaîda a reconstitué ses forces et les taliban afghans leurs bases arrière dans les zones tribales frontalières du nord-ouest, soutenus par les talibans pakistanais. Ces derniers, tout comme Oussama Ben Laden en personne, ont décrété à l'été 2007 le jihad à Islamabad, l'accusant d'être un allié-clé des Etats-Unis dans leur «guerre contre le terrorisme». Le Pakistan a déjà payé un lourd tribut à cette alliance: près de 1600 personnes ont été tuées en 20 mois dans une vague sans précédent d'attentats, suicides pour la plupart, et près de 2000 soldats pakistanais ont péri dans les combats dans les zones tribales depuis début 2002. M.Holbrooke «n'est porteur d'aucun message pour aucun des gouvernements (des pays visités), ni de la secrétaire d'Etat (Hillary Clinton), ni du président» Obama, avait expliqué le département d'Etat lors de l'annonce du voyage au début du mois. L'émissaire américain, attendu tard hier soir pour un séjour de trois jours, rencontrera, entre autres, le président pakistanais Asif Ali Zardari et le Premier ministre Yousuf Raza Gilani, a indiqué le ministère pakistanais des Affaires étrangères. Le voyage de M.Holbrooke intervient alors que les forces américaines en Afghanistan ou la CIA multiplient ces derniers mois les tirs de missiles visant des cadres d'Al Qaîda dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, Islamabad protestant publiquement mais en vain.