En 2008, une femme à la tête d'un groupe de dealers, a été condamnée à 8 ans de prison. Plus de 180 femmes, âgées entre 20 et 40 ans, ont été mêlées directement ou indirectement, en 2008, à des affaires de justice pour diverses infractions liées au banditisme, selon les services de sécurité de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Dans ce bilan, on relève l'implication de 67 femmes dans les affaires de drogue (vendeuses ou consommatrices). L'on n'explique pas les raisons qui ont poussé la jeune fille ou la femme à venir au banditisme. Selon les avocats, qui ont eu à défendre plusieurs femmes devant les barreaux, «les conditions sociales de ces malheureuses, issues de familles brisées, ont largement contribué à la propagation de ce fléau. De par leur fragilité psychologique, ces femmes deviennent la proie des trafiquants qui les utilisent pour écouler des petites quantités, au départ, devant les centres universitaires ou même les lycées avant de sombrer dans la délinquance», explique-t-on. En 2008, une grande affaire de drogue a défrayé la chronique locale lorsque la police judiciaire a démantelé un groupe de huit personnes ayant à sa tête une femme, C.R, la trentaine, soupçonnée par les enquêteurs de la police judiciaire d'être le cerveau de la bande. Plus de deux kilos de kif traités ont été trouvés en sa possession. Elle a été condamnée à 8 ans de réclusion ferme assortie d'une amende de 5 millions de dinars. Une autre femme âgée de 23 ans, mère de deux enfants et résidant pourtant dans une commune enclavée et rurale, tendait avec la complicité de son mari et deux autres acolytes des souricières. L'astuce était simple: attirer les victimes à l'aide d'un portable dans des endroits bien choisis pour les dépouiller de tous leurs biens, y compris leur véhicule. Arrêtée, la femme est placée sous mandat de dépôt tandis que son mari et ses deux complices restent activement recherchés. L'implication de la femme dans des affaires de banditisme est un phénomène nouveau au niveau de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Par le passé, la femme était davantage impliquée dans des petites affaires de moeurs légères ou de la petite escroquerie avec les bijoutiers. Aujourd'hui, le fléau tend à prendre des proportions alarmantes. Les causes sont aussi nombreuses que diverses. Ces filles se recrutent le plus souvent dans des bars et cabarets de la ville. Cependant, en dépit du nombre impressionnant d'associations, aucune n'a pignon sur rue pour prendre en charge ces femmes désespérées, proies des malfaiteurs, excepté quelques tentatives de la Direction de l'action sociale (DAS). «Nous ne refuserons jamais une prise en charge complète, même les soins médicaux, à une fille ou une femme avec enfants en détresse, nous avons un centre d'accueil implanté dans la commune de Sidi Embarek, c'est insuffisant comme structure, nous avons déjà quelques pensionnaires, mais hélas, parfois, l'on n'y peut rienquand il s'agit de cas délicats comme le divorce ou la fugue», regrette M.Derdèche Abdallah, DAS, soulignant que «ces femmes ont besoin d'autre chose que de la nourriture, des vêtements ou des médicaments, la chaleur familiale ne peut être remplacée et dans ce domaine, les associations, hélas, n'ont pas tenu leur rôle, faute également d'infrastructures mais aussi d'initiatives pour ce genre d'opération très sensible». Et c'est ce noeud gordien que mettent à profit certains milieux mafieux pour recruter ces femmes.