Samedi, le roi Abdallah a remanié son gouvernement, pour la première fois depuis son accession au trône en 2005, nommant quatre nouveaux ministres. Le remaniement ce week-end du gouvernement saoudien, avec l'éviction de conservateurs hostiles à une libéralisation et l'entrée pour la première fois d'une femme au gouvernement, a été salué dans un pays qui attendait depuis longtemps des réformes. «Tout cela est fantastique. C'est ce pour quoi nous nous battions», déclare Ibrahim Mugaitib, chef de l'ONG «Human Rights First Society», en lutte depuis des années pour la défense des droits de l'homme dans le Royaume. Samedi, le roi Abdallah a remanié son gouvernement, pour la première fois depuis son accession au trône en 2005, nommant quatre nouveaux ministres. Il a également procédé à des changements à la tête des principales instances judiciaires, nommé 79 nouveaux membres au conseil consultatif du Majlis al-Choura, sur un total de 150, selon le quotidien londonien Al-Hayat, et restructuré le Comité des grands oulémas, la plus haute autorité religieuse, dont l'interprétation de la Charia influence la vie quotidienne des Saoudiens. Parmi les changements majeurs ayant apparemment pris pour cible les dignitaires religieux les plus conservateurs et les plus influents sur le système judiciaire, figure le départ du chef du Conseil supérieur de la magistrature, cheikh Saleh al-Luhaidan, longtemps considéré par des militants saoudiens comme un obstacle aux réformes. Le souverain a limogé le chef de la police religieuse, la redoutable Commission pour la propagation de la vertu et la prévention du vice, cheikh Ibrahim al-Gheith, qui a agressivement porté sa campagne en vue d'une application stricte de la charia jusque dans les médias. «C'est un signe clair de changement majeur», commentait le quotidien saoudien Arab News. Il est difficile de prédire l'impact des mesures royales dans un pays où se sont multipliés ces dernières années les appels aux réformes et à un meilleur statut de la femme, soumise à une série de restrictions. La princesse Amira al-Taweel, épouse du prince milliardaire Al-Walid ben Talal, s'était dite la semaine dernière frustrée de ne pouvoir conduire dans son propre pays. Mais la nomination d'une femme, Noura al-Fayez, comme vice-ministre de l'Education, une première dans le Royaume, aura sûrement un impact même si cette mesure ne répond que partiellement aux attentes des réformateurs. En janvier, la presse saoudienne avait prédit l'entrée de six femmes au Majlis al-Choura où les Saoudiennes ne sont pas représentées. Aucune femme ne figure sur la nouvelle liste des 150 membres, ce qui devrait y remettre la présence de Saoudiennes à 2013 au plus tôt, à l'expiration de l'actuel mandat. Mais les changements les plus significatifs ont touché les instances religieuses, qui influencent largement l'éducation, la justice et la vie sociale dans le Royaume. L'éviction de M.Luhaidan, qui a embarrassé le gouvernement en septembre lorsqu'il avait appelé à tuer les propriétaires des chaînes de télévision diffusant des émissions «immorales», devrait ouvrir la voie à des réformes dans un système judiciaire archaïque. Cette perspective est soutenue aussi par la restructuration du Comité des grands oulémas, avec la nomination par le souverain de nouveaux membres, incluant pour la première fois des représentants des quatre doctrines de l'Islam sunnite. Ce Comité était jusqu'ici exclusivement formé de membres se réclamant de la doctrine hanbalite, une branche fondamentaliste dont est issu le wahhabisme, dominant en Arabie Saoudite.