Paul Péan épingle, dans un chapitre, les dérives de la célèbre journaliste, dans le civil épouse du chef de la diplomatie française. L'auteur de Le monde selon K. consacre dans son livre quelques pages acides et savoureuses à la «Reine Christine» (Christine Ockrent à l'état civil) épouse du chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, et journaliste de son état. En fait, Mme Ockrent, connue dans le milieu de la presse française sous le sobriquet de «Reine Christine», s'est signalée ces dernières années par le peu de cas qu'elle faisait de l'éthique journalistique, mêlant allégrement profession et business. Utilisant la première afin de faire fructifier le second, accusent les mauvaises langues, Mme Ockrent faisait fi d'une déontologie sourcilleuse qui accepte mal cette confusion des genres. Paul Péan ne semble pas avoir eu de réelles difficultés à mettre en lumière ses voltiges avec l'éthique professionnelle et confondre Mme Ockrent qui défraie la chronique parisienne tant ses déviations «journalistiques» étaient notoires. En fait, mettant «astucieusement» à profit sa profession, la «Reine Christine» brassait large, se faisant payer très cher chacune de ses interventions ou conférence lors de forums, banquets et autres colloques très médiatisés et très courus par la jet-set. Mais ce qui a particulièrement soulevé l'ire de la profession en France et à l'étranger - notamment les associés de la France dans l'audiovisuel et la télévision - c'est la nomination de Christine Ockrent à la tête de «France Monde», devenue «l'Audiovisuel extérieur de la France» (AEF), une institution qui coiffe l'ensemble des radios et télévisions d'expression française en direction de l'étranger. Ainsi, les associés de la France dans TV5Monde par exemple - qui sont le Canada, la Belgique, la Suisse et l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) - ont vertement protesté, ayant très peu goûté cette entourloupe à l'éthique, d'autant plus que la nouvelle structure dirigée par Mme Ockrent dépend du ministère français des Affaires étrangères, dirigé par un certain Bernard Kouchner, dans le civil, mari de l'heureuse promue. Beaucoup de professionnels des médias en France ont été choqués, condamnant cette dérive à relent de népotisme et de s'interroger: «Imagine-t-on le mari de Condoleezza Rice (Cf ancienne secrétaire d'Etat américaine dans l'administration Bush qui, soulignons-le, est célibataire) promu directeur général de Voice of America?» la chaîne internationale de propagande américaine. Certes! Ce qui a fait dire et écrire à nombre de commentateurs français des choses pas charitables pour la «Reine Christine» que résume intelligemment le très conservateur quotidien Ouest-France qui écrit: «Dans une République bananière, la nomination d'une femme de ministre en tant que directrice générale de France Monde, une holding regroupant les participations de l'Etat dans différentes chaînes de radio et de télévision à vocation internationale, nous aurait fait sourire ironiquement. Chez nous, non.» Mais il n'y a pas que cela. En effet, Christine Ockrent, outre de faire dans les «conférences rémunérées», s'est adonnée, avec le président-directeur général de l'Audiovisuel extérieur de la France, Alain Pouzilhac, à un véritable «nettoyage», une sorte de chasse aux sorcières dans certaines radios dépendant de son institution, notamment RFI (Radio France Internationale, dont elle est la directrice déléguée) par le licenciement à tour de bras de journalistes et responsables qui ne sont plus en cours ou ne répondant pas au nouveau profil imposé par les nouveaux responsables de l'AEF. De nombreux journalistes feront ainsi les frais de la politique mise sur pied par Mme Ockrent. Celle-ci, qui reproche à des journalistes de se faire payer pour des extras, a fait exactement la même chose que ce qu'elle interdit à ses confrères de la radio qu'elle dirige. Mais, commente Paul Péan «on ne va quand même pas comparer la "Reine Christine", cette grande journaliste d'exception, si professionnelle, libre, indépendante et désintéressée, à un vulgaire reporter de base!». Dans le livre «dédié» à son mari, Paul Péan consacre ainsi tout un chapitre aux frasques de Mme Kouchner qui, à l'instar de son mari, B.Kouchner, vogue dans un autre monde et ne se considère pas tenue par des règles qui, manifestement, s'imposent à tous mais ne s'appliquent pas aux gens de sa «notoriété», pour qui le respect des règles de déontologie reste très flexible et variable, au gré de ses intérêts.