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«Le progrès passe par les femmes»
CHRISTINE OCKRENT À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 06 - 03 - 2006

Une carrière de journaliste pour la télévision américaine, ensuite française, «Reine Christine» sortira la semaine prochaine un nouveau livre intitulé Le livre noir de la condition féminine.
Elle est une figure célèbre du PAF français, l'épouse de Bernard Kouchner était, samedi dernier, l'invitée du Women's forum for the economy and society, pour parler de son expérience. Dans cet entretien exclusif qu'elle nous a accordé, l'auteur, notamment, de Dans le secret des princes, Stock, Paris, 1986, et de La double vie d'Hillary Clinton, Robert Laffont, Paris, 2001, évoque sa participation dans ce forum, parle de la femme dans le monde et a fortiori, dans les sociétés musulmanes.
L'Expression: Tout d'abord, madame Christine Ockrent, on vous connaît en tant que journaliste, grand reporter, présentatrice télé, écrivaine. En tant que femme qui a réussi professionnellement, pourquoi donc avoir adhéré à ce forum?
Christine Ockrent: Justement quand on a eu dans son métier un certain nombre d'atouts et qu'on a pu aussi mener des équipes, on se rend compte qu'il faut essayer d'accélérer le mouvement dans nos sociétés même s'il y a de grandes différences d'une culture à l'autre. Je crois que partout c'est par les femmes que passe sinon le progrès, en tout cas une forme de développement des sociétés. C'est vrai partout. Là, je sors en France un livre, un gros livre sur la condition des femmes. Un livre collectif intitulé Le livre noir de la condition féminine qui sort la semaine prochaine dans lequel une sociologue algérienne, Wiciny Tamzali, qui travaille en partie à Paris, a fait un chapitre très intéressant sur les situations des femmes justement, au Maghreb. Donc, l'idée de ce forum des femmes pour l'économie et la société est venu de ce constat. Certain nombre d'entre nous en France, nous nous sommes dits, au fond, il faut aider les entreprises à prendre davantage de femmes et il faut aider celles-ci à passer aussi par l'univers de l'entreprise et de l'économie pour, si elles le souhaitent, avoir davantage de responsabilités. Quand Aude de Thuin qui est ici, a eu cette idée, moi j'y ai adhéré volontiers. Nous sommes une dizaine à Paris à essayer de l'aider à monter les programmes et à apporter notre concours. Il y a eu une première réunion en octobre dernier qui a été un grand succès et donc, on travaille maintenant sur la prochaine. L'un des soucis qui m'animent, en particulier est, que pour voyager beaucoup et connaître d'autres situations, il faut avoir rencontré des femmes qui ont des vies beaucoup plus difficiles que les nôtres. Il me semble important qu'il y ait des passerelles justement entre des sociétés, comme la société française où les femmes ont conquis leur place dans un certain nombre de métiers mais ont encore du mal à accéder aux postes de responsabilité, comme la société algérienne où les femmes sont les premières à souffrir toujours des difficultés, du terrorisme, des problèmes d'éducation, de violence... Ce qui est fascinant est que les problèmes sont les mêmes partout. Ce qui change c'est l'intensité et l'échelle de ces problèmes. Mais notre conviction est que bien sûr, par les politiques, l'évolution de la société, par l'éducation d'abord mais c'est aussi, sans doute, par l'économie et l'entreprise, on peut essayer de faire progresser les femmes dans nos sociétés.
Dans votre livre, vous brossez tout de même un tableau assez noir de la condition féminine dans le monde mais vous laissez une petite brèche pour l'espoir. Comment comptez-vous entretenir cet espoir sur le terrain?
Je crois que l'espoir, on l'éprouve à chaque fois qu'on rencontre les femmes et les jeunes femmes qui se battent. C'est-à-dire qui, à leur manière et dans l'espace qu'elles aiment à conquérir, la plupart du temps par l'école, et par l'éducation, ces femmes changent les choses autour d'elles. C'est comme cela que les sociétés progressent. Cela, on le vérifie partout dans les pays riches comme la France qui est un pays riche mais avec des poches de discrimination, notamment, contre les descendants d'immigrés ou les émigrés et même dans ces communautés-là, on voit que ce sont les filles qui s'en sortent. Dans ce livre, Fadhela Amara, qui a créé ce mouvement remarquable qui s'appelle Ni putes ni soumises dans les banlieues, écrit très bien que ce sont les filles qui font bouger les mentalités même si, pour ça, elles doivent s'opposer au grand frère, parfois à leur père, à leur cousin... Tout cela n'est pas simple. Encore une fois, l'espoir vient de gens qui se battent, évidemment de femmes mais il y a aussi des hommes et même si l'on voit que dans toutes les sociétés, toutes les cultures, les problèmes sont toujours pire pour les femmes, on voit aussi que c'est par les femmes que les sociétés évoluent.
Justement, en tant qu'observatrice de par votre statut de journaliste qui a parcouru le monde et au regard des sociétés musulmanes dites «arriérées» et d'autres dites «développées», où situez-vous la société algérienne?
Il y a longtemps que je n'étais plus revenue en Algérie. D'après les conversations que j'ai pu avoir depuis que je suis ici, je crois que c'est une société qui est pleine attente. Il y a une énergie énorme et on sent que cette énergie pense beaucoup à essayer de régler des problèmes d'urgence quotidienne que ce soit le logement, le boulot évidemment, pour autant, il y a des femmes tout à fait remarquables, je pense, notamment, à toutes celles qui travaillent dans le cadre de cette association Wassila et d'autres, qui essayent d'aider les femmes, et, notamment, celles qui ont été victimes de violences ces dernières années.
Comptez-vous, dans l'avenir, entreprendre des actions communes avec l'Algérie et quels seront ces projets?
La raison pour laquelle nous sommes ici, c'est essayer déjà d'expliquer ce que nous faisons et de voir quelles passerelles on pourrait établir parce que, encore une fois, les problèmes sont très différents d'un pays à l'autre, d'un côté de la Méditerranée à l'autre et donc je crois que l'intérêt c'est d'essayer de comprendre et peut-être de voir si on pouvait faire participer quelques femmes algériennes à nos travaux. C'est l'une des pistes. Mais nous sommes venues en exploration.
Défendre les droits de la femme dans l'entreprise semble l'essentiel des objectifs de ce forum. Qu'en est-il de la représentation de la minorité? Des femmes exclues qui ne peuvent même pas prétendre au travail?
Notre travail consiste à faire en sorte que des gens se rencontrent, des femmes entre elles et des hommes et qu'on échange un certain nombre d'idées, un certain nombre d'expériences, qu'on écoute des femmes et des hommes qui sont des sociologues, des universitaires ou de grandes figures qui luttent pour les droits de l'homme et de la femme un peu partout dans le monde, etc. En fait, c'est un lieu d'échange et de confrontation des expériences. Pour revenir à votre question, il y a beaucoup d'associations que nous nous efforçons d'associer à nos travaux. Chacun travail dans son secteur d'expérience et de savoir-faire, tout le monde ne peut pas tout faire. Après, il faut faire en sorte qu'on puisse partager les expériences.
Ne pensez-vous pas que l'image de la femme musulmane reste un peu galvaudée et subit, jusqu'à l'heure actuelle, le poids des clichés entretenus justement par l'imaginaire occidental?
Je pense qu'il y a différentes formes d'interprétations de l'Islam, il y a des sociétés où la femme est mieux respectée, est mieux épanouie. Il y a des sociétés où elle est véritablement bafouée dans ses droits les plus élémentaires. Donc, je crois qu'il faut s'empêcher de simplifier. C'est une grande religion. Le monde musulman est immense. Il est protéiforme et, encore une fois, il y a des sociétés où l'obscurantisme règne, y compris l'obscurantisme religieux où les femmes sont les premières victimes. Cela, je crois qu'on ne peut pas le nier. Il y a d'autres sociétés où d'autres équilibres existent et qu'il faut respecter.


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