Présente à Sidi Bel Abbès, lors du Festival international du film amazigh, un petit tour par ce théâtre, anciennement dirigé par le grand Kateb Yacine, s'imposait... L'Expression: Un mot sur le théâtre que vous dirigez, celui de Kateb Yacine. Assous Hacène: Il est sous la tutelle du ministère de la Culture par décret de décembre 1973. Il a ouvert ses portes en mai 1978, sous la direction de Kateb Yacine et sa troupe de l'Action culturelle ouvrière. Plusieurs pièces y ont été montées. Si on se réfère à ces dernières années, d'il y a 3 ou 4 ans, le théâtre de Sid Bel Abbès a reçu plusieurs prix. On constate une certaine effervescence due à l'institutionnalisation de deux festivals, l'un à l'est à Annaba et l'autre à Sidi Bel Abbès, la région ouest d'Alger. Le nôtre est ouvert à chaque saison aux compagnies, aux coopératives, aux associations qui tentent d'arriver à ce qu'on appelle le théâtre professionnel avec ses exigences. Chaque année se tiennent des compétitions. L'enjeu est que le meilleur spectacle participe au Festival national du théâtre professionnel à Alger au mois de mai. Le deuxième et troisième sont présents mais hors compétition. Cela veut dire que ce festival a créé une dynamique de création. C'est un espace d'expression pour les compagnies, coopératives et troupes qui existent et font des choses. Il perpétue et dynamise la pratique théâtrale. Cela crée de l'émulation, de la recherche de la qualité en plus du mouvement au sein de la ville. Le théâtre de Sidi Bel Abbès a permis de renouveler sa population artistique en donnant à voir moult spectacles de tous genres, dont des adaptations d'auteurs algériens, universels, des contes, des spectacles de marionnettes etc. La finalité est de fidéliser le public. C'est notre objectif. On cible la jeunesse qui est le public de demain. Cela se concrétise aussi par l'immense travail que nous faisons, notamment en relation avec les différentes institutions et celui du système éducatif. Qu'en est-il du public à Sidi Bel Abbès? La problématique du public est très vaste. En tant que praticien des arts dramatiques, je suis metteur en scène, comédien et directeur de théâtre, j'ai un rapport permanent avec le public. D'après ce que je vois quotidiennement depuis 5 ans, la composante du public, est en majorité des jeunes. Puis nous avons les enfants. Le public existe. Et là, il y a un public potentiel de théâtre. Il n'est pas très loin. Il n'est pas dans la place publique. Ça c'est autre chose. Il est dans le système éducatif: les écoles, les collèges, les lycées. Sidi Bel Abbès est une ville universitaire. Elle possède environ 20.000 étudiants. Le public est là, la question est comment créer ce rapport avec lui? C'est un travail de proximité qu'il faut faire. C'est ce qu'on fait. Ce sont des réseaux. Cela se fait par le biais des associations, l'université, la direction de l'éducation, en allant jouer des spectacles à l'intérieur des écoles. Les élèves viennent au théâtre et regardent des pièces et cela ne pose aucun problème. C'est-à-dire qu'il y a une forte demande en matière de spectacle, notamment. Ce qui est tout à fait normal, comme dans le reste du monde. Donc c'est un travail permanent avec le public. Je pense que le public ne vient pas au théâtre par devoir ou par dévotion. Ce serait une illusion, si, nous artistes de la scène, on venait par devoir... Il faut créer le besoin par la création de spectacles de qualité, qui puissent toucher le public et l'émouvoir. Nous, théâtre de Sidi Bel Abbès, on est sur cette voie-là. Ce n'est pas le travail d'un tiers mais celui de la société toute entière. Toutes les institutions doivent jouer ce rôle. Nous, nous faisons et arrivons à avoir un public. Vous savez, la pièce La poudre d'intelligence de Kateb Yacine à été jouée à Sidi Bel Abbès, environ une trentaine de représentations. Elle n'a jamais été donnée dans une salle vide. Recevez-vous régulièrement des aides? Nous avons des subventions pour la création, la diffusion, c'est-à-dire pour les tournées, la formation, pour le travail de proximité, l'animation en direction des enfants, le fonctionnement etc. Pour deux ou trois créations, on peut recevoir un millions de dinars. Nous avons donc des aides des pouvoirs publics, ce qui est normal. Cela entre dans le cadre du programme de développement des arts du ministère. Mais nous avons aussi nos entrées vu que nous sommes une entreprise professionnelle. Je peux vous dire aussi que pour les années 2007 et 2008, c'est bon et pour 2009, tout aussi très bon. Cela évolue, d'année en année. Les aides sont multiples. C'est la réalité. Nous avons des aides financières, en plus du ticket. Nous commençons à instaurer cette tradition. Cela est important. Je ne suis pas partisan des salles portes ouvertes. On a mis en place des tickets avec des prix variables. Et ça marche. Il faut pour que ça fonctionne, davantage de créations et de qualité. J'en suis sûr. Avec les enfants, le problème ne se pose pas. La salle est comble à chaque fois, notamment le jeudi matin à 10h. Sans parler des grands événements, notamment le Festival où nos amis du théâtre sont là.. Le théâtre est en pleine réfection, pourriez-vous nous en parler? On refait les équipements, la machinerie scénique et la draperie. Ils existent depuis 70 ans. Ils ne répondent plus aux normes et aux exigences de la sécurité. La siègerie, la moquette, la peinture, etc. Le chantier a démarré le 20 juillet 2008. Le théâtre avait besoin de ce lifting. Il sera fin prêt et opérationnel fin mars afin d'accueillir comme il se doit le Festival professionnel du théâtre de Sidi Bel Abbès qui se tient, comme chaque année, du 16 au 23 avril.