La Maison de la culture Mouloud-Mammeri abritera un colloque scientifique sur la vie et l'oeuvre de Kateb Yacine, les 27 et 28 décembre prochains. La rencontre est programmée avec la participation des universités de Tizi Ouzou, Guelma, Alger, Béjaïa et Bouzaréah. Plusieurs associations sont aussi partie prenante dans l'organisation de ce colloque qui s'annonce grandiose, à savoir l'association culturelle Ath Qodhia, Tagmats et Le Grain magique ainsi que l'Association pour la promotion du tourisme et de l'action culturelle de Guelma, et enfin l'Ecole régionale des beaux-arts d'Azazga. Des témoignages sur la vie de l'auteur de Nedjma seront au menu avec des intervenants, comme Fadhéla Kateb, soeur de l'écrivain, Brahim Hadj Slimane, Arab Aggoun, la veuve et le fils de Ali Zamoum. Le journaliste Tayeb Bouamar effectuera une lecture de Nedjma Kateb, traduit du livre Dans la gueule du loup de Monique Enckelle, tirée des oeuvres de Kateb Yacine. Au volet des conférences, plusieurs universitaires seront à Tizi Ouzou pour enrichir le colloque de leurs contributions, à l'instar de Saïm Bousad, Belhassef Messaoud, Hammoudi Rachid, Ghebalou Haraoui, Rachid Mokhtari, Malika Boukhlou, Aïni Battouche, Karima Belkhamsa... Plusieurs thèmes seront développés lors de ces rencontres, comme «Les couleurs obsédantes dans le contexte katébien», «Kateb Yacine et la presse algérienne», «Une lecture de Nedjma», «Signe du mythe et l'historisation», «Passion amoureuse dans Nedjma de Kateb Yacine» et «Le récepteur dans le discours de Kateb Yacine». Le film L'Homme des certitudes, poète des opprimés de Ali Fateh Ayadi (texte de Omar Mokhtar Chalal) sera projeté ainsi que la présentation d'une pièce de théâtre par la troupe «Les compagnons de Nedjma» de Sétif. Kateb Yacine est poète, romancier, journaliste et dramaturge. Il est né à Constantine en 1929. Sa vie a été marquée par les affrontements violents du 8 mai 1945 qui rendirent sa mère folle. Il a été aussi marqué par sa rencontre, à l'âge de 17 ans, avec sa cousine Nedjma. Rapidement, il accède à la reconnaissance. Il publie au Mercure de France et aux Lettres françaises et devient journaliste à Alger Républicain. A partir de 1950, il voyage et vit de petits métiers en Europe, en Urss, en Egypte. Il publie son roman Nedjma en 1956. Ce qui donne à l'Algérie sa plus belle oeuvre littéraire. En 1967, il part au Vietnam et décide alors de ne plus écrire que du théâtre. Sa pièce L'Homme aux sandales de caoutchouc est traduite en arabe, publiée et représentée en 1970. Durant cette année, il s'établit en Algérie et parcourt pendant cinq ans le pays avec la troupe de la Mer de Bab El Oued, pour se produire devant un public d'ouvriers, de paysans et d'étudiants. Il élabore un théâtre populaire, épique, satirique qu'il fait jouer en arabe dialectal, entre autres: Prends ta valise (1971), La Voix des femmes (1972), La guerre de 2000 ans (1974), Le Roi de l'Ouest (1975). Son intérêt pour la culture berbère et la langue amazighe, sa position en faveur de l'égalité des femmes et des hommes firent de lui un véritable repère pour les militants des deux causes. A Sidi Bel Abbès, il dirige le Théâtre régional de la ville. En 1987, il reçoit en France le Grand prix national des lettres, puis s'y installe un an après avant d'avoir pu terminer son ouvrage sur les émeutes algériennes d'octobre 1988. Le 29 octobre 1989, Kateb Yacine est décédé à Grenoble. Kateb Yacine a reçu plusieurs prix littéraires dont le prix Jean Amrouche, le prix Lotus, décerné par les écrivains afro-asiatiques dont les oeuvres embrassent les luttes des peuples du tiers-monde, le premier prix du Lion pour le théâtre de l'Académie Simba et Corriere Africano, le Grand prix national des lettres attribué par le ministère de la Culture en France et la médaille d'honneur décernée à titre posthume par le jury du Festival international du théâtre expérimental du Caire.