Malgré la réussite de son club, le président du CABBA évite de tomber dans le triomphalisme. En faisant match nul, jeudi dernier, face au CR Belouizdad, sur le terrain de celui-ci, le CABBA a aligné son 11e match officiel de suite sans défaite, soit 7 matchs en championnat et trois en Coupe d'Algérie. Une prouesse jamais réalisée par l'équipe des Criquets, sauf en division 2, au cours de la saison 97-98, l'année de l'accession historique de l'équipe de football phare de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. L'homme des records du CABBA est Salah Bouda puisque c'est sous sa coupe que le club a assuré son accession en division1 en 1998. Celui qui a dirigé le club bordjien pendant plus de 30 ans, a toujours été appelé à la rescousse du club quand celui-ci était dans une mauvaise passe comme l'année dernière quand il avait sauvé, une fois encore, le CABBA de la relégation. Il parraine, également, d'autres clubs sportifs comme le volley-ball, le basket-ball et les petites équipes de football de la wilaya. Sage, tolérant, respectant tous les sportifs, il reste l'homme le plus respecté par tous les sportifs de la région et même au-delà des frontières de la région des Biban. Le président du CABBA, cet ancien éducateur des années 60, enfant d'agriculteur et de la terre comme il aime à le dire, n'est plus à présenter au public sportif ou à la population de Bordj Bou Arréridj à qui il tend généralement la main, notamment aux personnes nécessiteuses ou aux associations. Il parraine, également, le centre universitaire de la wilaya. Il a offert des micro- ordinateurs aux premiers étudiants en informatique dès l'ouverture de cette filière. Dans une rencontre avec L'Expression, il revient sur le parcours du CABBA, cette saison, et sur le football, en général. L'Expression: Le CABBA est en train d'accomplir un parcours jamais égalé. Comment expliquez- vous une telle réussite? S. Bouda: Il faut dire que ce genre de prouesse a déjà été réussi par d'autres clubs, mais il est vrai que pour le CABBA, il correspond à une exception qui restera gravée dans l'histoire du club. Au départ, nous nous étions fixés comme objectif le maintien. Si réussite il y a aujourd'hui, elle ne peut être expliquée que par le travail de l'entraîneur et de son équipe. Ce staff technique a bénéficié de mesures d'accompagnement propres à tous les clubs, à savoir le soutien le plus total et bien sûr une confiance à toute épreuve de la part du comité directeur. Il est vrai que les résultats sont une condition première, mais lorsque vous trouvez un entraîneur et son équipe qui travaillent pour le même but, en toute simplicité, sans calcul, vous forment un groupe, instaurent une discipline justifiée, prennent des décisions également justifiées et vous assurent des résultats tout en prenant des risques en faisant jouer tel ou tel jeune joueur, vous ne pouvez que suivre le mouvement de ce groupe technique. Il s'agit, aussi, d'être derrière lui lorsque certaines «brebis galeuses» au sein du club, joueurs ou membres du comité directeur, peuvent briser l'élan des efforts déployés. Au départ, je m'étais fixé comme règle de ne pas intervenir dans le travail du staff technique, même en cas de défaite ou de réussite. Je ne vous cache pas que lors du mercato, certains voulaient que j'intervienne pour tel ou tel enfant du club. Je ne l'ai pas fait et je ne le ferais pas. Si un joueur ne mérite pas sa place dans l'équipe pour une raison ou une autre, seul le staff technique est capable d'en donner les raisons. C'est à lui de prendre les décisions. En début de saison, j'avais déclaré aux joueurs que le CABBA ne ferait plus du social. Mais je serais là lorsqu'il s'agira d'une reconversion avec, bien sûr l'accord de l'entraîneur comme je l'avais fait auparavant avec d'anciens joueurs. Si on vous comprend bien, l'entraîneur est le premier responsable des joueurs. Exactement. Il est le patron de l'équipe en toutes circonstances. Il est le seul responsable du volet technique. Il est aussi responsable des résultats. Si vous recrutez un entraîneur aux compétences avérées et que vous vous détournez de ses exigences ou que vous intervenez dans son travail, je ne vois pas comment pourrait fonctionner le club ou obtenir des résultats. Il doit aussi avoir des qualités, pas uniquement sur le plan technique. Que voulez- vous dire par là? Je suis pour les entraîneurs éducateurs, formateurs, communicatifs, connaissant bien leur sujet. Lorsque vous tombez sur un staff technique qui vous forme un groupe de joueurs, instaure une discipline, prend des responsabilités tout en pensant à l'intérêt et à l'avenir du club, le comité directeur et le président ne peuvent que suivre cette démarche en la soutenant par des mesures concrètes. Il s'agit d'être à l'écoute des doléances du staff technique, mais aussi des joueurs. Avec ma longue expérience, j'ai appris une chose, il ne faut jamais tenter de leurrer un entraîneur ou un joueur. Il faut travailler en toute confiance, en toute franchise et même si les résultats ne suivent pas, pour une raison ou une autre, je n'ai jamais imputé la faute au seul entraîneur, mais à un environnement néfaste à l'équipe. Je me suis fixé une devise dans le football, «que celui qui sème bien récolte bien». La qualité d'un dirigeant, c'est avant tout son éducation, son savoir-faire dans la communication et l'instauration d'une discipline au sein du groupe, mais aussi ses compétences dans la formation. Pour le moment, notre staff technique, composé de Abdelkader Iaïche et de ses adjoints, Salim Fodil et Mohamed Abbès, remplit, parfaitement, son rôle. Je vous dirais même qu'il facilite à 80% le travail du comité directeur dans de nombreux domaines. La «bonne graine» de footballeurs ne peut être choisie que par les entraîneurs. Le jour où cette tâche sera confiée uniquement aux techniciens de la balle ronde, ce jour-là on reverra, peut-être, de nouveaux Lalmas, Belloumi ou Madjer. Vous seriez donc pour la pérennité d'un entraîneur à la tête d'une équipe, même s'il n'y a pas de résultats? Je suis pour la continuité, mais pas pour des résultats totalement négatifs. Il faut aussi savoir qu'un entraîneur ne peut pas faire de miracles avec des joueurs tout juste moyens ou ayant pris l'équipe que depuis deux ou trois mois. Tout président qui demande des résultats, au début d'une saison, à un nouvel entraîneur, doit s'attendre à un effet contraire. L'environnement et les moyens dégagés ont une importance considérable. Pour ce qui est du CABBA, tout marche bien en ce moment et les ingrédients pour une bonne saison sont réunis. Nous continuons à jouer pour le maintien et nous avançons pas à pas, doucement mais sûrement. Nous nous devons d'avoir les pieds sur terre et éviter tout triomphalisme. Le maintien reste d'actualité et je maintiendrai cet objectif au staff technique. Mais le CABBA semble avoir les moyens d'avoir une consécration cette année. La Coupe d'Algérie serait à la portée de l'équipe si l'on en croit les supporteurs. Le supporteur a le droit de croire en son équipe. Si le staff technique et les joueurs se sentent capables de continuer l'aventure, ils me feraient un grand honneur, mais aussi aux supporteurs et à la population ainsi qu'aux autorités qui nous ont accompagnés cette saison. Ils trouveront en moi un soutien total. Mais je vois que vous pensez aux prochaines rencontres en Coupe. Savez-vous que l'équipe d'El Eulma est la seule, en dehors du CABBA, que soutiennent les Criquets. Les deux galeries voyagent ensemble et supportent les deux équipes. Lorsque le CABBA est en déplacement assez loin, les Criquets vont à El Eulma soutenir le MCEE. Que le meilleur gagne! Et si l'on se qualifie, je vous devance dans votre prochaine question, eh bien, que le meilleur gagne face à l'ESS! Ce que je retiens, c'est que les trois équipes font honneur à la région des Hauts-Plateaux de l'est. J'espère que l'une des trois remportera le trophée. Je profite de l'occasion que vous me donnez de m'exprimer pour dire, encore une fois, qu'il n'existe aucun problème avec les dirigeants de l'Entente de Sétif. On va oeuvrer pour éviter les débordements des fans zélés des deux équipes. On a un projet avec l'association des supporteurs. N'allez-vous pas exiger du staff technique une qualification au prochain tour? Jamais! Par contre, exiger une préparation pour la prochaine saison, oui. Yahia Aktouf, le président de la section football a une idée dans ce sens. Pour ce qui est de la Coupe, posez la question à l'entraîneur. Il refuse de parler à la presse écrite. Il a peut-être raison. Je sais qu'il ne prend pas de décision à la légère. Un de vos confrères a dû déformer ses dires. Ecoutez, le CABBA va bien. Son parcours est dû a un travail en profondeur réalisé par les joueurs, les entraîneurs et les dirigeants. Il n'y a pas que l'argent à donner des résultats. Dans ce domaine, nos joueurs nous font, d'ailleurs, confiance. Nous gérons en fonction de nos moyens et l'entraîneur nous aide dans ce domaine. Nous le suivrons dans toutes ses décisions en ce qui concerne les joueurs. Parlons si vous le voulez bien de la FAF. On dit que vous militiez pour le retour de Mohamed Raouraoua. C'est vrai. C'est un homme de décision. D'ailleurs, dès son élection, il en a pris une contre le corps des arbitres. Il a le courage de sanctionner. Il a lancé un avertissement aux clubs et c'est tant mieux. Je suis sûr qu'avec lui, la division 1 n'aurait jamais été portée à 17 clubs. De toute façon, il n'y aura plus de magouilles. Revenons à votre équipe. Peut-on dire que le CABBA est sur la bonne voie? Son parcours parle pour le travail accompli, jusqu'à présent, par les dirigeants et le staff technique. L'avenir nous dira si l'équipe est en bonne voie ou si d'autres vont venir pour la détruire. Nous avons au moins repris, pour notre part, certaines idées de la gestion de Abdelhamid Aïdel, mon prédéceseur, telles que les installations du stade du 20-Août. Mon voeu serait, aussi, d'envoyer quelques joueurs en équipe nationale et je compte sur Iaïche pour le faire. Quels joueurs par exemple? Hachoud a les qualités pour conquérir une place parmi les Verts. Je voudrai également que Kial soit sélectionné pour un ou deux matchs.Mais il y a d'autres jeunes joueurs qui vont très vite progresser avec le staff technique. Je pense à Zazoua et Bitam. Vous savez que l'entraîneur a une vue sur des juniors. La sélection de la bonne graine commence à ce stade. Quel serait votre voeu le plus cher? Vous allez me dire que celui qui ne demande rien, n'aura rien. Je vous répondrais que mon exigence reste le maintien. Maintenant, si les joueurs veulent honorer le comité directeur, eh bien, qu'ils répondent aux exigences des supporteurs.