Les organisateurs de cet événement veulent faire de ce rendez-vous un outil stratégique de développement de la région. C'est par une cérémonie empreinte d'émotion que s'est ouverte la première édition des Festivités d'Abalessa du patrimoine culturel immatériel à Tamanrasset, en présence de M.Mourad Betrouni, représentant du ministère de la Culture, et des autorités locales à l'instar du président de l'APC de Abalessa. Cette population autochtone (targuie), reste malgré tout, profondément éprise de liberté. Malgré les invasions, elle est restée très attachée à sa culture propre, avec les chants, les costumes et les traditions différentes, et surtout elle a gardé sa langue: le tamazight. Cette première édition organisée par l'Office du parc national et l'APC d'Abalessa, en collaboration avec la Maison de la culture de Tamanrasset et sous le patronage de Mme la ministre de la Culture et du wali de Tamanrasset, se propose un nouveau défi, celui d'abriter prochainement cette manifestation pour la seconde fois de dessiner les plus belles images de la culture locale et lui donner une dimension nationale, afin de ressusciter la reine du désert Tin Hinan, à Abalessa, ancienne capitale du Hoggar. Tin Hinan, cette femme énigmatique, dont l'existence a été révélée par la tradition orale et dont le nom veut dire «celle qui vient de loin» ou «celle qui se déplace», aurait été la mère fondatrice du peuple targui. A travers les récits et les chants véhiculés par ses descendants, les hommes du désert la décrivent comme une femme irrésistiblement belle, grande, au visage sans défaut, au teint clair, aux yeux immenses et ardents, au nez fin, l'ensemble évoquant à la fois la beauté et l'autorité. Lorsqu'elle est arrivée dans le Hoggar, «elle venait de loin» comme l'indique son nom. Les chercheurs ont localisé cette origine chez les Berbères du Tafilalet, une contrée présaharienne. Aussi, cet événement culturel se veut un moment de la culture nationale avec de multiples activités. Plusieurs conférences sur les différents aspects ont été prévues. Ainsi, seront abordés des thèmes comme «Un exemple de préservation et de valorisation du patrimoine culturel immatériel: l'Ahellil du Gourara», par Rachid Bellil du Cnrpah d'Alger, «A quoi sert le patrimoine musical?» par Joao Soeiro de Carvalho de l'université de Nova (Lisbonne), ou «l'importance des archives dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel» par Naseredine Baghdadi de la Radio algérienne, «Le patrimoine culturel et son environnement naturel: exemples d'Idlès et de Tazrouk et enfin L'utilisation de la biodiversité dans l'Ahaggar, usages en ethnomédecine des plantes», par Mohamed Belghoul de l'Opna de Tamanrasset. Des visites du campement traditionnel, des démonstrations de savoir-faire artisanal, de l'animation avec l'Imzad, Tindé Tisiway, sont organisées ainsi que des produits artisanaux présentés dans le cadre de cette manifestation avec la participation de plus d'une vingtaine d'associations. Le moment fort de la cérémonie a été vécu lors de la course des méharistes, une flamme brille dans les yeux et leurs chèches qui les protègent. Les organisateurs de cet événement veulent faire de ce rendez-vous un outil stratégique de désenclavement et de développement de la région, en gardant ainsi les repères identitaires. Toutefois, les organisateurs souhaitent l'institutionnalisation du festival, avec toute la symbolique que revêt la mère spirituelle de toutes les tribus targuies, afin de préserver et de perpétuer ce patrimoine.