«Notre institution joue le rôle catalyseur de garder le lien entre l'âme séculaire de Tamanrasset et son avenir», a souligné Mahieddine Ben Mohamed. L'esplanade de la Maison de la culture Dacine a été le théâtre d'une cérémonie riche en couleur pour annoncer le début officiel de la première édition du Festival sur la musique Tindé mercredi dans la soirée à Tamanrasset. Et ce, en présence de Badji, chef de daïra de Tamanrasset, Farid Bagbagui, directeur de la culture de Tamanrasset, Mahiedine Ben Mohamed, directeur de la Maison de la culture et Lalla Badi, commissaire du festival. Cette première édition organisée par l'association culturelle Iskta des arts locaux et la Maison de la culture Dacine de Tamanrasset et sous le patronage de Mme la ministre de la Culture et du wali de Tamanrasset, se lance un nouveau défi, celui de protéger ce legs qui date de dix siècles avant J.-C. Cette population autochtone (targuie), reste malgré tout, profondément éprise de liberté. Malgré les invasions, les Touareg sont restés très attachés à leur culture propre, avec les chants, les costumes et les traditions différentes, et surtout ils ont gardé leur langue: le tamazight. Pour preuve, la chanson tindé avec ses différents styles continue de parcourir les vastes espaces avec des chants et des rythmes que la culture targuie a créés depuis l'aube des temps dans le cours parfois tourmenté. Mais la roue du temps ne se contente pas d'user et de raboter ce qui est, afin de le déposer dans la gueule avide, mais elle apporte aussi fort heureusement le sang neuf de la régénération et de l'inventivité. Tindé, cette musique énigmatique, dont l'existence a été révélée par la tradition orale et dont le nom voudrait dire «le tambour», est pratiquée par la femme targuie. Dans cette contrée présaharienne, «l'instrument principal prend toujours le nom du genre musical», a expliqué le conférencier Dida Badi. Plusieurs conférences sur les différents aspects ont été prévues ainsi que des thèmes comme «le Tindé et ses variétés musicales, un exemple de préservation et de valorisation du patrimoine culturel immatériel», par Dida Badi de l'université de Tamanrasset, «Poésie de Tamahat» par Fertouni Mouloud de Tamanrasset et enfin «L'importance d'études sur les spécificités du Tindé dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel», par Saliha Snouci du Centre de recherche d'anthropologie d'Oran. A cet effet, la conférencière alerte que «le monde universitaire local et international doivent s'impliquer de plus en plus dans les grands débats intellectuels qui touchent le fonds des sociétés humaines et ouvrent la voie à des visions comparatives, susceptibles de mieux comprendre les sociétés pour les rapprocher les unes des autres tout en préservant leur identité spécifique». D'autres manifestations figurent aussi au programme. Il s'agit d'une exposition d'arts traditionnels, l'art de vivre targui, à travers les mille et une merveilles réalisées par les artisans. De l'animation aussi avec la participation de 18 associations spécialisées dans le Tindé. Comme à l'accoutumée les méharistes où l'ardeur brille dans leurs yeux avec leurs chèches, n'ont laissé personne indifférent durant leurs exhibitions. Les organisateurs de cet événement veulent faire de ce rendez-vous un outil stratégique de développement de la région pour, à la fois, la désenclaver et garder les repères identitaires. Toutefois, les organisateurs souhaitent l'institutionnalisation de cet événement, et de toute sa symbolique que revêt cette musique spirituelle afin de préserver et de perpétuer ce patrimoine. A cet effet, un représentant du ministère de la Culture, en l'occurrence M.Abbas Salem, était sur place pour superviser l'événement. Selon le directeur de la Maison de la culture, M.Mahiedine Ben Mohamed, «cet événement culturel se veut un moment de la culture national avec de multiples dimensions». Et d'enchaîner que «Partant d'une vision où la culture et le tourisme culturel constituent un véritable moteur de développement durable, on se fixe comme objectif majeur l'initiation, la planification et l'accompagnement de toute activité favorisant ce genre de développement au sein de la ville de Tamanrasset. Agissant sur les niveaux national et international, on contribuera à promouvoir l'image de notre wilaya comme centre de paix et de dialogue aussi bien intra-qu'inter-culturel». Et d'ajouter qu'«à travers une démarche qui à la fois valorise notre patrimoine matériel et immatériel et la création innovatrice, notre institution joue le rôle catalyseur de garder le lien entre l'âme séculaire de Tamanrasset et son avenir», a-t-il conclu.