«Nous avons ouvert les portes d'un grand chantier qui vise surtout à créer un espace de débat, d'échange et de critiques sur la littérature d'expression amazighe», a souligné M. Brahim Tazaghart. Amar Mezdad, le célèbre auteur de Tafunast Igujilen 1977 et Id wass 1983, jaloux de son indépendance, et qui est resté tout le temps loin des feux de la rampe, a fait des virées toutes discrètes durant les deux jours du colloque tenu à la Maison de la culture tout en faisant abstraction, sur l'exposition ventes de l'essentiel de son oeuvre. L'assistance nombreuse, une assistance de qualité somme toute, qui a suivi les deux jours du colloque sur l'oeuvre de l'auteur de Tafunast Igujilen, Id D wass et la célèbre chanson Yemma theda Hafi majestueusement interprétée par le célèbre groupe Tagrawla, dénote, on ne peut mieux, la réussite d'une première manifestation de la littérature d'expression amazighe. La maison d'édition Tira (l'écriture), en collaboration avec la Maison de la culture et l'association des enseignants de tamazight, a organisé les 4 et 5 mars derniers, la première rencontre sur la littérature d'expression amazighe en tenant un colloque sur l'oeuvre de Amer Mezdad. En effet, la forme dans la poésie d'Amar Mezdad, la dimension onirique dans son oeuvre, les expressions kabyles dans ses romans, et la dimension militante de l'auteur, sont autant de thématiques qui ont été débattues à l'occasion de ce premier colloque par des spécialistes dans le domaine, dont Kamel Bouamara, Mohand Akli Salhi, Saïd Chemakh et Djamel Arezki. Comme il est si rare de lire une interview dudit auteur, nous avons pu le faire parler indirectement en reprenant une de ses déclaration sur le site Ayamun. «De plus, quand on prend le risque de se mettre à écrire, il y a un minimum de règles à se fixer dès le départ et qu'il conviendra de respecter.» La première, dont la première est fondamentale. «On n'écrit pas que pour soi, pour sa propre catharsis, on écrit pour être lu et compris. On ne me lira que si l'on me comprend. C'est une évidence, d'une part, et la langue écrite ne sera pas le calque parfait de la langue parlée, d'autre part, comme l'a écrit Georges-Louis Leclerc dans son Discours sur le style. Ceux qui écrivent comme ils parlent, quoi qu'ils parlent très bien, écrivent mal.» Par ce colloque qui marque le déclenchement de la première rencontre littéraire sur la littérature d'expression amazighe, l'édition, une édition incontournable ces derniers temps dans le réveil culturel de la wilaya de Béjaïa, a ouvert un grand chantier en la matière en pensant à faire passer au microscope les oeuvres des auteurs et autres poètes d'expression amazighe. Saïd Chemakh (docteur en littérature amazighe) affirme: «C'est une première car c'est la maison d'édition amazighe et l'association des enseignants de tamazight, loin des institutions et ce sont des universitaires et des écrivains et des spécialistes qui se penchent de manière littéraire et scientifique, des approches différentes sous tous les angles. Franchement, je rends hommage à la Maison d'édition Tira pour cette initiative, une première en somme, tout en souhaitant la voir se pencher aussi sur les oeuvres d'autres auteurs et romanciers, tels que Belaïd Aït Ali ou Rachid Alliche et les autres, c'est-à-dire tout ce qui touche à l'écriture berbère.» Brahim Tazaghart (maison d'édition Tira): «Nous avons ouvert les portes d'un grand chantier qui vise surtout à créer un espace de débat, d'échange et de critiques sur la littérature d'expression amazighe. C'est le moment de passer à autre chose pour marquer une évolution de traitement de la littérature amazighe, aider à l'émergement d'une critique de l'oeuvre amazighe, une critique qui pourra évaluer le texte dans sa valeur et sa place dans la littérature algérienne, amazighe et humaine, en général. Avec la participation des spécialistes en la matière, le colloque a été fort intéressant et ouvre la voie grande à d'autres colloques.»