Ils ont appelé leurs partisans à converger vers Islamabad, la capitale, demain. Environ 1500 manifestants se sont rassemblés hier à Multan, dans le centre du Pakistan, au troisième jour d'un vaste mouvement pour l'indépendance de la justice qui plonge le gouvernement dans sa crise la plus grave depuis la chute du régime militaire il y a un an. Des discussions menées depuis la veille au sommet de l'Etat pour tenter de trouver une sortie de crise ne semblaient avoir donné aucun résultat. Les avocats pakistanais et les partis d'opposition, associés dans ce mouvement, réclament le retour en fonction de juges destitués en 2007 par le gouvernement militaire de Pervez Musharraf, dont l'ancien président de la Cour suprême Muhammad Iftikhar Chaudhry. Ils ont appelé leurs partisans à converger vers Islamabad, la capitale, demain, défiant l'interdiction de manifester décrétée par le gouvernement et les centaines d'arrestations menées cette semaine à travers le pays. A Multan, l'une des principales villes de la province du Pendjab, plus de 1500 avocats et opposants ont défilé sur sept kilomètres et se sont dispersés juste avant d'arriver aux barricades dressées par la police à la sortie de la ville. «Mort à Zardari», criaient les manifestants, suivis par des policiers anti-émeutes accompagnés de fourgons, qui n'ont procédé à aucune arrestation. Cette fronde a pris la tournure d'un duel entre le principal dirigeant de l'opposition, Nawaz Sharif, chef de la Ligue Musulmane du Pakistan (PML-N), et le président Asif Ali Zardari, contesté de toutes parts six mois après son élection en particulier pour ne pas avoir respecté sa promesse de rétablir les juges à leur poste. La police a également empêché l'un des leaders des avocats, Ali Ahmed Kurd, d'embarquer depuis Quetta, dans le sud-ouest du pays, à bord d'un avion pour Islamabad. Cette crise est suivie avec inquiétude par les alliés occidentaux du Pakistan, en particulier les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui exercent de fortes pressions sur les leaders politiques pakistanais afin qu'ils trouvent un compromis. M.Zardari a tenu depuis vendredi des consultations avec son Premier ministre, Yousouf Raza Gilani, en désaccord ouvert avec certaines décisions prises par le chef de l'Etat dans la gestion de cette crise, et avec le chef d'état-major de la puissante armée pakistanaise, le général Ashfaq Kayani. «Ils se sont mis d'accord pour qu'il y ait une réponse politique à tous les sujets de contentieux dans le respect de la Constitution», a déclaré hier le porte-parle de la présidence, Farhatullah Babar, sans autre précision. Le principal conseiller au ministère de l'Intérieur, Rehman Malik, qui a rang de ministre, a appelé la population à ne pas tenter d'aller manifester à Islamabad demain, invoquant des «informations crédibles selon lesquelles les ennemis du Pakistan pourraient profiter de la situation». Plus d'une vingtaine de conteneurs de marchandises ont été dressés sur la principale avenue d'Islamabad, barrant l'accès à la présidence, ainsi qu'aux principaux points d'entrée de la ville.