Restera à savoir si c'est avec les dirigeants de clubs actuels que l'on veut appliquer cette nouvelle forme de gestion. Lorsqu'il est revenu à la tête de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua savait que sa première mission essentielle serait de donner à l'équipe nationale A de très bonnes conditions pour aborder la phase des qualifications à la Coupe du monde et à la CAN de 2010. Une partie de ces conditions avait été satisfaite par l'ancien bureau fédéral juste avant son départ puisqu'il avait réussi, certainement, avec l'appui des pouvoirs publics, à augmenter considérablement les primes de qualification aussi bien pour les joueurs que pour le staff technique. C'est ainsi que promesse avait été faite que chaque joueur percevrait 100.000 euros en cas de qualification au Mondial, une prime à 40.000 euros par personne, pour le seul passage à la CAN de 2010. Sitôt installé à la présidence de la FAF, Mohamed Raouraoua s'est attelé à améliorer le standing de l'équipe nationale en lançant un avis d'appel d'offres en direction d'éventuels partenaires qui désirent lui apporter leur soutien. Il n'est pas interdit d'imiter L'une des premières opérations en rapport avec cet avis d'appel d'offres a été concrétisé par la signature d'un contrat entre la FAF et l'opérateur de téléphonie mobile Nedjma. Mais Raouraoua ne s'est pas occupé que de l'équipe nationale. Il s'est penché sur le cas des clubs, notamment ceux de la division 1 qui se plaignaient depuis très longtemps de la somme qu'ils recevaient chacun annuellement au titre des droits de retransmission télévisuelle des matchs de championnat. Le président de la FAF a réussi à obtenir de la FAF une fort belle rallonge qui amènera les clubs de D1 à percevoir près de 8 millions de dinars chacun annuellement soit le double qu'ils avaient jusqu'ici. Il reste que ces clubs vont devoir jouer le jeu et faire en sorte d'améliorer la qualité de leur produit en proposant des matchs de qualité et non les médiocres spectacles auxquels a droit le téléspectateur algérien en ce moment. C'est là qu'intervient l'autre grand chantier que Mohamed Raouraoua devra réussir à brève échéance: la professionnalisation des clubs de football. Pas de tous les clubs de D1 étant entendu que nombre d'entre eux seront loin de répondre au cahier des charges qui sera imposé. Il n'y a rien de nouveau à cela et nous avons toujours été de ceux qui disaient qu'il n'est pas interdit d'imiter les autres si chez eux l'entreprise donne de bons résultats. Cela fait un bail que les Tunisiens ont lancé le professionnalisme dans leur football et ils n'avaient commencé qu'avec un dizaine de clubs. Plus de dix ans plus tard, ils disposent d'un véritable championnat professionnel géré par une Ligue professionnelle. Et ce championnat a sorti l'ES Tunis et l'ES Sahel qui ont remporté la Ligue des champions africaine ainsi que le CS Sfax double vainqueur de la Coupe de la CAF et d'une Ligue des champions arabe. Ce sont des clubs où on ne s'exprime pas en dinar tunisien mais en dollar, signe qu'ils sont bien dans l'ère du professionnalisme et du marketing sportif. Mohamed Raouraoua sera d'autant plus obligé d'accélérer le processus que la Fifa donne l'année 2011 comme limite pour l'obtention d'une licence à chaque club qui se donne le statut de professionnel. Sorti de cette limite, tout club qui n'aura pas pris sa licence ne pourra prendre part à aucune compétition qui se déroule dans un cadre Fifa. Autrement dit pas de Coupes africaines pour nos clubs ni même de Coupe arabe puisque l'UAFA entend se plier aux exigences de l'instance internationale du football. Des critères à respecter C'est au Congrès de Marrakech, en 2005, que le Congrès de la Fifa, par le biais de sa Task Force «For the good of the game» («pour le meilleur du jeu»), avait décidé de plancher sur la solution consistant à donner aux clubs les moyens de s'émanciper dans des règles claires de gestion. «L'idée est de garantir l'intégrité des compétitions, qui pourrait être remise en cause par l'irruption brutale de flux financiers d'origines obscures dans le capital des clubs. But. On peut, ainsi, mieux connaître les propriétaires ou actionnaires des clubs pour être en mesure de contrôler les flux financiers qui agitent les clubs» indique l'instance internationale qui établit comme suit les objectifs que vise l'instauration de licence aux clubs: - préserver la crédibilité et l'intégrité des compétitions de clubs - améliorer le degré de professionnalisme au sein de la grande famille internationale du football - promouvoir les valeurs sportives conformément aux principes de fair-play ainsi qu'un environnement sûr pour les matchs - promouvoir la transparence du financement des clubs - promouvoir la transparence de la propriété des clubs - promouvoir la transparence du contrôle des clubs. Pour avoir accès à une licence, il faudra répondre favorablement à un certain nombre de critères qui se divisent en 5 catégories: - critères sportifs (approbation du programme de développement des jeunes par le bailleur de licence qui est la FAF). La finalité de ces critères sportifs est d'inciter le candidat à la licence à s'investir d'une façon soutenue dans la formation. Le club en tirera comme principal avantage la possibilité de pourvoir chaque année son équipe en talents. - critères d'infrastructure (conformité du stade, base d'entraînement). Ici, la Fifa fait entrer certaines conditions qui sont au-dessus de ce que peuvent proposer les stades algériens, du moins dans leur écrasante majorité. - critères de personnel et administratifs (secrétariat du club, directeur général, responsable financier, responsable sécurité, médecin et physiothérapeute, entraîneur en chef de l'équipe première, chef du programme de développement des jeunes, entraîneurs juniors et organisation de la sécurité et du service d'ordre) - critères juridiques (déclaration valable juridiquement, extraits des statuts et du registre, propriété et contrôle des clubs) - critères financiers (états financiers annuels audités, arriérés). Ces critères, indique la Fifa, sont répartis en trois classes: - les critères A qui sont impératifs autrement dit obligatoires: si le club candidat à la licence professionnelle ne remplit pas les critères A, il ne pourra pas bénéficier de la licence et ne pourra, par conséquent, pas prendre part au championnat national professionnel et aux compétitions de la CAF et de l'UAFA. - les critères B qui sont eux aussi impératifs. Il sera sanctionné de la même manière que pour les critères A par la FAF. - les critères C dits de «bonne pratique». Le non-respect de ces critères n'entraînera pas de sanctions, ni de refus de la licence. Mais certains critères C peuvent devenir impératifs à une date ultérieure. Dans un premier temps, il apparaît que ce seront les critères C qui seront imposés aux clubs algériens vu l'anarchie dans laquelle ils vivent en matière de gestion. Il apparaît, surtout, que si la FAF veut obtenir des résultats probants dans cette mission, le mieux serait que les pouvoirs publics l'aident à doter les clubs de dirigeants hautement compétents et pas ceux qui, dans leur grande majorité, sont en place aujourd'hui. Dans le cas où un club qui ne détient pas de licence mais parvient à se qualifier à une compétition internationale (un club de division inférieure qui remporte la Coupe d'Algérie par exemple), la FAF pourra demander, à titre exceptionnel, à la CAF l'octroi d'une licence. En tout cas, la Fifa invite les confédérations, donc la CAF, à établir un règlement sur la procédure de l'octroi de la licence aux clubs d'ici la saison 2009-2010 au plus tard. Les fédérations, dont la FAF, transposeront, ensuite les dispositions de ce règlement dans un manuel national d'ici la saison 2010-2011 et mettront en oeuvre la procédure correspondante dans le même délai.