Il doit s'attendre à une mission difficile qui nécessite l'aide de tous les acteurs du football. La Fédération algérienne de football aura, ce lundi, un nouveau président en la personne de Mohamed Raouraoua. Il ne fait, en effet, aucun doute que celui-ci sera élu étant le seul candidat proclamé pour ce poste. Même s'il y avait eu d'autres postulants, cette élection n'aurait posé également aucun problème dans la mesure où l'homme jouit d'une grande estime dans le milieu du football, notamment les électeurs de l'assemblée générale composée en grande partie de présidents de ligue et de club. Il ne s'agit que d'un juste retour des choses puisque Raouraoua a déjà occupé ce poste. Il aurait pu continuer à exercer du fait que l'unanimité s'était faite autour de son nom lors de l'assemblée générale ordinaire qui avait précédé la dernière assemblée générale élective. Le contexte de l'époque, qui l'avait vu s'opposer au ministre de la Jeunesse et des Sports, au sujet de l'application du décret 05-405 relatif aux fédérations sportives, l'avait poussé à éviter un bras de fer qui n'aurait fait qu'envenimer les relations entre les deux instances, MJS et FAF. L'équipe nationale en priorité Du reste, le successeur de Mohamed Raouraoua, Hamid Haddadj, avait travaillé dans des conditions guère favorables avec un ministère qui lui avait rendu la vie dure au point de priver la FAF de sa subvention de l'année 2006. C'est dire que Hamid Haddadj a connu plus d'une année de galère à la tête de cette fédération avec de nombreux projets qu'il n'avait pu mettre en application faute de moyens conséquents. C'est tout juste s'il avait pu tenir ses engagements vis-à-vis de l'équipe nationale. Et c'est cette équipe nationale qui va constituer la priorité de Mohamed Raouraoua et de son bureau fédéral car, dès le 28 mars au Rwanda, elle entamera sa campagne de qualification au Mondial et à la CAN de 2010. Il s'agira pour les nouveaux arrivants de mettre cette sélection dans les meilleures conditions possibles pour qu'elle assure, à défaut des deux qualifications, au moins celle qui lui donnera le droit de participer au tournoi africain des nations qui aura lieu l'hiver prochain en Angola. En parallèle, et à plus courte échéance, ils devront focaliser sur la CAN des U17 que notre pays organise à la fin du mois de mars. Non seulement il faudra faire en sorte que cette compétition se déroule dans de bonnes conditions mais en plus il y aura l'équipe algérienne que l'on devra suivre et aider à accomplir un parcours honorable. Même si les Algériens venaient à échouer dans la conquête du titre continental, ils réaliseraient un bel exploit s'ils parvenaient à se qualifier pour le Mondial de la catégorie programmé du 24 octobre au 15 novembre 2009 au Nigeria. Cette équipe des U17 étant en relation directe avec le volet de la formation, il s'agira de poursuivre l'expérience entamée avec Haddadj, à savoir les regroupements permanents selon le système sport-études puisque le MJS se dit prêt à augmenter le nombre de lycées sportifs à travers le pays. Aussi important sera le lancement de la première école nationale de football située à Sidi Moussa, une école financée par le MJS et qui bénéficiera à la FAF. Des clubs à restructurer Une autre mission pour le nouveau président et son bureau fédéral, non moins importante, consistera à se pencher sur les clubs et à les aider à se restructurer. Il va falloir tout «récurer» à ce niveau étant entendu que c'est une anarchie qui y règne. Les clubs sont professionnels sans l'être, d'autres se permettent des folies alors qu'ils ne peuvent être qu'amateurs. C'est cette séparation entre la notion de professionnalisme et de non- professionnalisme que la FAF va devoir obtenir d'une manière efficiente. Il faut savoir que la FAF donne la saison 2010-2011 comme limite pour l'établissement de licences aux clubs professionnels. Au-delà de cette date nos clubs qui ne se seront pas pliés à cette exigence ne pourront prendre part à aucune compétition internationale. Chez nous c'est du n'importe quoi à ce niveau. On ne peut pas parler de clubs professionnels si ceux-ci n'ont pas le minimum requis pour une telle qualification. Il ne suffit pas de montrer que l'on a de l'argent pour se proclamer professionnels. Il y a un cahier des charges auquel il faudra répondre et que le MJS, en collaboration avec la FAF, va mettre en place. Le minimum auquel on fait référence c'est un patrimoine sportif avec une base d'entraînements et un centre de formation, un stade aux normes conformes à la pratique du football de haut niveau (il faut savoir, à ce sujet, que le MJS est en train d'élaborer un décret sur l'homologation des infrastructures sportives et lorsqu'il sera appliqué bien des stades actuels ne pourront plus accueillir de matchs de la division 1) et un mode de gestion où le sérieux, la rigueur et le respect des textes en vigueur seront de mise. La loi 04-10 sur le sport autorise, d'ailleurs, la Fédération à mettre en place une structure qui sera chargée uniquement du contrôle de la gestion des clubs qui lui sont affiliés. Il faut, donc, s'attendre à ce que la future FAF applique cette disposition sur le modèle de la DNCG française qui peut plafonner, voire refuser aux clubs, les recrutements de joueurs et leur refuser même l'accession en division 1 s'ils ne répondent pas au cahier des charges. De l'argent à trouver Le nouveau président de la FAF et son bureau fédéral, auront, également, à se pencher sur le développement de la discipline et là son action portera essentiellement sur la mise en pratique d'un plan en faveur des ligues notamment celles des wilayas sans lesquelles toute notion de développement n'a pas sa raison d'être. Avec une DTN forte et restructurée, il faudra contribuer à donner à ces ligues les moyens de travailler dans de bonnes conditions car ce ne peut être qu'à travers elles que le football se développera grâce à ces milliers de footballeurs pratiquants à travers le pays. Quand on pense que jusqu'à aujourd'hui, il est des ligues de wilaya qui n'ont pas fait débuter leurs championnats faute de moyens ou de clubs suffisants, on se dit que notre football ne fera que stagner dans la médiocrité dans laquelle il se trouve. La refondation, élaborée du temps où Mohamed Raouraoua était président de la FAF, au début des années 2000, qui prévoyait la création de nouveaux stades de compétition et l'engazonnement de plusieurs autres, devra être réactivée. Ce sera aussi le cas de la formation des encadreurs pour les catégories de jeunes quand on sait que celles-ci sont souvent placées sous la responsabilité de personnes non qualifiées pour une telle activité. On s'intéressera aussi à l'arbitrage sachant qu'il devient de plus en plus difficile d'amener les jeunes à embrasser ce métier. C'est de métier qu'il faudra parler dans la mesure où la professionnalisation de la corporation devra être envisagée. Et puis, il faudra trouver à la FAF des sources de financement à même de l'aider à mener à bien la politique qu'elle compte mener. Il s'agira d'aller à la recherche de partenaires intéressés par le football et son impact sur la société. Mohamed Raouraoua n'a jamais caché son intention de professionnaliser les structures de gestion de notre football. Il devra, pour cela, aller à la recherche de partenaires. Des partenaires qui devront aussi accompagner la FAF dans la prise en charge de l'équipe nationale, la vitrine du football algérien, qui attend avec impatience qu'on lui offre l'espoir d'un redressement derrière lequel elle court depuis de nombreuses années.