Union européenne, Japon, Etats-Unis et FMI demandent en choeur une réforme du système financier mondial. La réunion de vingt pays représentant les plus grandes puissances économiques mondiales le 2 avril prochain à Londres est l'une des étapes pour étudier les moyens de sortir de la crise financière et économique. Quelques jours avant ce rendez-vous du G 20, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a avancé quelques pistes pour dépasser le marasme dans lequel se trouve plongée l'économie. Selon ce responsable, il faudra deux à trois ans pour que l'économie mondiale comble ses pertes dues à la crise. Il se montre néanmoins plus optimisme à propos du retour à la croissance qu'il prévoit avant le 1er semestre 2010. Il a assorti ce calendrier de quelques conditions comme la mise en place de «bonnes politiques» destinées notamment à assainir le système bancaire. Le patron du FMI n'accepte pas que le système bancaire reste «congelé». Cette situation n'augure rien de bon car il craint que l'argent de la relance budgétaire débloqué par certains pays européens, comme la France et l'Allemagne ou par les Etats-Unis, ne disparaisse «comme l'eau dans le sable». La préoccupation de Dominique Strauss-Kahn est de pousser les banques à accorder de nouveau du crédit aux entreprises sans oublier la nécessité de lutter contre les actifs toxiques détenus par ces mêmes banques et qui s'élèvent à plus de 2200 milliards de dollar, selon une estimation du FMI. Or, quelques voix s'élèvent pour demander la réforme de cette institution tout comme celle de la Banque mondiale pour donner la parole aux pays émergents et en développement et les associer à la stratégie de sortie de crise. C'est le Premier ministre britannique, Gordon Brown, qui a porté cette revendication. Il a même prononcé une phrase provocatrice en disant qu'«il n'est pas nécessaire que le prochain président de la Banque mondiale soit un Américain et le prochain directeur général du Fonds monétaire international un Européen», et ce au cours d'une conférence dans une université de Sao Paulo au Brésil. Les changements prônés par le Premier ministre visent à «s'assurer que les pays émergents et en développement aient droit à la parole et soient représentés dans ces institutions, un droit qui leur a été refusé pendant tant de temps et qu'ils méritent». Les autres membres de l'Union européenne soutiennent la proposition de réforme de la régulation financière. De son côté, le Premier ministre japonais, Taro Aso, compte plaider en faveur d'une réforme de la régulation financière lors du sommet du G20. Il estime que «les fondements du Fonds monétaire international sont fragiles et que nous devons créer des régulations et une supervision financière». Ces déclarations font suite à celles du président américain, Barack Obama, qui a appelé à une supervision internationale accrue couplée à une réforme aux Etats-Unis. C'est le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, qui a pris en charge ce volet en présentant un projet de réforme de la régulation financière au pays. Cette initiative est désormais possible depuis que les Etats-Unis ont rejeté la demande de la Chine, elle aussi membre du G20, d'abandonner le dollar en tant que monnaie de réserve.