Le malheur de cette wilaya réside, en partie, dans la médiocrité de son encadrement. Biskra, avec ses 33 communes toutes déshéritées et, en partie, enclavées, ses 633 234 habitants vivant en majorité dans des conditions de précarité où le taux de chômage est des plus élevés (39%), une urbanisation anarchique et incontrôlée, un tissu industriel et des services insignifiants, un environnement dégradé et un cadre de vie hostile, un déficit chronique en eau, des réseaux d'assainissement et d'électrification souvent défaillants, une couverture sanitaire des plus médiocres, un taux de déperdition scolaire inquiétant, une jeunesse abandonnée et livrée en quelque sorte à elle-même une administration bureaucratique à outrance, est une wilaya qui accuse un retard difficilement surmontable en ces temps de vaches maigres. Pour le commun des citoyens, la principale cause de cette situation est que Biskra, en tant que wilaya, n'a jamais eu les égards qu'elle méritait de la part des pouvoirs publics. Elle n'a que rarement connu des responsables à la hauteur, tous secteurs confondus; le malheur de cette wilaya réside, en partie, dans la médiocrité de son encadrement, d'où cette paralysie qui empêche toute initiative de développement. Au fil des années donc, Biskra, une ville stratégique géographiquement du fait qu'elle relie les wilayas de l'Est à celles du Sud, régresse. La reine des Zibans est submergée par l'exode rural où plus de 7.000 foyers subsistent toujours dans les bidonvilles de Tabeg el-Kelb et Sidi Ghazel. La vie devient rude et les chances d'y trouver un emploi ou d'autres issues sont malheureusement vouées à l'échec. Le chômage est fortement ressenti par la population et de surcroît, plus de 3.000 diplômés et universitaires chôment déjà depuis quelques années et ce, vu la restriction des effectifs au niveau des entreprises existant dans la wilaya pour des raisons économiques. La fermeture de plusieurs entreprises locales et le verrouillage des postes d'emploi dans différents établissements étatiques, semblent les raisons évidentes de cette situation déplorable qui perdure. Cependant, la majorité de cette frange de jeunes trouve néanmoins refuge dans le travail informel appelé communément «trabendo». Malgré les vastes terres agricoles non exploitées, les jeunes boudent l'agriculture. D'ailleurs, l'argument avancé par ces jeunes qui sont conscients de l'importance du travail de la terre, demeure, bien sûr, les moyens financiers qui ne sont pas disponibles. On vous rétorquera, cependant, que leurs dossiers sont déposés au niveau de la banque, mais aucun n'a bénéficié d'un prêt. Alors que les autres jeunes qui forment la frange des diplômés et autres techniciens des CFPA, évoluent dans une ambiance qui bride tout épanouissement - toute tentative pour sortir de cet engrenage demeure irréalisable, quant aux offres d'emploi des diplômés de centres de formation professionnelle (soudeur, mécanicien, électronicien...), elles sont très rares. Actuellement, la plupart de ces diplômés se sont vu obligés de changer de métier ou carrément de quitter la ville pour d'autres régions en quête d'un «job». Récemment, seule une vingtaine ont bénéficié de la microentreprise et de prêts bancaires acceptables, évoluant dans le cadre du dispositif de soutien au programme de l'investissement d'appui à l'exploitation agricole. Bien entendu, l'ANSEJ demeure la plus convoitée par des milliers de jeunes intéressés par l'investissement, surtout dans le créneau du transport. Par ailleurs, les commerçants, eux aussi, rencontrent d'autres problèmes tel le fisc. En effet, la majorité des commerces du centre-ville ont baissé rideau, les impôts devenant insupportables; les gagnants dans l'affaire restent ceux qui s'adonnent au commerce illicite. Effectivement, il est devenu beaucoup plus rentable d'oeuvrer dans un commerce quelconque, dans l'un des coins de la ville, à l'abri de toutes sortes de risques. En somme, le chômage tue la ville de Biskra où le citoyen doit prendre son mal en patience, en attendant des jours et des responsables meilleurs.