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Le difficle quotidien de la commune
IBN ZIAD (CONSTANTINE) Une paupérisation extrême
Publié dans El Watan le 20 - 02 - 2006

Recroquevillée sur elle-même, au cœur d'un périmètre constitué du nord au sud et d'est en ouest par les communes de Messaoud Boudjeriou, Aïn Smara, Constantine, Aïn Tine et Sidi Khelifa, la commune d'Ibn Ziad s'étend sur une superficie de 150 km2 et compte, selon le dernier recensement, 15 624 habitants.
Plus connue sous le nom de Rouffak, cette zone à vocation agricole créée en 1864 est encastrée entre monts et vaux, à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Constantine. Côté jardin, Ibn Ziad est nichée sur des terres indolentes chargées d'eau et parées à la belle saison d'une luxuriante verdure aux couleurs fascinantes, attirant à la belle saison de nombreuses familles qui n'hésitent pas à crapahuter sur un chemin de chèvres pour accéder au sommet du Djebel Cheïkh Zouaoui, un lieu de pèlerinage où se pratiquent au printemps des zerdas et autres rites transmis de génération en génération par des familles résidant pour la plupart à Mila et Constantine. Côté cour, cette image d'Epinal laisse de marbre les autochtones confrontés, entre autres problèmes récurrents, à un taux de chômage parmi les plus élevés de la wilaya, selon des sources concordantes. Un chômage induit essentiellement par la stagnation, sinon l'absence d'investissements dans les secteurs productifs. L'exception qui confirme la règle est une entreprise céramique publique en grande difficulté financière, parvenant à peine à boucler ses fins de mois et assurer les salaires de ses 210 employés menacés à tout moment de perdre leur gagne-pain. De ce fait, personne ne s'étonne outre mesure que cette entreprise agonisante ne s'acquitte pas du payement des taxes sur les activités professionnelles (TAP). Un dérèglement qui pénalise au premier chef l'APC d'Ibn Ziad qui se trouve ainsi privée de finances en mesure d'équilibrer son budget. En outre, cette entreprise céramique n'aurait jamais déclaré son chiffre d'affaires aux services des impôts, selon une source d'informations digne de foi. Mais qu'importe, nous dit-on, les 210 emplois assurés par cette unité de production justifient dans le contexte difficile de cette commune le blanc seing accordé par les uns et les autres.
Une zone d'activité sans investisseur
A partir de ce constat, tous les regards et même celui du P/APC en particulier sont tournés vers la zone d'activités aménagée en aval, à 1 km du chef-lieu de la commune. Un espace d'investissements composé de 41 lots de 500 à 1000 m2 chacun et qui serait susceptible d'absorber une bonne partie des compétences en friche qui viennent chaque année grossir les rangs des jeunes désœuvrés et éloigner un tant soit peu les affres du chômage qui sévit dans cette localité. Malheureusement, on ne se bouscule pas au portillon malgré toutes les facilitations accordées par les autorités locales. A ce jour, regrette Mahfoud Seguia, P/APC d'Ibn Ziad, un seul investisseur a postulé pour la réalisation d'une unité de céramique. A tout seigneur, tout honneur, il était tout à fait normal de lui dérouler le tapis rouge, en lui accordant un terrain composé de 18 lots. Sur les 23 restants à pourvoir, souligne le président de l'exécutif communal, deux assiettes d'une surface globale de 2138 m2 pourraient être prochainement attribuées à la réalisation d'une station service et d'un café restaurant. Mais la priorité sera donnée aux secteurs productifs, générateurs d'emplois et de richesses, tient toutefois à préciser notre interlocuteur. Mais, la commune d'Ibn Ziad étant essentiellement une zone rurale, parmi les plus enclavées de la région, beaucoup d'espoirs reposent sur le développement tous azimuts des activités agricoles, nonobstant la culture céréalière qui constitue le fer de lance de ce secteur avec un total de 4360 ha de superficies emblavées chaque année, dont 3150 dans la seule culture de blé tendre. Mais bon an mal an, de nombreux agriculteurs se trouvent confrontés à un sérieux problème d'érosion des sols qui se traduit par une fragilisation des espaces agricoles pénalisés par des glissements de terrains. Cela dit, au dernier recensement effectué par les services compétents, 106 exploitations agricoles agréées exercent à l'échelle de la commune dont la majorité dans le secteur céréalier. Par ailleurs, dans le cadre de la mise en valeur des terres par l'amélioration foncière, 15 ha de terres ont bénéficié à plusieurs postulants ayant adhéré au programme de développement agricole et rural. Dans ce même canevas de mesures incitatives, initiées notamment à travers le Fond national de développement agricole (FNDA) de nombreuses unités familiales ont vu le jour ces deux dernières années. Pour l'essentiel, on compte 27 unités d'apiculture crédités d'une production annuelle de 16 q de miel, 9 unités avicoles dont le niveau de production a atteint, l'année écoulée, 674 q de poulets de chair. Des mesures qui visent dans cette contrée affectée par de nombreux signes de précarité et de pauvreté, à la stabilité et au retour des populations ayant fui les zones les plus touchées par le terrorisme.
Mechtas au milieu de nulle part
Des facettes qui soulignent la dimension des poches de pauvreté qui persistent dans les zones les plus enclavées. Elles surgissent au milieu de nulle part, perchées au sommet d'une crête ou suspendues sur des versants noyés par un épais brouillard. Des Mechtas coupées du reste du monde, où le temps semble être suspendu. Encastrées dans un relief accidenté à plus de 1000 m d'altitude, ces enclaves difficiles d'accès offrent tous les indicateurs de la paupérisation et de l'exclusion. Pour y accéder, nous avons emprunté un chemin communal chaotique truffé de crevasses et qui serpente sur une dizaine de kilomètres avant d'accéder sur les hauteurs à 10 km du chef-lieu de la commune, à la mechta El Anab. Un hameau de 35 habitations rurales, où, faute d'un réseau AEP, les autochtones puisent leur eau de consommation dans des sources. Une eau dont la potabilité reste à prouver, si l'on en croit les dires d'un vieil homme qui affirme qu'elle est assez souvent à l'origine de dysenteries et autres maladies à transmission hydrique. Quand aux bienfaits du gaz naturel, ils en a fait son deuil depuis belle lurette. Noyée par un épais brouillard verglaçant, El Anab offre toutes les caractéristiques d'une enclave rurale marquée par la paupérisation. Elle semble plongée dans une profonde torpeur, et le seul endroit où la vie se manifeste est l'école primaire. Le tour du propriétaire est fait en un tour de mains. Deux classes et une petite bâtisse de 50 m2 où s'entremêlent le bureau du chef d'établissement, la cuisine, la cantine et un minuscule cagibi où sont entreposés les denrées alimentaires. En raison d'un déficit en classes, regrette le chef d'établissement, les cours prennent fin à 17 h30, ce qui représente une lourde contrainte pour le personnel pédagogique qui compte dans ses rangs une jeune fille. Elle fait chaque jour la navette entre la ville de Constantine et Ibn Ziad où il n'est pas évident, nous dit-elle, de trouver un taxi -car fraudeur, par mauvais temps, le chemin cabossé qui relie le chef-lieu de la commune à l'enclave d'El Anab se transforme carrément en véritable parcours du combattant. Nous continuons notre périple qui nous mène, 15 km en amont, à la mechta de Aïn Trab perchée à 1200 m d'altitude sur le chemin de wilaya no134. A vocation céréalière, elle n'en est pas moins une poche de pauvreté dont les signes les plus évidents sont un habitat des plus précaires et l'absence du moindre signe de modernité. 70 ménages y vivotent tant bien que mal sans eau courante et à ce propos, Mahfoud Seguia, P/APC d'Ibn Ziad, signale l'inscription au plan communal de développement d'un projet de réalisation d'un réseau AEP à partir d'un captage situé à 500 m en amont de la mechta. Pour l'heure, les autochtones souffrent, entre autres carences, de l'absence d'une salle de soins pour les petits bobos. Pour le reste, ils se fient à Dieu avec l'espoir chevillé au corps qu'un jour tout s'arrangera pour eux. « Après tout, on ne meurt qu'une fois ! » Un fatalisme propre à ces contrées du pays profond où il est difficile d'admettre malgré des conditions de vie difficiles, que les sirènes de la vie citadine finiront peut-être un jour par les déraciner de leur sol natal. A l'école primaire du coin, l'accueil du directeur et du corps enseignant est chaleureux. Ils évoqueront les mêmes tracas rapportés par leurs collègues de la mechta d'El Anab. De retour au chef-lieu de la commune, une rencontre est organisée avec le chef de daïra et le P/APC d'Ibn Ziad. A contrario du chef de l'exécutif communal qui aborde avec lucidité, sans fards ni a priori, les points épineux affectant sa commune, le chef de daïra préfère tourner son regard vers les projets de développement inscrits à différents niveaux. Concernant le programme de distribution publique du gaz naturel, il se félicitera du raccordement de 210 foyers sur un programme qui prévoit à moyen terme le raccordement de 1800 ménages à travers un réseau de distribution de 35 km. S'agissant du secteur sanitaire pénalisé par l'absence d'une ambulance, de médecins spécialistes et d'une maternité qui ferme ses portes dès 16 h faute de mesures incitatives, sachant que le corps médical réside à Constantine, notre interlocuteur met en avant un projet de réhabilitation visant à l'aménagement de 5 salles de soins inscrites dans le cadre du plan de développement communal 2006 et la réalisation d'un centre de santé doté d'une ambulance et d'une maternité rurale. Sur le point sensible de l'habitat semi-rural, il marque un point d'honneur à souligner l'achèvement de 130 logements sociaux et le projet en cours de réalisation du même nombre de logements, dont une cinquantaine au profit des localités de Ferralah et El Melha, deux localités situées sur la RN79, respectivement à 5 et 15 km du chef-lieu de la commune. Dans le cadre de la réhabilitation de la cité Céramique, une excroissance érigée en plein cœur du village d'Ibn Ziad, connue jadis sous le nom de cité des Calamités (ça ne s'invente pas) des études auraient été engagées pour la rénovation d'un réseau d'AEP défectueux et composé de canalisations en amiante. Un point noir qui suscite de grosses inquiétudes chez les habitants, mais qui ne semble pas émouvoir outre mesure les autorités compétentes. Les jeux sont faits depuis longtemps et il y a fort à parier que les habitants de cette cité auront (si ce n'est déjà fait !) à en payer le prix fort. Quoi qu'il en soit, une enveloppe de 10 millions de dinars a été dégagée pour la réhabilitation de ce réseau AEP et le même montant pour rénover le réseau d'assainissement de cette cité. Il faut noter au passage que le réseau d'assainissement de l'ensemble de la commune d'Ibn Ziad s'étend sur 34 km et génère au quotidien un volume de 484 m3 d'eaux usées. Par ailleurs, 15 millions de dinars dégagés sur un programme sectoriel de développement centralisé serviront à la réfection des chemins communaux qui entravent, comme on l'a souligné plus haut, le développement des moyens de transports vers les zones les plus enclavées de la commune.


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