Abdelhafidh Chenane est un jeune créateur de maximes en langue kabyle. Né à Mekla dans une famille d'artistes, il fera ses premiers pas dans l'art, très jeune. Il est épris de la poésie de Si Mohand U M'hand et Cheikh Mohand et bien d'autres. Armé de cette culture acquise, notamment par le biais de sa grand-mère, à laquelle il dédie d'ailleurs ce recueil de maximes. Abdelhafidh se jettera corps et âme dans cette forme d'expression. La maxime est, selon lui, un don que l'homme peut utiliser pour exprimer ses impressions sur les choses de la vie. Le créateur de maximes voit dans toute chose une source d'inspiration. Il dira, à cet effet, que quand les proverbes tendent à disparaître de la mémoire collective, il vient suppléer à cette carence par sa créativité individuelle. Ses pensées deviennent alors une expression de la réalité déformée souvent par des écarts que les gens communs ne parviennent pas à restaurer. Le génie du poète, seul, peut alors s'introduire entre les deux parties, pour corriger d'abord par la parole et le verbe, les entorses portées à la norme. C'est dans ce milieu que Abdelhafidh évolue depuis son jeune âge. Il reconnaît tout de même que sa grand-mère y est pour beaucoup. Toute son enfance a été bercée par ces adages et ces proverbes que les anciens considéraient comme des balises et des phares. Des balises car les gens devaient toujours faire confiance à un savoir supérieur qui dépasse l'individu. A quelques exceptions, la société d'antan, fortement gérontocratique, cumulait chez un vieux une façon de garder ce savoir- faire pour le consulter au besoin. Des phares, car les chemins de la vie sont sinueux. De crainte de se perdre, l'individu ou le groupe devaient se référer à un savoir cumulé chez une personne. Les vieux n'étaient-ils pas respectés pour cela? En attendant la deuxième partie des maximes de Abdelhafidh qui va sortir incessamment, la première mérite d'être lue. Bien que les maximes se trouvent dans des proverbes déjà existants, il n'en demeure pas moins que ce jeune poète a le mérite de traduire ses inspirations par des vers rimés à situer entre la maxime et la poésie.