Le coup de filet réalisé contre de présumés terroristes a été précipité de crainte que les suspects n'échappent à la police après la publication des photographies d'un document secret. Le chef de la section antiterroriste de Scotland Yard a démissionné jeudi après une bévue qui aurait pu compromettre l'arrestation de douze hommes soupçonnés d'avoir préparé des attentats présentés par Londres comme un «complot terroriste majeur». «J'ai remis ma démission aujourd'hui en sachant que mon action pourrait avoir compromis une opération antiterroriste majeure», a déclaré dans un communiqué le chef de la section antiterroriste, Bob Quick. M.Quick avait été photographié la veille au moment où il arrivait au bureau du Premier ministre Gordon Brown à Downing Street avec sous le bras un document sur lequel étaient clairement visibles les noms des suspects et des indications sur les lieux où les attentats devaient être commis. Les photographies du document publiées jeudi par le quotidien Evening Standard, montrent aussi une mention selon laquelle la police considère que le complot était «piloté par AQ», c'est à dire par Al Qaîda. Douze hommes, dont onze ressortissants pakistanais selon la police, ont été arrêtés mercredi dans le nord-ouest de l'Angleterre. Ce coup de filet a été réalisé plus tôt que prévu de crainte que les suspects n'échappent à la police après la publication des photographies du document secret. Les arrestations ont eu lieu notamment dans le quartier de Cheetham Hill à Manchester, à l'université John Moores de Liverpool et dans la ville de Clitheroe (Lancashire). «Il y avait effectivement une grave menace», a déclaré Peter Lehr, professeur au Centre d'étude du terrorisme de l'université de St-Andrews, en Ecosse. «Ils avaient des liens avec Al Qaîda, ils avaient été formés dans des camps au Pakistan et ils étaient sur le point de lancer une attaque sur un centre commercial ou une boîte de nuit», a-t-il dit. «Cela aurait pu tuer des milliers de personnes.» Le Premier ministre lui-même a voulu justifier la décision d'accélérer ces arrestations, prévues initialement jeudi à l'aube selon les médias. «Nous enquêtions sur un complot terroriste majeur et nous devions agir rapidement. Notre premier souci est toujours la sécurité du public. Il était juste d'agir rapidement comme nous l'avons fait hier», a expliqué M.Brown. «Je regrette profondément les perturbations causées à mes collègues menant l'opération», a déclaré M.Quick. Le patron de Scotland Yard, Paul Stephenson, a annoncé son remplacement par John Yates, connu du grand public pour avoir mené l'enquête sur des «prêts» accordés par de riches donateurs aux partis pour financer leur campagne électorale de 2005. Certains de ces donateurs avaient ensuite été proposés pour un siège à la Chambre des Lords. La Grande-Bretagne est placée en état d'alerte antiterroriste élevée depuis les attentats du 7 juillet 2005 à Londres, qui avaient fait 56 morts dans les transports en commun, dont les quatre auteurs des attentats. La démission de M.Quick intervient tandis que Scotland Yard fait déjà l'objet d'une enquête indépendante pour une possible responsabilité de la police dans la mort d'un citoyen britannique.