Les conditions sociales des travailleuses, la précarité de l'emploi ainsi que la faiblesse des syndicats ont fait d'elles des proies faciles. Dans le cadre des activités de formation sur les droits des femmes, le SNJ et le comité de femmes Laddh, ont organisé mercredi dernier à la salle de conférence de la Maison de la presse, une projection du film North country ou le vent du Nord de Niki Caro, suivie d'un débat animé par Mme Nasséra Merah, membre de la Commission nationale de la Ligue algérienne des droits de l'homme (Laddh). L'histoire du film aborde le problème du harcèlement sexuel sur les lieux de travail. Au début des années 70, Josey Aimes, une jeune mère de famille maltraitée par son mari, fuit le domicile conjugal et s'installe dans le Minnesota, où elle devient l'une des premières femmes à travailler dans une mine de fer. Mais le harcèlement la suit toujours et les propriétaires du lieu ne tiennent pas compte de ses plaintes. Au risque de se mettre de nombreux collègues à dos, elle se fait, alors la porte-parole de la cause féministe au sein de l'entreprise. Divorcée, mère de deux jeunes enfants, Josey Aimes a regagné sa bourgade natale du Minnesota à la recherche d'un emploi. Un seul débouché s'offre à elle: la mine qui, depuis des générations, constitue l'ossature économique et sociale de la région. Le travail est harassant, mais bien rétribué, et l'on est assuré de s'y faire de solides relations, pour peu que l'on respecte les valeurs et traditions passéistes de ce milieu. Car la mine est un fief masculin, où les rares femmes s'exposent à la méfiance, voire à l'hostilité, d'un certain nombre de mineurs qui jugent qu'elles n'y ont pas leur place et ne voient en elles que des concurrentes potentielles, prêtes à leur ravir leur emploi. Josey, comme ses compagnes, se trouve donc en butte à la malveillance des «fortes têtes», à leurs plaisanteries d'un goût douteux, à leurs insinuations salaces, à leurs manoeuvres de harcèlement, qui lui deviennent vite intolérables. Mais personne ne veut entendre ses protestations. Pour la hiérarchie, pour ses parents, pour ses compagnes et même pour sa plus proche amie, la déléguée syndicale Glory, rien ne doit troubler l'équilibre, et les règles de l'institution. Josey est invitée à tenir tête, à garder le silence, à faire semblant de rien...Mais les incidents se multiplient, et la pression monte de jour en jour, jusqu'à ce que la jeune femme tente l'impensable: porter l'affaire devant la justice, un acte de défiance sans précédent qui bouleversera sa vie et changera le visage de la justice...Le harcèlement sexuel en milieu de travail est devenu courant chez nous. Il paraît que même certains boss en font leur sport favori et que les plaignantes n'ont pas trouvé d'oreilles attentives à leurs doléances. Les victimes refusent de déposer plainte. «Ce refus s'explique par le manque de preuves», atteste Mme Nasséra Merah. C'est surtout les conditions sociales des travailleuses, chefs de famille sans ressources et aussi la précarité de l'emploi ainsi que la faiblesse des syndicats qui font qu'elles sont devenues une proie facile. Les plus vulnérables étant les femmes contractuelles ou non encore titularisées. Et dans l'objectif de dévoiler tous ces loups, la justice «doit impérativement prendre au sérieux cette situation et durcir la législation à l'égard des agresseurs et surtout protéger les témoins», a-t-elle conclu.