Un plébiscite par acclamation lui a permis de sauver la face. C'est sous très haute surveillance que les travaux du conseil national du RND ont repris ce jeudi à l'hôtel Mouflon d'Or au parc de Ben Aknoun. Un imposant service d'ordre, soutenu par des services de sécurité prêts à toute éventualité, a pris les choses en main très tôt le matin. Af in d'éviter une réédition des événements de la semaine, un maximum de précautions ont été prises, au point où même la presse a trouvé un mal fou à franchir tous les «barrages» pour arriver à la salle où devaient se réunir les membres du conseil national. Sur place, il était évident que les choses avaient été mûrement préparées. C'est Mohamed Chérif Abbas qui s'est levé pour s'interposer entre les deux factions rivales, mettre en avant les dangers encourus par le parti à cause de ces conflits qui le minent de l'intérieur et proposer à l'adoption une motion de soutien au secrétaire général du parti, Ahmed Ouyahia. Les contestataires seront alors noyés sous le nombre des votants à main levée. Ouyahia fait alors son apparition et reprend les commandes du conseil national et du parti sous des ovations savamment réparties à travers la salle. Des sources proches des deux factions rivales nous ont affirmé que Ouyahia avait exigé, avant son retour, un plébiscite par acclamation, lui permettant de la sorte de sauver la face et de revenir comme un sauveur et non plus comme un naufragé. Les animateurs du comité de sauvegarde du RND ont tenté par tous les moyens d'empêcher «cette mascarade» en exigeant la tenue d'un vote à bulletin secret. Ouyahia, comme premier réflexe, priera la presse de quitter la salle. Ce huis clos ne nous a pas empêchés de suivre le déroulement des travaux à travers une fenêtre demeurée entrebâillée. Dans son allocution, Ouyahia a donné l'air de craindre l'urne, conscient, donc, que trop de mécontents ne rêvent que de le voir partir à condition de ne jamais dévoiler au grand jour leurs cartes. Ouyahia, en outre, est revenu sur le mécontentement issu de la confection des listes électorales et les résultats très médiocres obtenus à l'issue du scrutin du 30 mai passé. Et d'appeler l'ensemble des présents à «resserrer les rangs en prévision des élections prochaines». La commission de discipline a, par la suite, donné lecture de son rapport, ordonnant la radiation des deux principaux animateurs du comité de sauvegarde du RND, Aïssa Nouasri et Kacem Kébir. Les raisons invoquées sont «le travail fractionnel, la diffamation contre la direction du parti et la critique de cette même direction». Ce dernier point, a-t-on pu apprendre par la suite, est bel et bien contenu dans les statuts du parti et représente même une faute du troisième degré ce qui est simplement «une aberration», comme n'ont pas manqué de le souligner la plupart des cadres politiques et juristes que nous avons pu consulter à ce sujet durant le week-end. C'est d'autant plus incompréhensible que la commission de discipline, pour ordonner l'exclusion et étayer ses accusations, ne s'est servie que d'une seule et unique preuve: quelques dizaines de coupures de presse. Kacem Kébir, du reste, a tenté de protester en demandant le droit de parler, de se défendre avant d'être exclu comme le prévoient les mêmes textes utilisés pour le mettre dehors. Ce qu'entendant, Ouyahia lui a ordonné sèchement de quitter la salle sous peine de se faire jeter dehors, sans ménagement, avec le renfort de la force publique. Le message ne pouvait pas être plus clair. Le retour de Ouyahia obéit à un choix délibéré du pouvoir, ou de certains clans de ce même pouvoir. Sa carrière politique, que l'on pensait terminée, ne fait peut-être que commencer.