«Nous avons combattu le FIS, nous le combattons et nous le combattrons». Comme il fallait s'y attendre, Ouyahia a tiré la sonnette d'alarme sur la «marée islamiste qui menace la République», allusion faite à la libération imminente des deux leaders de l'ex-FIS, Abassi Madani et Ali Benhadj. «Nous devrions tous participer à la sauvegarde de la République, mais, hélas, en 2003, cela n'a pas encore été fait.» Quoi de plus alarmant que cette expression, surtout lorsqu'elle émane d'Ouyahia, Chef du gouvernement de surcroît...Ce dernier a pratiquement passé le week-end à lancer des mises en garde. «La situation politique ressemble en tout point à celle des années 1990- 91», a-t-il déclaré jeudi, dans son discours d'ouverture de la réunion du conseil national du RND à l'hôtel Mazafran. Une mise en garde appuyée par des critiques virulentes à l'endroit des courants dits démocrates et nationalistes «dont les partis islamistes - notamment le parti de Djaballah et les dirigeants de l'ex-FIS - exploitent leur division et leur effritement pour accaparer la République». Ouyahia a tenu à rappeler, en haussant davantage le ton, lors de la conférence de presse, que l'égarement et la division caractérisent le pôle démocratique et nationaliste. Une division que les partis fondamentalistes ont mis à profit pour occuper le terrain. «Vous n'avez qu'à aller faire un tour dans les mosquées et les camps des sinistrés pour vous en rendre compte», a-t-il indiqué en ajoutant: «Il y a des signes qui ne trompent pas et qui renforcent les inquiétudes.» Mais avec une subtilité incroyable, le patron du RND, fait de chaque question des journalistes, une occasion pour tirer sur le trio Djaballah-Benhadj et Abassi au point d'en faire un abcès de fixation. «L'ex-FIS est définitivement et constitutionnellement dissous, ses deux leaders n'auront plus le droit de reprendre l'activité politique, mais tant que Djaballah est là, le danger de reconstitution de l'intégrisme religieux demeure persistant». «Nous avons combattu le FIS, nous le combattons et nous le combattrons», a-t-il martelé comme s'il avait Ali Benhadj en face de lui. «Ce n'est pas une question politique, mais une question d'existence». Visiblement décidé à se faire comprendre, il indique, en des termes à peine voilés, pour des raisons de respect pour les autres formations politiques qu'avec le laisser-aller des pôles démocrates et nationalistes, il ne serait même pas la peine de faire des guerres électorales pour la présidentielle. «La lutte contre les islamistes est plus importante que la présidentielle», a-t-il conclu. C'était clairement un ultime appel de Ouyahia, avant de clore sa conférence, lancé à l'adresse des autres formations politiques pour faire face au «raz de marée islamiste» comme il l'a décrit. C'est d'ailleurs dans le même esprit que le RND a émis son veto contre la levée de l'état d'urgence en affichant son désaccord avec les propos du chef de corps d'armée, le général Mohamed Lamari, qui n'y voyait pas d'inconvénient «du moment que sa levée ne gênerait pas la mission des services de sécurité». Encore une fois Ouyahia profitant de l'occasion qui se présente à travers cette question, reviendra à la charge contre les leaders du FIS. «N'oubliez pas que, grâce aux dispositions de l'état d'urgence, nous n'entendons pas la voix de Abassi Madani, en liberté provisoire.» Un dernier trait, avant de passer aux autres dossiers. L'autre question qui a dominé la conférence est celle relative à l'initiative du dialogue avec les ârchs. Même sans les nommer, le RCD et le MDS n'ont pas échappé aux critiques. Le secrétaire général a dénoncé les tentatives de biaiser le dialogue à travers l'infiltration du mouvement par des partisans de certaines formations politiques qui veulent marchander avec la crise. En outre et concernant la présidentielle, le RND continue à entretenir le suspense en attendant l'évolution de la situation politique. Enfin, le patron du RND s'est abstenu de tout commentaire quant aux tentatives de déstabilisation du FLN, en déclarant que le RND a connu la même chose, il n'y a pas longtemps. Il rappellera la descente contre les membres du son parti au Mouflon d'or.