«La question sera abordée lors du conseil national qui se tiendra la semaine prochaine.» Pressé par les rendez-vous politiques en perspective, embrouillé par des tensions internes et irrité par les retards qui caractérisent le renouvellement des ses structures, le FLN compte opter pour la solution d'urgence. A défaut d'élections, le parti majoritaire procédera tout simplement aux nominations. «Pour faire vite, pour en finir avec cette situation qui nous pèse de plus en plus et surtout pour éviter la résurgence d'autres tiraillements, la sagesse voudra qu'on nomme les mouhafedhs», a confié hier, un membre de la direction exécutive du parti. «La question sera abordée, d'ailleurs, lors du conseil national qui se tiendra la semaine prochaine» a ajouté la même source précisant que «cette nomination n'a rien d'antidémocratique du moment que le conseil national de fort plus de 500 membres est souverain dans ses décisions». Le FLN compte tenir les 28 et 29 avril son conseil national dont l'objectif annoncé est l'établissement d'une évaluation d'étapes sur son parcours depuis une année. L'énorme retard cumulé dans l'opération du renouvellement des structures depuis son démarrage, il y a maintenant deux ans, a rendu pratiquement impossible le respect des échéances fixées par le parti. L'élection ou la nomination des mouhafedhs constitue l'étape la plus difficile dans le renouvellement des structures du vieux parti. Elle touche directement aux équilibres et aux différentes tendances qui structurent l'appareil complexe du FLN. Le travail des coulisses bat son plein à une semaine de la tenue du conseil national. Les négociations, à la limite des tiraillements, sont menées au pas de charge comme à chaque rendez-vous, «décisif». On se rappelle de la polémique qui a caractérisé la deuxième session de l'instance exécutive qui s'est déroulée il y a deux mois à l'hôtel Mouflon d'Or (Ben Aknoun). Les débats ont eu lieu à huis clos et glissé vers des dérapages orageux. Le pourquoi de ces tractations a été la mise en circulation d'un document où étaient classés les membres de l'instance exécutive selon le degré d'allégeance au secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem. Expliquant cette situation, M.Belkhadem a affirmé, lors d'un point de presse, que son parti a connu une tentative de déstabilisation sans qu'il précise l'origine de cette tentative. D'autre part, il a révélé, lors d'une conférence de presse, qu'une commission d´enquête interne sera mise en place «pour mener une enquête et démasquer les auteurs de cette manoeuvre». Rien n'a filtré, depuis, sur le travail et les résultats de cette commission. C'est dans ce climat marqué par des débats houleux au Mouflon d'Or que le FLN a lancé la polémique sur l'augmentation des salaires. Abderrahamane Belayat, qui a été chargé de la rédaction de la déclaration politique sanctionnant les travaux de cette session, a mis «le feu aux poudres». Il a affirmé que la revendication salariale est légitime, désavouant directement ainsi le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, qui affirmait deux jours, auparavant, que «la question salariale doit obéir aux normes qui régissent une économie moderne». M.Belayat a été ensuite relayé par le secrétaire général du FLN. Depuis, le greffon a pris. Le RND réplique par la voix de l'un de ses responsables, Chihab Seddik. Il a qualifié le FLN de «parti archaïque ayant une vision rentière et étroite». A son tour, le porte-parole du parti majoritaire, Saïd Bouhedja, revient à la charge et souligne que «les déclarations d'Ouyahia confirment le fossé qui sépare le RND de la société avec ses soucis et ses préoccupations». D'autres brèches et sujets de polémique ont été ouverts ou réanimés depuis cet épisode de Ben Aknoun. Il s'agit, notamment, de la révision constitutionnelle, du troisième mandat pour M.Bouteflika en attendant les législatives de 2007 qui tapent déjà aux portes des partis.