En marge d'une rencontre avec ses militants à Béjaïa dans le cadre de la campagne de restructuration, le président du Front national algérien a bien voulu aborder l'actualité nationale. Moussa Touati revient dans cet entretien sur la dissidence au sein de son parti, la dissolution de l'APN et la reconduction du gouvernement. L'Expression: Un peu plus d'un mois après le scrutin de la présidentielle, on vous revoit sur le terrain. Quels sont les objectifs de ces rencontres? Moussa Touati: Le FNA a organisé son 2e congrès en décembre 2007 au cours duquel il eut des recommandations de réorganisation organique. Il va de soi que le FNA qui n'est pas un parti d'occasion, procède à sa propre restructuration. Nous sommes un parti qui croit au militantisme et à la continuité. La direction du parti est là pour exécuter les recommandations du congrès. Le conseil national s'est réuni et a évoqué cette question et c'est le moment de les appliquer. Le FNA est un jeune parti qui a fait ses preuves sur le terrain. Il s'agit d'éviter les erreurs commises en 2007 où nous avons présenté des candidats non militants. Il y a donc une relation avec la dissidence, n'est-ce pas? Il n'y a jamais eu de dissidence au sein du FNA. Le FNA n'est pas en crise. C'est plutôt la démocratie et la transparence qui s'expriment pleinement. La dissidence n'est pas militante. Toutes les instances du parti se sont réunies avant et dans les délais. On peut parler de dissidence lorsque celle-ci se fait à l'intérieur du parti. Chose qui n'existe pas chez nous. Vous voulez dire que Benhamou et son équipe ne sont pas des militants? L'équipe qui s'agite actuellement n'est pas du FNA. Benhamou est un élu du parti certes, mais pas un militant lié organiquement au parti. Il y a une différence de taille. Cet élu doit exécuter et respecter les engagements du parti. Le cas contraire, il devient un mauvais élu, donc pas un militant. Il a d'ailleurs présenté ses excuses au conseil national mais il revient encore à la charge. Le problème sera réglé lors des prochaines échéances électorales. Il n'aura pas sa place sur nos listes au même titre que certains élus locaux qui doivent aussi assumer leurs responsabilités. La dissolution de l'APN est l'autre sujet qui fait l'actualité. Peut-on connaître la position du parti ou du moins son évolution? Nous sommes le premier parti à avoir condamné cette assemblée qui ne jouit pas de la légitimité populaire. Les 19% de votants qu'on a remonté jusqu' 35%, ne représentent pas la population. Nous avons également constaté que cette assemblée travaille uniquement dans l'intérêt de sa composante d'où notre position que nous maintenons toujours. Nous travaillons à traduire cette volonté autrement. Envisagez-vous le retrait de vos élus? Est-ce une solution que de retirer ses élus? Nos élus y sont et ils vont y rester pour constituer l'oeil du parti. Nous avons des élus qui appartiennent au peuple. Ce serait une volonté de déstabilisation si nous agissions de la sorte. Une volonté qui va à l'encontre de notre combat pour la stabilité des institutions. Pour autant nous revendiquons la dissolution, pour autant nous préférons cette assemblée au fameux Conseil national de transition (CNT). Le président de la République a reconduit la même équipe gouvernementale. Qu'en pense M.Touati? C'est flagrant! Un gouvernement qui a travaillé pour maintenir le Président en poste, il va de soi qu'il soit récompensé de la sorte. Que le gouvernement ait agi par fraude ou dans la légalité, le résultat est le même. On se protège mutuellement. Le président de la République n'a fait que montrer sa reconnaissance à une équipe qui lui est restée fidèle. Votre score à la présidentielle d'avril dernier ne constitue-t-il pas un recul de votre formation politique? Notre score officiel n'est pas réel. Nous avons obtenu beaucoup plus que ça. Nous sommes en progression et en aucun cas on peut dire que le FNA a reculé vu la manière et les méthodes qui ont été utilisées avant et le jour du scrutin. Les résultats du scrutin présidentiel ne sont pas un indice fiable. Ils n'expliquent rien. Quelle lecture fait le FNA de la situation actuelle du pays? Le problème de l'Algérie est la démission du peuple. Pour remonter les 45 ans de règne de la pensée et du parti uniques, fait de marginalisation, il faut que les jeunes se mobilisent et se prennent en charge par eux-mêmes. La jeunesse doit revendiquer le changement du système. Il faut passer de la démocratie abstraite à la démocratie réelle où le peuple décidera de sa destinée sur tous les plans en s'inspirant des fondements de la Déclaration de Novembre 1954.