Non seulement ses mots sont la source de nos émotions, mais ils nous portent à l'action. Le pouvoir des mots est immense. Et pour cause, le verbe fait la différence entre la réussite et l'échec. Cela dit «il n'est pas nécessaire de réussir pour persévérer», la citation de Mouloud Mammeri se vérifie aisément dans la poésie de Ben Mohamed. Car non seulement ses mots sont la source de nos émotions, mais ils nous portent à l'action. La parole est pouvoir. Elle peut faire autant de dégâts qu'une bombe atomique ou s'avérer aussi bienfaisante que le meilleur des médicaments. Et parmi ces surdoués en verbe, c'est l'enfant terrible de Tikidount dans la région des Ouacifs, un sociétaire indispensable dans la reconnaissance de la culture amazighe. Ben Mohamed est l'auteur de la magnifique chanson A vava inouva, interprétée par Idir et qui a propulsé ce dernier à la world music. Il a fait de même pour des dizaines d'autres chanteurs tels que Nouara, Matoub Lounès, Takfarinas, Djamel Allam, Medjahed Hamid, Amar Sersour, Taous et la liste est longue. Mais voilà que l'émission Ighzif a Yidh de la Radio nationale, Chaîne II tant attendue par les auditeurs fait une tradition pour reprendre la vie qu'elle ambitionne et apporter sa contribution à la réanimation de la flamme artistique et au renforcement de l'adhésion de tout un chacun à la culture. Le principal objectif du département de production de la Radio nationale d'expression amazigh, n'est autre que l'ouverture de ses espaces pour toute personne qui peut apporter un plus. Une politique qui commence à porter ses fruits depuis le retour de M.Hamid Laârfi entouré d'une équipe de jeunes pleins de volonté et d'énergie. Il paraît être sa clairvoyance sur les défis posés et sur l'urgence de la situation. A l'en croire, sa seule ambition désormais est de mettre à profit ces moments si particuliers pour satisfaire les auditeurs qui seront les seuls juges. Mais «il y a loin de la coupe aux lèvres» étant donné l'ampleur des défis auxquels cette équipe est confrontée, le développement et l'ambition sont jugés irréalistes par des personnes qui mettent des bâtons dans les roues. Qu'à cela ne tienne, la volonté de cette jeune équipe est de mise, car rien n'arrêtera la marche victorieuse de l'honnêteté. A cet effet, un vibrant hommage a été rendu durant la soirée de mercredi dernier au célèbre poète Mohamed Ben Hamadouche dit Ben Mohamed, à l'auditorium du Centre culturel Aïssa-Messaoudi de la Radio algérienne. A cet effet, nombreux étaient ceux qui ont répondu présent. Des personnalités du monde artistique et des nostalgiques se sont donné le mot pour rendre hommage au guérisseur des maux par les mots. Une réponse aux détracteurs quoi. Ce pionnier de la poésie d'expression amazighe, ayant côtoyé et traduit diillustres noms de la littérature algérienne et étrangère, Kateb Yacine dont Mohamed prend ta valise, La Kahina, et aussi, c'est à travers la voix sereine de «Ben» que des générations d'auditeurs de la Chaîne II ont découvert le magistral Pablo Neruda, le poète chilien. L'histoire de Victor Jara l'a inspiré à composer un chef-d'oeuvre intitulé Izumal (les symboles). L'événement a eu lieu en présence du directeur de la Chaîne II et de personnalités artistiques, qui ont présenté leurs hommages à cette montagne, tout en profitant pour échanger des cadeaux à l'occasion. Etaient présents également, des figures emblématiques de la chanson kabyle, notamment Arezki Hammed, Hadjira Oubachir, Saïd Chamakh, Rabah Inasliyen, Slimane Hachi, Amdjahed Hamid, Kh'didja,...et le grand poète Aït Menguellet, qui a manifesté une grande sympathie et reconnaissance à ce grand Monsieur avec ses 51 ans de poésie. A cette occasion, une panoplie de chanteurs ont répondu présent en guise de gratitude à ce grand artiste qui a tant donné à la culture algérienne, en général, et amazighe, en particulier. Pour tous les témoins cette soirée est une réussite et la Radio ressuscite sa véritable mission. Mohamed Ben Hamadouche reste l'homme fidèle, le maillon essentiel dans une chaîne de transmission, le témoin de la culture et de la langue amazighes. Il est une pyramide de l'extérieur mais dont le génie et le secret se trouvent dans ses entrailles. De telles initiatives sont à envier et à féliciter. Car l'artiste a besoin de plus de considération. Et pour savoir plus sur le passage à vide au niveau de la Radio nationale d'expression amazighe, le sous-directeur de la production, M.Hamid Laârfaoui, explique que «sans le travail et la créativité, il n y aura pas de mérite. Normalement, c'est dans la crise, s'il y a, que surgit le meilleur de chacun d'entre nous, parce que sans la crise, le vent est une simple haleine. Parler de problème s'il y a, c'est le promouvoir, et se taire, c'est exalter le conformisme. Au lieu de cela, travaillons dur pour le dépasser». Et de conclure: «Finissons-en une fois pour toutes avec l'unique problème menaçant qui est la tragédie de ne pas vouloir combattre pour évoluer. Car le véritable problème, c'est l'incompétence.»