Actuellement, avec trois chaînes concurrentes, l'espoir est permis de croire que des efforts seront fournis par chacune d'entre elles afin d'émettre les meilleurs programmes possibles. Le temps est vite passé et aujourd'hui la chaîne de télévision Brtv, qui a le grand mérite d'avoir cassé un tabou et relevé un défi à l'époque, propose des programmes souvent jugés médiocres et ne répondant pas aux normes en matière d'audiovisuel. Si cette chaîne de télévision relativement bien regardée par les berbérophones est critiquée sévèrement, c'est parce que de grands espoirs ont été placés en elle. Mais, il s'avère qu'à la veille de la célébration du 10e anniversaire de son lancement, il est apparu qu'il n'y a point d'amélioration notable en matière de qualité des programmes. On relèvera tout de même qu'il a été procédé à l'élargissement du créneau horaire de diffusion. Mohand Amalloul, l'un des animateurs de cette chaîne ayant suivi plusieurs étapes du développement de Brtv, explique que cet état des lieux est, en grande majorité, dû au fait que Brtv emploie des personnes qui n'ont rien à voir avec l'audiovisuel ni avec le journalisme. L'absence de professionnels induit irrévocablement un manque de professionnalisme. Selon Mohand Amalloul, les promoteurs de Berbère télévision sont motivés mais pour faire fonctionner une chaîne de télévision, les moyens sont indispensables. Or, il se trouve que dix ans après, la première chaîne de télévision en tamazight fonctionne encore grâce au bénévolat. En Kabylie, des caméramans amateurs se sont convertis, sans formation, en réalisateurs et commentateurs et confectionnent des «reportages» avec les moyens de bord. Souvent, ces animateurs improvisés font même payer des comités de villages ou des artistes en contrepartie du travail effectué. Une pratique qui est logiquement illégale mais du fait qu'il s'agit de défendre une cause que tout le monde qualifie du noble, tout ce qui se fait dans ce domaine est classé dans le chapitre du militantisme pour la cause amazighe. Ceci était valable avant mais avec le lancement de la chaîne berbère étatique à Alger, y a-t-il lieu de revoir les cartes. Berbère télévision peut-elle continuer à survivre en ayant tous les jour, que Dieu fait, recours au bricolage ou bien est-il indispensable de faire une halte pour redémarrer sur des bases solides? Or, la politique suivie jusque-là par cette chaîne risque d'accumuler des lacunes si elle ne l'a pas déjà fait. Mohand Amalloul, qui considère Brtv comme une partie de lui, estime qu'il est incontestable que beaucoup parmi ceux qui se considèrent comme animateurs et réalisateurs n'ont pas leur place dans l'audiovisuel. Il utilise des termes très sévères en abordant ce sujet car, pour lui, la responsabilité de l'échec de Brtv est en grande partie inhérente à ces «intrus». Un véritable dilemme car on ne peut absolument pas mettre tous ces animateurs et réalisateurs amateurs dans le même panier. Il se trouve sans doute parmi eux, ceux qui sont sincères et qui ont la volonté de bien faire et d'apporter un plus. Mais, même dans ce cas là, il est impératif que ces bonnes volontés fournissent des efforts, en poursuivant par exemple des formations comme l'avait fait Mohand Amalloul et tant d'autres d'autant plus que dans leur majorité, ces animateurs novices sont jeunes. L'avenir de Brtv se joue certainement à ce niveau. Et au lieu d'élargir le créneau horaire de diffusion, il aurait été plus judicieux de tabler sur la qualité des programmes. Il faut dire que déjà, bien avant le lancement de la Chaîne IV en tamazight, Brtv avait été détrônée par Beur TV. Cette dernière s'est aussi investie dans la langue amazighe afin de conquérir le téléspectateur mais avec toujours le même handicap de la qualité des programmes. Actuellement, avec trois chaînes concurrentes, l'espoir est permis que des efforts seront fournis par chacune d'entre elles afin de livrer les meilleurs programmes possibles.