Saïd Chemakh, docteur d'Etat en linguistique berbère, interrogé hier sur l'avenir de Brtv, après le lancement d'une chaîne étatique en tamazight, s'est montré optimiste. Pour notre interlocuteur qui anime en même temps l'émission littéraire «Tissuraf», à la Chaîne 2 de la Radio nationale, cette nouvelle chaîne sera un élément que la Brtv devrait prendre en compte pour procéder à l'amélioration de ses programmes. Notre interlocuteur a beaucoup insisté sur l'apport de Brtv en tant que précurseur. Cette chaîne, de l'avis de Saïd Chemakh, partagé par la majorité des observateurs, a démontré que l'existence d'une télévision en langue berbère était chose possible, car avant cela, les détracteurs de la culture amazighe colportaient que les télévisons étaient l'apanage des langues privilégiées. La naissance de Brtv a démontré le contraire. La preuve, dix ans plus tard, l'Etat algérien a lancé une première chaîne de télé en tamazight et selon notre interlocuteur, le Maroc aussi est en train de poser les jalons d'une même initiative. Sans oublier que sur Internet, il existe déjà deux chaînes de télévision en tamazight et trois radios. C'est dire que le champ audiovisuel en tamazight est en pleine éclosion. «L'existence de Brtv est une belle chose. Elle a permis de décomplexer le débat sur la possibilité d'une télé en tamazight. Brtv, malgré tous les écueils, a démontré que ça pouvait se faire, elle a apporté une preuve. Mais actuellement, nous sommes arrivés à une étape où, si quelqu'un veut rester sur le marché, il doit tabler sur la qualité. Il est impossible à une chaîne de télévision de s'inscrire dans la durée en l'absence de qualité. Or, comme nous le constatons, actuellement, Brtv donne la priorité à la quantité. L'enjeu est difficile quand on voit la qualité des programmes proposés par des chaînes comme Euro News, France 24, BFM, Arte et autres. Brtv, qui s'est folklorisée au fil des ans, devrait se ressaisir. Même s'il est difficile d'obtenir des programmes riches en films de fiction en tamazight, il est possible d'investir dans le documentaire de qualité. Le travail sur la langue doit aussi se faire car nous constatons qu'il y a beaucoup de lacunes dans ce volet», résume Saïd Chemakh.