ces Trois chaînes privées algériennes se partageront, désormais, le champ audiovisuel national. Avec le lancement aujourd'hui à partir de 20 heures de KhalifaTV et en octobre de BeurTV, la guerre des télés a déjà commencé. Trois chaînes privées algériennes se partageront désormais, le champ audiovisuelle national: BerbèreTV, Khalifa TV et BeurTV. L'Entv et Canal Algérie n'ont qu'à bien se tenir. Considérés comme le plus grand consommateur télé en Afrique, les concepteurs de ces télés visent en particulier un pays longtemps privé d'une deuxième chaîne «indépendante». Leur dénominateur commun: la France puisque toutes ces chaînes sont installées dans l'Hexagone. Si KhalifaTV est lancée en grande fanfare à partir de la ville du cinéma par excellence Cannes, avec la participation s.v.p. d'une pléiade de grandes stars du show-biz français et américain, BRTV et à un degré moindre BeurTV ont, durant des années, souffert pour trouver les financements nécessaires pour monter leurs projets audiovisuels et se lancer dans le champ audiovisuel français déjà saturé par les nombreuses petites télés spécialisées. Contrairement à ce qu'on a voulu faire croire c'est BRTV (chaîne berbère) qui a été la première télévision algérienne privée. Refusant de s'inscrire dans une lignée nationaliste et algérienne, BRTV se présente comme une télévision culturelle identitaire, un peu à l'image de la télé bretonne française «TVBreizh» diffusée sur le bouquet TPS ou encore les chaînes hispaniques des Etats-Unis. Dirigée par un certain Mustapha Saâdi, BRTV s'est battue pour s'imposer dans la région berbérophone du pays. C'est-à-dire la Grande et Petite Kabylie. Lancée en janvier 2000, BRTV présentait un programme limité de quatre heures (de 18h à 22h ), avec au sommaire des tables rondes et des chansons. Mais malgré la pauvreté de son programme et la ligne éditoriale un peu décalée de la réalité algérienne, la chaîne avait remporté un énorme succès en Algérie et plus particulièrement en Kabylie. La chaîne a joué un rôle important dans la crise du Printemps berbère où elle s'est très vite mise du côté du MAK de Ferhat Mehenni. Cette chaîne est piratée pour permettre aux milliers de citoyens de suivre le programme en tamazight de BRTV. Un piratage qui a failli coûter la faillite de la chaîne, qui a dû organiser un téléthon pour combler les énormes pertes financières. Ne disposant d'aucun budget conséquent ni de publicité, BRTV ne vit que de la vente des cartes d'acquisition de la chaîne. C'est sans doute la grande erreur du P-DG de la chaîne, M.Saâdi, qui a négligé le piratage des cartes et la diffusion collective des programmes. Aujourd'hui, presque la moitié des 25.000 villages de la Kabylie est envahie par le programme de BRTV et ce, grâce, parfois, à une dizaine seulement de démos numériques «Viacsess» reliés à une antenne sur les hauteurs de la ville des Genêts. Comme son compère de la BRTV, qui était d'ailleurs une radio locale berbère à Paris, le directeur de Beur FM, Nacer Kettane, a été, durant des années, hanté par le même rêve: être le premier à lancer une chaîne algérienne privée. Un rêve qui deviendra en partie réalité en octobre prochain, puisque M.Kettane ne sera pas le premier à lancer une chaîne algérienne privée, devancé dans cette entreprise par Abdelmoumen Khelifa et sa chaîne Khalifa TV. Nacer Kettane s'est vite déplacé à Alger pour annoncer le lancement de sa chaîne en octobre prochain et démentir les allégations selon lesquelles, il n'avait pas obtenu le financement nécessaire. Fort du succès conséquent de sa radio, Nacer Kettane n'a pas eu de mal à convaincre les éventuels financiers de la chaîne, en majorité des banques françaises. BeurTV vise la communauté maghrébine vivant en France et ailleurs. Elle pourrait éventuellement concurrencer Canal Algérie qui, d'après un sondage de la fondation Abassa, est la chaîne maghrébine la plus regardée en France. Pour sa part, le lancement de KhalifaTV, qui commencera à émettre ses programmes à partir d'aujourd'hui, se présente, d'après un édito diffusé sur le site de la chaîne, comme un complément au paysage audiovisuel algérien. Khalifa TV s'adresse aux 15 / 35 ans et se veut comme «un cadeau de l'Algérie à la jeunesse du monde entier». C'est d'abord, une chaîne jeune et musicale, inscrite entre modernité et tradition, qui fera la promotion de la musique et la culture algériennes tout en s'ouvrant sur les influences venues d'ailleurs. Contrairement à BRTV et à BeurTV qui n'envisagent pas de collaborer avec la Télévision algérienne pour enrichir leurs programmes, KhalifaTV, qui garde de bon rapport avec le pouvoir en place, envisage de faire appel à des capacités algériennes et à des produits nationaux pour alimenter en continu les programmes de la chaîne. En attendant de connaître le succès de cette chaîne en Algérie et en France, le monde de l'audiovisuel algérien, à l'instar des autres pays européens et maghrébins, connaît désormais son envol.