«Il faudrait mettre en place des équipes de professionnels, tant pour les journalistes et animateurs que pour les équipes techniques», précise l'animateur. Mohand Amalloul a été le premier animateur de la chaîne de télévision Brtv. C'était en décembre 1999. Cet éternel jeune, plein de fougue et de volonté, avait bénéficié d'une expérience précieuse dans le domaine de l'animation acquise à Radio Plurielles de Lyon. Dans cette dernière, Mohand Amalloul anime l'émission «Patrimoine et tradition» depuis 20 ans. Un record puisque même dans la Chaîne II de la Radio nationale, connue pour son professionnalisme et sa rigueur, aucun animateur n'a pu tenir aussi longtemps. La volonté de Mohand Amalloul a payé, puisqu'une dizaine d'années après le lancement de sa première émission de radio, la chaîne de télévision berbère était née. Cela lui a permis de mettre à profit ses dix ans d'entraînement hebdomadaire. L'idée de lancer une émission à Radio Plurielles est venue un jour qu'il écoutait une émission sur la même chaîne. Il avait constaté que la part du lion avait été consacrée à la chanson. Or, pensait-il, beaucoup de choses pouvaient se faire en la matière: des interviews, des débats, etc. C'est ainsi qu'il avait pris son courage à deux mains et s'est rendu au siège de Radio Plurielles de Lyon où Patrice Berger, directeur de la chaîne le reçut avec amabilité. La proposition est retenue. Un concept d'émission est arrêté. L'émission d'une heure au départ passait tous les vendredis. Le succès est rapidement acquis. La communauté kabyle de Lyon est vite emballée par cette émission. Des invités de marque sont passés par là à l'image du regretté réalisateur de l'un des premiers films kabyles, Azeddine Meddour, l'universitaire Hacène Hirèche ainsi qu'une pléiade de chanteurs de renommée. Comme à l'époque, Mohand Amalloul n'avait pas reçu de formation dans le domaine, un stage s'imposait. Il arrête l'émission pendant trois ans et se lance dans une école de formation. Il est pris en charge financièrement par Radio Plurielles. Le retour sur l'antenne se fait plus fort puisque le volume horaire de son émission passe de une à quatre heures. L'émission est diffusée désormais tous les vendredis de 22h à 2h. «Je travaille avec des chroniqueurs. Ces derniers font des revues littéraires, des portraits de personnalités ainsi que des interviews», précise notre interlocuteur, rencontré à Tizi Ouzou. Après 20 ans de diffusion, Amalloul est satisfait car, dit-il, non sans fierté, en deux décennies, «nous avons grandi. Les Kabyles viennent en famille à notre émission. Ils s'identifient beaucoup à nos programmes. Notre émission est devenue un vrai repère identitaire culturel et politique. C'est une sorte de trait d'union». Le passage à Brtv s'est fait facilement. Mais avec le temps, le devoir de se montrer plus exigeant est, de plus en plus, pressant. Mohand Amalloul estime qu'ouvrir une antenne de la Brtv en Algérie est une obligation car les premiers concernés par cette chaîne sont les Algériens d'ici. Mais pour ce faire, il faudrait mettre en place des équipes de professionnels que ce soit pour les journalistes et animateurs mais aussi pour les équipes techniques. C'est la seule manière d'éviter les erreurs du passé et d' aller vers une étape de professionnalisation. Mohand Amalloul est d'autant plus optimiste qu'il juge qu'il y a beaucoup de matière à traiter en Kabylie. Les sujets abondent mais ce qui manque c'est de pouvoir bien les traiter.