Après quatre semaines de haute compétition, le tournoi a rendu son verdict. Ils étaient 32 à prendre le départ et un seul a été primé, et ce n'est pas le Brésil en dépit de sa penta, mais le grand vainqueur n'est autre que le Football. Comme tous les quatre ans la Footmania a accaparé les esprits. Tous les esprits. Car un Mondial c'est plus qu'une compétition sportive. C'est le spectacle dans les stades, mais aussi dans les rues et les maisons. C'est le spectacle! C'est l'événement planétaire le plus médiatisé après les Jeux Olympiques. D'autant que le premier Mondial de ce millénaire a chamboulé toutes les donnes et a été plein de surprises. Lentement mais sûrement, le Brésil a confirmé qu'il reste la meilleure équipe du monde d'une discipline que l'Angleterre a créée. La Seleçao demeure cette grande équipe qui sait se transcender dans les grands événements. Après avoir remporté le trophée en Europe ( Suède) en 1958, en Amérique du Sud (Chili) en 1962 puis en Amérique centrale (Mexique) et en Amérique du Nord (USA), voilà que la Seleçao s'exile en Asie pour décrocher sa cinquième étoile, en attendant l'organisation du Mondial en Afrique et le Brésil aura fait le tour des continents et la boucle sera bouclée. Du jamais-vu! En outre Elfenomeno, Ronaldo a battu le record de six buts dans un tel tournoi détenu par Mario Kempes depuis 1978 en inscrivant huit buts dans un même tournoi. Au-delà de cette victoire, ce Mondial restera celui des grandes surprises. La Corée du Sud et la Turquie demi-finalistes, le Sénégal et les Etats-Unis en quarts de finale, la France et l'Argentine sorties au premier tour: qui aurait pu pronostiquer tout cela avant le début de la compétition? La présence en quarts de finale de représentants de cinq des six Confédérations restera sans doute un des faits les plus marquants de cette Coupe du monde où, pour la première fois, la hiérarchie traditionnelle a vacillé sur ses bases. Le bon parcours réalisé par la Corée du Sud pour l'Asie, les Etats-Unis pour la Concacaf, le Sénégal pour l'Afrique et surtout la Turquie pour l'Europe, sans oublier la présence du Japon et du Mexique en huitièmes de finale, illustrent cette mondialisation du sport le plus populaire de la planète et la remise en cause des valeurs sûres de l'élite mondiale, même si l'on savait déjà qu'il n'y avait plus de petites équipes. Bien sûr, l'Europe et l'Amérique du Sud trustent le titre. Mais, pour la première fois dans l'histoire du Mondial, les représentants des autres Confédérations ont montré qu'elles n'étaient plus très loin d'avoir les capacités nécessaires pour bouleverser cette hiérarchie. L'Asie a su exploiter le fait de jouer pour la première fois à domicile. Les performances du Japon (8e finale) et surtout de la Corée du Sud qui a décroché la quatrième place, sont dans la ligne des résultats obtenus par les pays organisateurs. L'Afrique, quant à elle, qui doit organiser le Mondial-2010, n'arrive pas à franchir un nouveau palier même si le Sénégal, vice-champion du continent, a égalé la meilleure performance du Cameroun en 1990 (quart de finale) en développant un football inspiré. Alors que les autres ont déçu en ne dépassant guère le premier tour. Le Cameroun et l'Afrique du Sud terminent, certes, avec un bilan honorable (1 victoire, 1 nul et 1 défaite) mais le Nigeria, dernier du groupe dit le plus difficile (1 nul et 2 défaites), a loupé son Mondial. L'autre surprise vient de la Concacaf dont les trois représentants ont étonné les observateurs. Pour la première fois cette Confédération a eu deux représentants au stade des huitièmes de finale, les Etats-Unis et le Mexique se sont opposés pour une place en quarts. Les Etats-Unis ont confirmé qu'ils avaient tout le potentiel pour devenir un grand du football mondial, à l'image de leur équipe féminine. Le Mexique a, de son côté, réussi le match presque parfait contre l'Italie (1-1) en pratiquant un football spectaculaire qui aurait mérité un meilleur sort. Enfin, le Costa Rica a été victime d'une certaine naïveté en jouant paradoxalement trop le jeu face au Brésil (2-5) ce qui lui a coûté sa place en 8e au bénéfice de la Turquie. Le football sud-américain, en revanche, a moins bien digéré ce déplacement asiatique avec seulement deux représentants (Brésil et Paraguay) en huitièmes contre quatre en 1998, en France. Mais, surtout, la déception est venue des Argentins sortis sans gloire dès le premier tour alors qu'ils faisaient partie des grands favoris. Pas de quoi remonter le moral d'une Confédération qui ne sera pas en mesure d'organiser «son» Mondial avant...2014. Mais l'Europe a, elle aussi, souffert loin de ses bases avec notamment l'élimination, dès le premier tour, du champion du monde, du Portugal et de la Pologne. En dépit de cette poussée du «tiers-monde» du football, les deux Confédérations phares ont réussi à reculer l'échéance en qualifiant chacune, dans un sursaut d'orgueil, leur représentant le plus titré pour la finale. Une finale qui est revenue en fin de compte au Brésil qui redonne l'avantage aux Amériques avec neuf trophées pour huit à l'Europe. Mais l'Allemagne, qui s'incline pour la quatrième fois en finale (1966, 1982, 1986, 2002), a pris rendez-vous pour le prochain Mondial, qui se déroulera chez elle en 2006.